Le 29 novembre, un septième loup rouge a été abattu au sud de Colombia, dans le comté de Tyrrell (Caroline du Nord, USA). Au moins 4 loups ont été tués depuis que la Commission des Ressources Naturels a autorisé la chasse nocturne avec source lumineuse sur le coyote en août dernier.
La découverte de ce cadavre intervient quelques jours après que des associations de protection de la nature aient gagné une ordonnance juridique suspendant temporairement cette chasse nocturne au coyote dans les 5 comtés de la Caroline du Nord où vit le loup rouge. Les associations avaient argué que les loups pouvaient être tirés par erreur. En effet, le loup rouge est une espèce protégée mais il est difficile de le distinguer du coyote, même durant la journée.
Autrefois présent dans tout le sud-est des Etats-Unis, le loup rouge est déclaré éteint à l’état sauvage en 1980. Il y a 25 ans commence alors un programme de réintroduction. Les premiers animaux sont relâchés dans la zone de l’Alligator River National Wildlife Refuge. Aujourd’hui, 100 à 120 animaux vivent en liberté et exclusivement dans 5 comtés du nord-est de la Caroline du Nord.
Le coyote vit quant à lui dans chacun des 100 comtés de l’Etat. Une étude est en cours pour déterminer la population de coyote, qui semble en augmentation. Le coyote peut être tiré chaque jour de l’année sur les terres privées du moment que le propriétaire donne son accord. Le dimanche, seule la chasse à l’arc est permise. L’année dernière, 36 000 coyotes ont été tués par 32 388 chasseurs enregistrés. Dans le cadre d’un sondage, 12 % des chasseurs ont déclaré avoir tué un coyote opportunément alors qu’ils chassaient d’autres animaux.
Programme de reproduction en captivité
C’est la chasse, couplée à la destruction de l’habitat naturel, qui a conduit à l’extermination du loup rouge dans les années 1960. Une petite population survivante fut découverte le long de la Gulf Coast et 14 animaux furent capturés pour débuter un programme de reproduction en captivité. En septembre 1987, 4 couples sont relâchés dans l’Alligator River refuge ; en 1992, il y avait au moins 30 individus dans la nature. Selon le dernier rapport du programme de restauration, il y a actuellement 71 loups connus (la plupart équipés de colliers émetteurs). En 2012, 9 reproductions ont été enregistrées, soit 40 louveteaux, et 2 louveteaux nés en captivité ont été placés avec une mère adoptive sauvage. L’un des encouragements les plus importants est la reproduction en milieu naturel chez des loups nés en captivité qui avaient été placés avec une mère adoptive. Le pourcentage de cette technique est très élevé : 90 % des louveteaux placés en adoption survivent. « Le vrai succès n’est pas seulement de survivre, mais de devenir un adulte reproducteur » indique David Rabon, coordinateur du programme de restauration du loup rouge. Toutefois, David Rabon concède que la population stagne depuis quelques années et que le but de parvenir à 220 loups dans la nature n’est pas atteint ; le programme est en cours de réévaluation.
Un des problèmes majeurs pour le loup rouge est l’hybridation avec son cousin, le très prolifique coyote. Pour l’éviter, les biologistes ont mis au point une technique combinant intervention humaine et réponse territoriale naturelle. Elle consiste à capturer un coyote, à le stériliser puis à le relâcher au même endroit. Instinctivement, le coyote stérile défend son territoire et empêche les autres coyotes (fertiles) d’y entrer. 45 coyotes stériles sont actuellement suivis.
Les causes de mortalité non naturelles sont à prendre en compte également. Depuis le 1er janvier, 16 loups sont morts : 2 sur la route, 2 lors d’une capture, 5 de causes inconnues et 7 par tir illégal.
Par ailleurs, 200 loups captifs participent au programme de réintroduction, dans une trentaine de structures.
Espèce ou sous-espèce ?
La taxonomie du loup rouge est toujours débattue. Pour certains, c’est une espèce à part entière (Canis rufus), pour d’autres un hybride loup gris (Canis lupus) / coyote (Canis latrans), pour d’autres encore une sous-espèce du loup gris (Canis lupus rufus). Le service fédéral américain de la pêche et de la faune sauvage considère toujours qu’il s’agit d’une espèce à part entière.
Sources : AP, Coastal Review Online, WCTI12.