Lundi 21 mars, dans le Val di Non (province du Trentin/nord-est de l’Italie), le cadavre d’un ours brun a été retrouvé sur le bord d’une route, très probablement empoisonné, d’après un communiqué des autorités provinciales. C’est un chauffeur de camion qui l’a trouvé et signalé aux gardes forestiers italiens.
Des ours empoisonnés
Il s’agissait d’un gros ours mâle d’environ 8 ans. Selon les premières constatations, l’ours serait mort d’empoisonnement quelques heures avant sa découverte. Les analyses en cours devront le confirmer. Ce n’est malheureusement pas la première fois que cela arrive : le 28 mars 2015, un ours était retrouvé empoisonné précisément dans la même zone. D’autres cas d’empoisonnement ont également eu lieu ces dernières années, et notamment dans le parc national des Abruzzes.
Or, tout comme c’est le cas en France ou encore en Espagne, l’ours brun est une espèce « particulièrement protégée » en Italie.
Ce nouvel acte de braconnage pourrait soulever la question, si tant est qu’elle existe, de la cohabitation entre homme et ours en Italie. En effet, si des moments de tensions ont pu être ressentis ces dernières années, notamment avec l’ourse Daniza* qui, suitée de ses deux oursons, avait blessé un homme durant l’été 2014 ou encore de l’ourse KJ2 suitée de ses 3 oursons, qui avait blessé un jogger (et son chien), il s’agit-là de cas isolés, ne correspondant pas nécessairement à la situation « d’ours à problème ». Ces femelles ont cherché à protéger leurs petits. Les sympathisants de l’ours et les internautes avaient d’ailleurs été très nombreux (plus de 40000) à se mobiliser via une pétition en ligne pour laisser l’ourse Daniza à l’état sauvage avec sa portée.
Une gestion controversées des « ours à problème »
Rappelons, qu’au cours des 150 dernières années (ancienneté des archives), il n’y a eu aucune attaque d’ours sur l’homme à déplorer en Italie. C’est donc assez curieux qu’au moment de l’expiration du financement européen du projet Life Ursus, que deux cas se produisent dans le Trentin, dans des zones concernées par la construction d’installations touristiques. C’est en tout cas le lièvre qu’a levé la sénatrice Enza Blundo au Parlement italien. La sénatrice émet en effet des gros doutes quant à ces deux cas d’agression. Selon elle, pour ces deux affaires, il manque des témoins, des enquêtes et l’opinion d’experts en la matière.
La sénatrice italienne a soumis à son Ministre une question fondamentale dans cette affaire, relative à l’ordre de capturer et/ou éliminer l’ourse KJ2 dans la province du Trentin, dans le contexte de gestion « d’ours à problème » : elle demande « la suspension, au moins à titre provisoire, du retrait par capture ou mise à mort de l’ourse KJ2, mère de trois oursons, non seulement du fait des préoccupations soulevées sur la légalité de l’ordonnance rendue par la province autonome du Trentin en juin 2015, mais surtout pour empêcher un préjudice au patrimoine immatériel de l’État que constitue la faune sauvage particulièrement protégée et menacée d’extinction. »
Elle a ainsi dénoncé le fait que la province n’avait jamais fourni toutes les données sur les ours disparus, ni justifié le pourcentage très élevé de mortalité (jusqu’à 13%) au cours des opérations de capture de ces « ours [dit] à problème ». Son intervention au parlement a permis de mettre en évidence une gestion paradoxale des ours dans le Trentin, avec d’un coté la province qui voulait réintroduire son symbole qu’est l’ours brun et de l’autre, la même province qui continue de stériliser et de maintenir en captivité des individus tel que la femelle DJ3, capturée en 2011 en raison de son comportement.
Selon les autorités italiennes, une cinquantaine d’ours bruns évoluent dans les zones montagneuses entre le Trentin et la Vénétie.
(* L’ourse Daniza, introduite en 2000, a eu 11 oursons au total. Elle est finalement morte lors d’une capture en 2014.)
Source : Italie: Empoisonné, un ours est retrouvé mort au bord de la route (20 minutes, 22/03/2016)