Cette étude publiée le 9 janvier dans la revue scientifique Science démontre que les grands carnivores ont des effets positifs sur le bon équilibre des écosystèmes. Paradoxal quand on sait que plus de 75% des 31 espèces de grands carnivores voient leur population se réduire et 17 d’entre elles sont désormais cantonnées à moins de la moitié du territoire qu’elles occupaient initialement.
Alors qu’ils sont de plus en plus menacés, une étude vient de mettre en évidence le caractère essentiel que jouent les grands prédateurs sur l’équilibre de nos écosystèmes. Cette étude, très complète, a été menée sous la direction de William Ripple (professeur au département des écosystèmes forestiers de l’Université de l’État d’Oregon) par une équipe internationale de chercheurs (américains, australiens, italiens et suédois).
Pour cette étude, les chercheurs se sont concentrés sur 7 espèces : le lion africain, le lynx européen, le léopard, le loup gris, le puma, la loutre de mer et le dingo en Australie.
Les résultats ont montré les effets en cascade qui résultent de la disparition des carnivores de leurs biotopes naturels : il s’agit principalement de problèmes liés à l’augmentation de leurs proies, comme les herbivores ou des prédateurs secondaires (mésoprédateurs). L’étude démontre aussi l’influence de la disparition des grands prédateurs sur l’abondance et la diversité des mammifères, des oiseaux, des amphibiens, des reptiles et des invertébrés. Il en découle aussi des conséquences désastreuses sur la propagation de maladies, le stockage du dioxyde de carbone, les cours d’eau et les récoltes.
«La nature est interdépendante. Cette étude révèle comment une espèce affecte d’autres espèces de différentes manières et l’ensemble de l’écosystème», souligne M. Ripple.
A Yellowstone, la baisse du nombre de loups et de pumas a entraîné une hausse des populations de cervidés, qui se nourrissent de feuilles et de jeunes pousses d’arbres. Cela perturbe la croissance des arbres et végétaux et affecte les oiseaux ainsi que les petits mammifères. On sait aussi que limiter la surpopulation d’herbivores permet à la flore forestière de se développer davantage et de stocker plus de dioxyde de carbone, le principal gaz à effet de serre, ce qui permet de lutter davantage contre le réchauffement climatique. Concernant le lynx en Europe, sa disparition a entraîné une surpopulation de chevreuils et de lièvres.
«La conception classique selon laquelle ces prédateurs sont responsables de la diminution de ressources comme les poissons, la faune sauvage et le bétail domestique – ce qui sert à justifier leur limitation ou leur éradication – est dépassée». Ces espèces, poursuit William Ripple, sont «nécessaires au maintien de la biodiversité et au fonctionnement des écosystèmes» et, de ce fait, «rendent des services économiques et écologiques».
L’étude cite le Large Carnivore Initiative for Europe comme un modèle d’approche car les scientifiques affiliés à l’UICN qui le constituent œuvrent pour la réintégration, dans les paysages européens, du loup, de l’ours brun et du lynx, mais aussi du glouton (en Scandinavie) et du chacal doré (en Grèce et dans les Balkans).
Lire aussi : La disparition des grands carnivores menace l’écosystème de la planète (La Presse.ca) + Le déclin des grands carnivores bouleverse les écosystèmes (Le Monde, abonnés)
Une vidéo qui illustre parfaitement les résultats de cette étude :
2 commentaires sur “L’importance écologique des grands prédateurs sur nos écosystèmes”
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