Selon un projet de réintroduction, soutenu par des fonctionnaires de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature), deux couples de lynx d’Europe du Nord pourraient bientôt être réintroduits dans une zone forestière reculée de la côte ouest de l’Ecosse. Un nouvel organisme de bienfaisance, le Lynx UK Trust, a été mis en place par des biologistes pour superviser le projet qui doit maintenant obtenir une autorisation du Scottish Natural Heritage, qui réglemente la réintroduction des espèces en Ecosse.
La réintroduction initiale pourrait servir d’essai pour réintroduire le lynx dans d’autres secteurs, notamment au pays de Galles et au nord de l’Angleterre.
Dr Paul O’Donoghue, un expert du lynx qui conduit le projet, insiste sur le fait que le félin pourrait apporter plus d’avantages que d’inconvénients dans les zones où il serait réintroduit. Il indique : « Nous avons examiné la possibilité de réintroduire le lynx pendant un moment et c’est maintenant le bon moment (…) Ce sera le projet de conservation le plus excitant et le plus ambitieux jamais réalisé au Royaume-Uni. Nous avons identifié plusieurs domaines et nous sommes à un stade avancé de discussion avec les propriétaires fonciers. » Et d’ajouter : « Les lynx se nourrissent principalement de cerfs ; dans de nombreuses zones du pays, le nombre de cerfs est hors de contrôle et freine la régénération de la forêt ».
Le lynx était autrefois commun au Royaume-Uni et on pensait qu’il en avait disparu il y a environ 4000 ans. Mais une datation récente au carbone de restes d’un lynx a révélé que l’individu était mort il y a seulement 750 ans. Un autre spécimen du muséum national d’Ecosse est daté de 1700 ans.
Des études génétiques ont également montré que les lynx du nord et de l’est de l’Europe sont les plus proches de ceux qui vivaient autrefois au Royaume-Uni.
Ces dernières années, il y a eu plusieurs projets de réintroduction du lynx mais aucun n’est allé aussi loin. Par exemple, le millionnaire Paul Lister, héritier de la chaîne MFI, qui avait annoncé qu’il voulait réintroduire des lynx, des loups et des ours sur ses terres. Le parc national de Cairngorm avait aussi étudié la possibilité de réintroduire l’espèce.
Avec ce nouveau projet, le Lynx UK Trust espère réintroduire deux couples de lynx reproducteurs. Les animaux seraient équipés de colliers-émetteurs GPS afin de suivre leurs déplacements. Les colliers contiendraient aussi une dose de sédatif qui serait injectée à l’animal si celui-ci s’approchait de zones où il pourrait poser un problème aux troupeaux ou s’il s’aventurait dans un secteur au trafic routier important qui menacerait sa survie. « S’ils vont dans des secteurs où nous ne voulons pas qu’ils aillent, nous pourront les endormir immédiatement » explique le Dr O’Donoghue. « Il est possible de mettre en place des clôtures virtuelles définies par GPS afin que nous puissions faire en sorte que les animaux restent dans une zone définie ».
Si ce projet de réintroduction est un succès, l’équipe espère que le lynx pourra être réintroduit dans d’autres régions anglaises. Selon des études récentes, 250 lynx pourraient vivre en Ecosse et 250 autres dans le nord du Royaume-Uni.
Cependant, certains craignent que cette réintroduction ait un impact négatif sur les troupeaux ovins et la faune sauvage. Pour d’autres, il faudrait plutôt renforcer les populations de chats sauvages, mal en point, plutôt que réintroduire un nouveau prédateur.
Source : « Wild lynx to be brought back to British countryside« , The Telegraph (26/05/13)
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