L’ours n’est pas une espèce agressive par essence et encore moins une espèce prédatrice de l’homme. Il peut toutefois devenir menaçant lors de circonstances particulières : une ourse défendant ses oursons, un ours acculé etc. Mais c’est le cas de très nombreuses autres espèces, qu’elles soient domestiques ou sauvages (chiens, taureaux, cerfs, sangliers…).
Mercredi dernier, à Moroieni, dans le département de Dambovita au sud de la Roumanie, au nord-ouest de Bucarest, un ours a tué un homme d’une soixantaine d’années. La police a auditionné et arrêté deux hommes qui ont avoué être des braconniers et les complices de l’homme tué par l’ours. Le braconnage est puni beaucoup plus sévèrement en Roumanie qu’en France et les deux hommes resteront en prison pendant encore au moins quelques semaines.
Le dimanche précédent, l’ours en question était tombé dans le piège des braconniers. Pendant 3 jours, les hommes se sont rendus sur les lieux et ont torturé l’animal avec une lance. Le mercredi, pensant que l’ours était mort, ils se sont approchés, ont libéré l’ours du piège mais l’animal s’est relevé dans un dernier sursaut et a tué l’un d’entre eux avant de prendre la fuite dans la forêt. L’homme tué par l’ours a payé de sa vie parce qu’il voulait tuer l’animal, a indiqué la police. Avant l’affaire, les 3 hommes ont capturé et tué plusieurs ours illégalement.
Les autorités ont aussitôt essayé de retrouver l’ours blessé. De « braves » chasseurs ont proposé leurs services pour traquer et tuer l’animal, notamment l’ancien joueur de tennis Ion Tiriac qui a monté sa société de tourisme de chasse réservée aux riches chasseurs d’Europe de l’Ouest et d’Amérique du Nord… Plusieurs associations de protection de la nature ont par contre plaidé en faveur de l’ours ; ainsi notre contact Cristina Lapis qui a créé un sanctuaire pour ours blessés et maltraités en Roumanie, près de Zarnesti, et qui a proposé au ministère de l’environnement de placer l’ours dans son refuge.
Cette histoire tragique prouve par ailleurs une fois de plus l’ampleur du braconnage en Roumanie. La population d’ours en Roumanie est estimée à 6000 individus, peut-être plus. Si la loi roumaine limite la chasse à l’ours à un peu moins de 350 animaux par an, le braconnage semble être quant à lui florissant. Sur la marché noir, une peau d’ours peut se vendre jusqu’à 20 000 euros. Beaucoup d’annonces circulent sur internet. La viande termine dans des restaurants du pays ou même à l’étranger. Il y a quelques mois, la police a arrêté trois braconniers qui voulaient vendre un ourson à un restaurant… La patte d’ours est une friandise appréciée : en Roumanie, un plateau pour 4 personnes est d’environ 50 euros ; comptez 100 euros à l’étranger. Des parties de chasse illégales seraient également organisées.
Le week-end dernier, un autre ours de la même région a tué une personne et blessé plusieurs autres avant d’être abattu. L’autopsie a révélé que l’ours était atteint de la rage.
Photo : un ours en Roumanie © David Grete
Sources :
– Cristina Lapis (comm. pers). Le site web du sanctuaire ours en Roumanie : http://www.ampbears.ro/
– Romania police track bear after latest deadly attack (Reuters)
– Doi barbati acuzati de braconaj au fost arestati in cazul ursului de la Moroieni
– Cautarile ursului care a ucis un om, reluate. Complicii victimei au recunoscut ca faceau braconaj