Après l’Idaho et le Montana dans la région des montagnes Rocheuses, c’est au tour du Wisconsin, du Minnesota et du Michigan, trois états de la région ouest des Grands Lacs, de vouloir retirer le loup gris de la liste fédérale des espèces menacées. Le Service des Etats-Unis pour la Pêche, la Faune et la Flore (U.S. Fish and Wildlife Service) estime que leur nombre a suffisamment augmenté et propose donc de ne plus considérer l’espèce comme étant en danger : environ 690 loups sont présents dans le Wisconsin, 3000 dans le Minnesota et 550 dans le nord du Michigan. Tout le monde s’accorde sur le fait que cette décision n’est pas prise dans le but de faire baisser la population de loups : ils ne sont pas en surnombre. L’argument avancé est celui de dire qu’il faut permettre aux agriculteurs de défendre leurs biens et leur bétail en cas d’attaque sans pour autant devenir des des hors-la-loi. Toutefois, certains membres du conseil ont malicieusement fait remarquer que la levée de la protection n’allait pas seulement permettre aux fermiers de protéger leurs animaux, mais aussi et surtout aux chasseurs de reprendre en toute légalité la chasse aux loups afin d’en ramener quelques « trophées »…
Dans le Wisconsin, le but du gouvernement était que la population de loups atteigne 350 individus en 1999. Aujourd’hui, elle est estimée à 690 : cela prouve que si elle a réussi à autant augmenter dans un si bref délai (multipliée par deux en 10 ans), il y a suffisamment de place sur ce territoire pour qu’elle puisse encore s’y épanouir, fit remarque, à juste titre, un membre du conseil.
Autre argument en défaveur de cette proposition soulevé par certains membres du conseil : les populations de loups ne sont pas encore assez stables, sinon pourquoi resteraient-elles protégées dans les autres états? Le Centre pour la Diversité Biologique (Center for Biological Diversity) a fait entendre son désaccord concernant cette proposition, arguant que tous les efforts entrepris jusqu’ici pour restaurer ces populations de loups qui étaient encore menacées d’extinction il y a peu, seront réduits à néant si cette loi est votée : si la chasse devient légale, le nombre de loups baissera aussi vite qu’il a augmenté, mettant alors sérieusement en péril l’espèce.
Collette A. Giese, une biologiste et avocate du Centre pour la Biodiversité Biologique, a aussi soulevé le problème des maladies auxquelles les meutes de loups sont confrontées et estime que « tant que nous n’aurons pas régler les menaces qui pèsent actuellement sur ces animaux, à savoir la maladie et le braconnage, il est prématuré de lever des protections fédérale« . Le plan loup du Wisconsin viserait à réduire à 350 leur population, ce qui, selon Rebecca Schroeder, la directrice du Département de Conservation des Ressources Naturelles, n’est pas un nombre suffisant pour assurer la pérennité de l’espèce. Du côté du Minnesota, on propose d’offrir aux agents une prime pour chaque loup tué…
Autre argument des défenseurs des loups, le fait que deux espèces cohabitent dans cette région des Grands Lacs : le loup gris et le loup de l’est (Canis lycaon). Leur métissage a conduit à la création d’une troisième espèce hybride. Pour que la récupération de ces trois espèces soit un succès, les protections fédérales doivent à tout prix rester en place.
Cette proposition devrait faire l’objet d’une consultation auprès du public, mais aussi auprès d’autres organismes gouvernementaux et des populations amérindiennes.
Sources :
– « Great Lakes Wolves Could Be Next to Lose Protected Status », news.change.org (25/04/11)
– « Protection Of Wolves In Wisconsin To End », spectatornews.com (21/04/11)
– « Federal Delisting Of Wolves Proposed », wnmtradio.com (18/04/11)