Les associations signataires, fermement décidées à aider à une présence durable du loup, s’adressent aux préfets du plan national loup et au préfet de la région Bourgogne-Franche-Comté. Elles demandent notamment une entrevue avec le ministre de l’agriculture qui se déplacera au comice de Pontarlier ce samedi 22 octobre.
Le 19 octobre 2022
Destinataires :
- Pascal MAILHOS, Préfet coordonnateur du Plan national Loup
- Frank ROBINE, Préfet de la Région Bourgogne Franche-Comté
- Jean-Paul CELET, Préfet référent du Plan national Loup Loup-élevage.
- Copie aux préfets du Doubs, de l’Ain, du Jura ainsi qu’aux directeurs des administrations concernées
Messieurs les Préfets,
Les récents actes de chasse du loup sur des bovins de notre massif, ont installé une situation tendue que nous regrettons : notre territoire a toujours su organiser des débats respectueux. Il faut que cela continue : les problèmes soulevés par ces prédations, nouvelles sur notre territoire, nous concernent tous. Attachés au maintien d’un débat républicain regroupant toutes les parties, nous pensons que ces problèmes doivent être réglés collectivement et solidairement.
Dans cette perspective, les annonces des présences officielles du Ministre de l’Agriculture et de la souveraineté alimentaire et de la Présidente de la FNSEA, le 22 octobre prochain au Super Comice de Pontarlier nous interpellent : nos comices ne font pas partie de leurs usages coutumiers. Nous ne pouvons que conclure à l’évidence que la venue de ces personnes est reliée à l’argument de la présence du Loup, et discuter de celle-ci. L’article de ce dimanche dans l’Est républicain l’exprime clairement !
Etant un collectif d’associations fermement décidées à aider à une présence durable du loup, il nous apparaît que, dans le contexte de la venue du ministre de l’agriculture, l’équilibre démocratique réclame d’entendre toutes les parties : nous vous demandons de nous organiser une rencontre avec le ministre à cette occasion du Comice
pontissalien.
• nous sommes autant attachés à la présence pérenne du loup chez nous qu’à la durabilité de celle des éleveurs, notamment de la filière fromagère, mais nous rappelons que cette activité doit s’exercer dans le cadre de la mise en oeuvre des moyens et dispositifs recommandés et subventionnés par l’Etat pour permettre la cohabitation
• Le loup est un partenaire utile aux équilibres des espèces, et de fait un élément essentiel au maintien de la biodiversité. Nous n’oublions pas que la France se veut exemplaire en ce domaine.
• la protection réglementaire nationale et européenne de Canis lupus que la France se doit de mettre en œuvre (suite à la transcription en droit national de la Directive Habitats-Faune-Flore), implique que les actions de l’Etat ne doivent pas nuire à l’état de conservation de l’espèce, que ce soit au niveau national ou au niveau local.
• nous sommes défavorables aux réactions exacerbées face au faible impact de la prédation du Loup ; à ce jour, ce ne sont même pas 0,0003% du cheptel qui a été blessé ou tué, même si pour les éleveurs concernés ce fait n’est pas neutre.
• nous partageons l’affirmation préfectorale selon laquelle «la meilleure protection contre le loup est la connaissance fine des meutes», précisant qu’il doit s’agir de connaissances scientifiques solides.
• le tir létal n’est en aucun cas une solution durable ; en l’état actuel des connaissances des meutes présentes dans la région, il risque même de déstabiliser ces dernières et les pousser à augmenter leur prédation sur le cheptel bovin. Les récents événements semblent confirmer ce contre quoi nous vous mettions en garde il y a plusieurs semaines.
• la plus grande vigilance doit être portée aux sessions de formation au tir : leur advenue, hors des services de l’État, pousse à penser qu’elles faciliteront l’élimination illégale de loups, mâle ou femelle, et ce, quel qu’en soit le statut social au sein de la meute.
• les méthodes efficaces de protection des troupeaux existent ; l’avis est unanime que d’autres sont à innover pour s’adapter au spécificités de l’élevage bovin du massif jurassien.
Nous sommes transparents sur nos objectifs. Nous le sommes également sur notre agenda : Samedi 29 octobre, les associations du massif jurassien franco-suisse impliquées dans la problématique “Grands Prédateurs” se retrouveront à Arzier en Suisse. Nous y invitons tous ceux qui croient sincèrement au dialogue.
Tout est donc en place pour notre territoire : il est parfaitement protégeable. Tel est l’esprit constructif qui nous anime et mettons à la disposition de tous sans exclusive.
Dans l’attente de votre réponse à notre demande, nous vous prions d’agréer, messieurs les Préfets, l’expression de notre respectueuse considération