Texte rédigé le dimanche 6 décembre 2015.
Le loup de trop…
A l’heure où chaque citoyen finit de mettre son bulletin dans l’urne des élections régionales au premier tour, il est important de rappeler que pas une des listes présentes dans l’isoloir n’a donné de gage au monde associatif dans la lutte contre l’érosion de nos grands prédateurs. Le lynx a disparu des forêts des Vosges, l’Ours végète ou encaisse un inexorable déclin dans certains secteurs des Pyrénées, et le loup depuis les plans de gestion successifs subit une « campagne » de régulation de plus en plus forte. Tous les compteurs sont au rouge et ce week-end encore en Savoie, dans cette vallée en cul de sac au pied du Mont Thabor, coincée entre le Parc national de la Vanoise et celui des Écrins, la pression de tir est à son comble. Le préfet de Savoie, Eric Jalon, sous la pression des éleveurs, a pris un arrêté de tir de prélèvement sur le département en septembre dernier(1) autorisant sur trois zones (Maurienne, Belledonne et Thabor) le tir de 6 loups dont 2 maximum dans le secteur Valmeinier – Valloire. Le préfet s’appuie normalement sur les chiffres du réseau loup – Office national de la chasse et la faune sauvage (ONCFS) – pour déterminer ce qui peut être sans incidence sur la population de loup. Pourtant sur ce secteur les chiffres de l’ONCFS(2) donne un effectif minimum retenu pour 2015 (EMR) de 3 individus et les prospections de terrain l’hiver dernier avaient confirmé la reproduction et constitution en meute sur ce secteur.(3)
Samedi un jeune loup manifestement en action de prédation sur du cervidé (rappelons qu’en cette saison plus aucune brebis n’est dans le secteur) a été tiré lors d’une chasse au grand gibier (source). Au moment où j’écris ces lignes le rendez-vous dominical des chasseurs a repris sur la même zone et pourrait donc aboutir à un deuxième tir létal sur cette même « famille ».
Le décompte macabre s’accélère au point que nous en sommes déjà à 29 prélèvements sur 36 loups prévus, et 36 loups tués en tenant compte des loups identifiés braconnés ou décédés et en cours d’analyse de confirmation des raisons de leur décès.
L’estimation du braconnage hors champ étant impossible à estimer à part à dire évidemment qu’il n’est certainement pas nul, on peut sans risque affirmer qu’en quelques mois la ministre S. Royal, ses brigades spéciales(4), et les chasseurs formés ont sapé lourdement deux décennies de progression lente dans les massifs alpins et périphériques.
(Rappelons que le loup est arrivé naturellement dans les Alpes françaises au début des années 90 et qu’en 25 ans nous n’en sommes qu’à peine à 282 loups (EMR nationale en diminution cette année)
Un autre arrêté ministériel en préparation est déjà évoqué en réunion. Lequel ? Un dernier cadeau de Ségolène Royal pour l’année à venir, une rallonge de 15 loups supplémentaires, qui ne fait que confirmer l’état d’esprit ambiant :
En France le loup est une espèce chassable qui n’attend plus que ses plans de tirs lucratifs sur les plaquettes d’agence de tourisme.
Pierre Peyret – Vice président coordinateur Loup de Ferus
- ARRETE PREFECTORAL DDT/SEEF n° 2015-1448 ordonnant la réalisation de tirs de prélèvements renforcés en vue de la protection contre la prédation du loup (Canis lupus) des troupeaux domestiques des unités pastorales de 3 zones du département de la Savoie
- Quoi de neuf n°33 – http://www.oncfs.gouv.fr/ juillet 2015.
- Id. QDN n°32.
- https://www.ferus.fr/actualite/une-brigade-de-10-emplois-jeunes-pour-aider-a-mieux-tuer-des-loups