Retour chronologique sur l’affaire des génisses qui ont déroché à Sigoyer, en juin dernier.
Acte 1 :
Le 19 juin dernier, 17 génisses sont retrouvées mortes au bas d’une falaise. Elles étaient livrées à elles-même depuis 3 jours, malgré les forts orages qui sévissaient et la dangerosité de cette zone de pâturage, située au bord d’un précipice de 80m de haut. L’éleveuse rameute les médias et crie à la responsabilité du loup. Ce n’est pas une inconnue, il s’agit de la secrétaire générale de la FDSEA 05, viscéralement opposée au loup, une habituée des prises de parole véhémentes lors des réunions départementales loup. Elle fait appel à l’ONCFS pour faire un constat. La responsabilité du loup ne peut être prouvée, et, d’après nos informations, l’analyse technique du constat indiquerait que la cause de la chute est « indéterminée ».
Acte 2 :
Malgré toutes ces zones d’ombre, l’éleveuse percevra une indemnisation « au bénéfice du doute » à savoir sur « le dos du loup » s’élevant à 19 000 € auxquels il faudra ajouter les 4000€ d’hélitreuillage. Une indemnisation politique et rien d’autre, payée avec de l’argent public et qui va aussi permettre d’augmenter artificiellement le « coût du loup » ainsi que les bilans officiels des victimes du loup. Egalement, le préfet lui accorde le 22 juin un « tir de défense renforcé ». Ce qui implique que dans le secteur, un loup pourra être tué au hasard par des chasseurs.
Acte 3 :
Samedi 23 juillet, Xavier Beulin, président notoire de la FNSEA et Philippe Court, préfet des Hautes-Alpes, se rendent sur l’exploitation de l’éleveuse. Ce fut pour Xavier Beulin l’occasion de faire quelques déclarations à l’emporte pièce (« Entre l’homme et le loup, les politiques devront choisir ») et de demander le déclassement du loup dans le cadre de la convention de Berne. Il n’en rate pas une (cette demande est irréalisable, il le sait très bien, mais ça fait toujours son petit effet auprès des éleveurs).
Le préfet semble être à l’écoute, n’a t-il pas fait interdire la mascotte Wolfie lors du passage du tour d’Italie, le Giro, dans les Alpes ?
Acte 4 :
On apprend que le préfet a pris 2 arrêtés de tirs de prélèvement renforcés de 2 loups, soit 4 loups à abattre au total dans 15 communes des Hautes-Alpes. L’arrêté parle de « surveillance rapprochée » alors que le mari de l’éleveuse a lui-même reconnu aller voir ses bêtes « habituellement le samedi » !
Conclusion
Au lieu de mettre en avant la mise en place des moyens de protection pour que leurs troupeaux ne soient plus exposés à la prédation du loup, on fait faussement miroiter aux éleveurs la disparition du loup (modification de la convention de Berne, tirs à tout va, etc.), en les détournant ainsi de leurs responsabilités. C’est toujours du temps de gagné car les élections approchent !
Lire aussi :
– Dérochement de 132 brebis à Luz (65) : Les questions qui dérangent (juillet 2016)
1 commentaire sur “Hautes-Alpes : petits arrangements entre ennemis du loup”
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