Cap Loup, lettre ouverte du 14 octobre 2014.
A l’attention de Laurent Joffrin, Directeur de la rédaction de Libération
Monsieur,
Votre journal a publié le 12 octobre denier une tribune écrite par un groupe de scientifiques, prédisant rien de moins que la disparition de l’élevage pastoral, la perte des paysages ruraux et la chute de la biodiversité en France à cause… de 300 loups. Problème : il n’y avait aucun biologiste parmi ces scientifiques ! Seulement des employés d’organismes agronomiques, et des auteurs de sciences humaines certainement aguerris dans leur domaine, mais qui n’ont pas les compétences pour l’analyse de ce dossier. En réponse à cette tribune délirante, nos associations tiennent à rétablir quelques faits.
Le loup n’a jamais fait disparaître le pastoralisme
L’Italie et l’Espagne, qui comptent chacune environ 2000 loups et n’ont jamais éradiqué l’espèce, se sont adaptées à sa présence et s’en sortent bien grâce à un gardiennage approprié, donc efficace des troupeaux. En France aussi, nombre d’éleveurs qui travaillent en zone de présence de loup depuis son retour il y a vingt ans ont appris à s’adapter. Mais d’autres s’obstinent à refuser sa présence, en refusant aussi de changer leur façon de travailler.
Non, les éleveurs en France n’ont pas suffisamment adapté leurs pratiques
Le nombre de chiens de protection et de clôtures annoncés par la corporation de l’élevage ne traduit pas la réalité de terrain : les chiens sont souvent mal choisis, mal gérés, les éleveurs sont mal accompagnés, et la bonne mise en place des mesures de gardiennage n’est pas vérifiée.
Non, le pastoralisme extensif n’est pas toujours synonyme de biodiversité
En montagne, les troupeaux mal gardés sont souvent une calamité pour la biodiversité : pelouses naturelles dégradées, effondrement de la diversité floristique par surpâturage… Les éleveurs qui se veulent garants de la biodiversité par le pastoralisme ont tout intérêt à protéger le loup, par un gardiennage approprié des troupeaux qui permet aussi la protection des milieux « ouverts ».
Ne nous trompons pas d’ennemi
L’urbanisation qui s’accélère a déjà causé la perte en France de 7 millions d’hectares de terres agricoles en 50 ans, dont 900 000 hectares de prairies entre 1992 et 2003. Si le loup disparait de notre pays, les difficultés des éleveurs subsisteront tout autant, malgré les aides des subventions publiques.
Protéger l’agneau sans sacrifier le loup
La protection de l’élevage n’est pas antagoniste avec la protection de la nature, elle n’a pas besoin de se faire à ses dépends. La grande majorité des français veut que le loup soit protégé. Les éleveurs ont donc tout intérêt à s’adapter aux attentes de la société. Nos associations renvoient vers une tribune signée en juillet dernier par 72 personnalités, parmi lesquelles d’éminents scientifiques spécialistes en biologie qui réclament une réelle politique de protection de la nature en France, y compris une réelle protection du loup.
Quelques documents :
- La tribune signée par 72 personnalités, à découvrir sur le site de l’ASPAS : http://www.aspas-nature.org/9939/56-personnalites-se-mobilisent-pour-demander%E2%80%A8-une-vraie-protection-de-la-nature/
- Une réflexion documentée sur le pastoralisme et la biodiversité, à télécharger sur le site de FERUS : https://www.ferus.fr/wp-content/uploads/2007/07/pastoralisme-biodiversite-gazette-grands-predateurs-23.pdf
- Un livret « Loup : pour en finir avec les contre-vérités sur le pastoralisme et sur la chasse », à télécharger sur le site de CAP Loup : http://www.cap-loup.fr/divers/les-contre-verites-sur-le-loup/
Les associations de CAP Loup
1 commentaire sur “CAP Loup réagit à un article anti-loup paru dans Libération”
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