Les loups vivant dans l’Himalaya sont actuellement considérés comme une sous-espèce du loup gris (Canis lupus) mais devraient être reconnus comme une espèce à part entière d’après des chercheurs.
Habitant au-delà de 4000 mètres d’altitude au Népal et sur le plateau tibétain, ils possèdent une adaptation génétique leur permettant de faire face au manque d’oxygène qui ne se retrouve chez aucun autre loup, indique l’étude “Himalayan wolf distribution and admixture based on multiple genetic markers”, publiée en février dans le Journal de Biogéographie. Basée sur les analyses de 280 fèces récoltées dans l’ouest de la Chine, au Kyrgyzstan et au Tajikistan, l’étude montre une évolution unique, établie sur un certain nombre de marqueurs génétiques différents et servira de base pour faire reconnaître le loup de l’Himalaya comme une espèce distincte, avec son propre nom scientifique. Elle corrobore des recherches antérieures qui suggèrent que le loup de l’Himalaya est la lignée la plus ancienne des loups modernes, ayant divergé des autres loups il y a 630 000 à 800 000 ans.
Cette reconnaissance scientifique permettra à l’Union Internationale de Conservation de la Nature (UICN) de lui donner un statut de conservation, essentiel pour protéger cette population.
Pour y parvenir, l’auteur principal de l’étude, le Dr Geraldine Werhahn, de l’Université d’Oxford, indique qu’il faut encore obtenir quelques données génétiques de haute qualité, ce qui constitue un travail difficile.
Werhahn est la première personne connue à avoir filmer une tanière de loup de l’Himalaya.
Ce loup insaisissable et peu étudié survit avec la moitié de l’oxygène disponible pour les mammifères vivant au niveau de la mer ; c’est une pression évolutive intense. Alors que le loup de l’Himalaya s’est hybridé avec le loup gris à basse altitude, il a persisté en tant qu’espèce unique à haute altitude car les loups gris ne peuvent y vivre.
Le loup de l’Himalaya vit en groupe de cinq animaux en moyenne et mange des marmottes en été tout aussi bien que des lièvres du Tibet ou encore des bharals. Il peut aussi s’en prendre aux troupeaux domestiques. D’après Werhahn, il y a moins de conflits avec les éleveurs de l’Himalaya qu’avec les éleveurs européens. Toutefois, des loups de l’Himalaya sont parfois tués en raison de la menace qu’ils représentent pour les yacks et autres animaux domestiques. Selon les chercheurs, les habitants veulent aider à protéger le loup et les mesures de conservation se sont révélées efficaces dans l’Himalaya.
Les chercheurs ont besoin d’estimer le nombre de loups de l’Himalaya. Actuellement, aucun chiffre n’est avancé, ces loups évoluant sur de larges territoires inaccessibles.
En savoir plus ==>> Himalayan Wolf Project