Rappel des faits : dans la nuit du 13 au 14 avril, un petit troupeau domestique était attaqué dans un village de la vallée de la Vésubie. Onze brebis ont été tuées. C’est malheureux mais pas vraiment étonnant pour un troupeau laissé toute la nuit sans surveillance et sans protection et ce en pleine zone à loups connue depuis 20 ans : le risque encouru était grand. Un élevage voisin de quelques mètres a d’ailleurs été « épargné » : le berger rentre ses bêtes tous les soirs à la bergerie (CQFD).
Las, le rouleau compresseur médiatico-politique se mis en branle à une vitesse folle :
Acte I : Les articles à sensation dans la presse affluent, les JT du 20h consacrent un reportage à l’affaire. Nice Matin, dans toute sa malhonnêteté intellectuelle, ira même jusqu’à agiter le spectre de la peur du loup en indiquant que « cette nuit, seule une clôture séparait une propriété dans laquelle vit une famille avec des enfants du champ où le loup est passé à l’action » (source). Par ailleurs, aucun article ne mentionna l’absence de protection du troupeau ;
Acte II : le maire de Roquebillère, village où a eu lieu l’attaque, y va lui aussi de sa déclaration en affirmant que « bientôt on ne pourra plus laisser sortir nos enfants tous seuls » (source);
Acte III : L’éleveur fait le tour des médias pour clamer sa colère et son désespoir et finira même par déposer des cadavres de brebis sur des ronds-points de Nice (illégal, mais il faut bien maintenir la pression médiatique avec de nouvelles images chocs) ;
Acte IV : Christian Estrosi entre en scène avec sa tête de circonstance et exige des abattages de loups, évoquant la détresse des éleveurs, qu’il soutient corps et âme (les éleveurs votent, pas les loups). Il obtient illico un rendez-vous avec la ministre.
Acte V : Les tirs de prélèvements sont autorisés par le préfet à compter du 1 er mai (source). Le nombre de loups pouvant être « abattus » n’est même pas précisé (les 2 arrêtés –> ICI)…
Et voilà l’travail ! Clap clap clap ! Bravo pour cette comédie, qui se rejoue inexorablement tous les ans dans nos départements alpins.
Plus sérieusement, pourquoi cette affaire a-t-elle pris autant d’ampleur quand d’autres passent totalement inaperçues? Mystère…
En effet, parallèlement, d’autres attaques, de chiens parfois, ne font pas autant de bruissement médiatique et ne suscitent guère l’intérêt des autorités :
- Attaque de brebis sur le Larzac : l’oeuvre de chiens errants ? (3 mai 2015)
- Gan : deux attaques en quatre mois et huit brebis tuées (28 avril 2015)
- Yonne : une vingtaine de brebis attaquées par des chiens (28 avril 2015)
Dans ces circonstances, Ferus a refusé l’invitation à participer au prochain comité département loup des Alpes-Maritimes :
Face à la politique de l’Etat qui privilégie l’abattage des loups au détriment de la protection des troupeaux, largement relayée par Monsieur le préfet des Alpes Maritimes sous la pression de certains éleveurs et élus locaux puissants et violemment anti loups, notre association ne voit pas l’intérêt de participer à un comité départemental loup dont le seul souci sera de savoir où et comment mieux tuer des loups.
A notre grand regret, nous ne participerons plus à ces réunions tant que les conditions d’un dialogue serein et responsable ne seront pas réunies.
Je vous prie de croire à mes sincères et cordiales salutations.
Lire aussi : Lettre ouverte adressée à M. Estrosi suite à ses propos sur le retour du loup en France (avril 2014)
3 commentaires sur “Tirs de prélèvement dans les Alpes-Maritimes : la mascarade continue”
[…] – Tirs de prélèvement dans les Alpes-Maritimes : la mascarade continue (mai 2015) […]
[…] Rappel des faits : dans la nuit du 13 au 14 avril, un petit troupeau domestique était attaqué dans un village de la vallée de la Vésubie. Onze brebis ont été tuées. C’est malheureux mais pas vraiment étonnant pour un troupeau laissé toute la nuit sans surveillance et sans protection et ce en pleine zone à loups connue depuis 20 ans : le risque encouru était grand. Un élevage voisin de quelques mètres a d’ailleurs été « épargné » : le berger rentre ses bêtes tous les soirs à la bergerie (CQFD). […]
[…] […]