Article de France 3 Bourgogne Franche-Comté consacré au lancement de notre programme PastoraLoup – Massif du Jura.
Article France 3 de Laurie Henriet
L’association FERUS lance un nouvel appel à bénévoles pour son programme associatif PastoraLoup dans le massif du Jura. Des volontaires qui parcourront bientôt les pâturages de Franche-Comté de nuit, afin de surveiller les cheptels d’éleveurs partenaires. Qui pourront ainsi dormir sur leurs deux oreilles.
Une nuit à la belle étoile, bercée par le son de cloche des vaches de race montbéliarde. C’est ce qui attend les futurs bénévoles du programme PastoraLoup, initié par l’association de défense et de sauvegarde des grands prédateurs FERUS. “L’idée ce n’est pas [que les bénévoles] mettent leur tente au milieu des troupeaux” rassure d’emblée Natacha Bigan, bénévole de l’association FERUS et coordonnatrice du massif du Jura. Mais plutôt de camper aux abords des bêtes, “dans la prairie ou la forêt d’à côté” et d’être aux aguets.
Dans le Haut-Doubs, et Haut-Jura, les attaques de loup se sont multipliées depuis l’été 2022. Les agriculteurs ont perdu de nombreuses bêtes. Deux loups ont du être abattus sur décision préfectorale.
Marie Terrier est bénévole dans les Alpes où l’initiative de soutien au monde au pastoralisme en zones à loups existe “depuis plus de 20 ans dans les Alpes”. Elle raconte : « Pendant toute la soirée et la nuit, on plante la tente là où le troupeau va dormir. En fonction des éleveurs, on peut faire un feu, faire de la musique, chanter, etc. ». La bénévole se souvient, sourire aux lèvres, son plaisir d’avoir pu observer une hermine après avoir campé une nuit dans les Alpes-de-Haute-Provence (04).
Apaiser les éleveurs
L’initiative n’est pas nouvelle, mais c’est une première en Franche-Comté. “Depuis que la situation s’est tendue sur le massif du Jura, nous avons voulu former des bénévoles locaux pour renforcer la surveillance des troupeaux” décrypte Fannie Malet, salariée et coordinatrice de l’association FERUS.
Elle constate un “bon accueil de l’action” de la part des éleveurs alpins. “Les prédations sont quasiment inexistantes en présence de bénévoles” se félicite l’association de protection de la nature. Marie Terrier n’a « jamais eu à gérer un loup » lors de ses bivouacs mais elle l’assure, « crier, brailler, faire reculer le loup en agitant un bâton », ça ne lui fait pas peur.
Les bénévoles seront envoyés par binôme pour des raisons de sécurité et resteront une à trois nuits, “en fonction du comportement des loups et du nombre de bénévoles”, ajoute la bénévole. Elle espère créer un réseau d’une cinquantaine de participants afin “de ne pas toujours tourner sur les mêmes”. PastoraLoup se veut “une aide ponctuelle”, “d’urgence” et non une solution à long terme, comme le font les associations Oppal et Vigie Jura.
Tenter de renouer les liens
Les conditions pour devenir bénévole ? Être véhiculé, à l’aise avec les vaches et s’engager à ne pas prendre parti sur les questions politiques pendant leur temps de surveillance. Le but sous-jacent du programme étant de “rétablir le dialogue entre ceux qu’on peut appeler vulgairement les ‘pro-loups’ et les ‘éleveurs’”.
Des tensions s’étaient, en effet, installées au cours de l’année 2022, suite à des attaques de loups sur des troupeaux de bovins. Marie Terrier en a été témoin lors de ses nuits de bénévolat : « Les éleveurs ne peuvent pas être en permanence sur le qui-vive. Quand il y a des attaques, ils sont en panique, en détresse. Du coup, ils demandent le tir du loup parce qu’ils ne voient pas d’autres solutions ». “On propose une solution pour que les éleveurs soient un minimum impactés par le retour du loup dans le massif” affirme Fannie Malet.
Un stage de formation obligatoire
Les personnes désirant surveiller les troupeaux ont la possibilité de s’inscrire à une seconde session prévue les 13 et 14 mai 2023 à Mouthe dans le Doubs. Les inscriptions sont ouvertes jusqu’au 9 mai. Un premier week-end de formation – obligatoire pour partir en mission individuelle de surveillance lors de la saison 2023 – se déroulera aux Rousses dans le Jura, les 22 et 23 avril.
“Le samedi, se concentre sur la théorie”, détaille Natacha Bigan. Avec des interventions des agents du Parc naturel du Haut-Jura, de l’association FERUS, mais aussi de l’Apacefs (Association des protections alternatives pour la cohabitation de l’élevage et de la faune) – le 22 avril 2023 – ou de l’Institut de l’élevage (Idele), qui parlera des chiens de protection – le 13 mai 2023.
Le dimanche matin, une visite chez un éleveur partenaire est prévu, afin d’échanger sur les actions à prévoir avec un troupeau de bovins, le fonctionnement d’une ferme ou encore les consignes de sécurité.
Merci à France 3 Bourgogne Franche-Comté pour cet article.