Communiqué de presse de l’EAWC (Alliance européenne pour la Conservation du Loup). Bruxelles, le 28 décembre 2023
Réagissant à la récente proposition de la Commission Européenne d’abaisser le statut de protection internationale du loup, l’Alliance Européenne pour la Conservation du loup (EAWC) a sommé la Commission de s’en tenir aux faits. Si l’Alliance qui regroupe quinze associations œuvrant en faveur de la protection du loup reconnaît que la situation du loup s’est améliorée en Europe, elle insiste toutefois sur le fait que ce développement est loin d’être homogène et le statut de conservation du loup est défavorable dans six des sept régions biogéographiques d’Europe.
Enrique Perez, président de l’Alliance, explique que l’amélioration de la situation du loup est notamment le résultat de son inclusion dans la Directive Habitats de l’Union Européenne. Il remarque néanmoins que certains Etats-membres continuent d’abattre un grand nombre de loups en utilisant, de façon excessive, les dérogations prévues dans la directive. Il ajoute que les loups sont aussi fréquemment victimes d’accidents de la route et de braconnage.
Se référant à une analyse récente commandée par la Commission européenne et publiée en même temps que la proposition d’abaisser le statut de protection du loup, Perez souligne que les données sur le loup ne sont pas toujours fiables et doivent donc être considérées avec précaution: « Les données utilisées par la Commission pour démontrer que les populations de loups ont augmenté ne sont pas basées sur un suivi cohérent de l’espèce dans l’ensemble des pays, mais résultent d’une compilation de données disparates ainsi que d’estimations et d’extrapolations. »
D’après l’Alliance, l’analyse a toutefois apporté des résultats importants: ainsi, elle comporte une évaluation des dommages causés par les attaques de loups sur les troupeaux, chiffrée à 0,065 % pour les ovins. Elle démontre aussi que, contrairement à l’abattage de loups, les mesures de prévention telles que l’installation de clôtures électriques et l’utilisation de chiens de protection sont efficaces pour réduire les attaques. Dès lors l’Allliance s’interroge pourquoi la Commission Européenne ne se concentre pas plutôt sur cet aspect en promeuvant notamment l’échange de bonnes pratiques.
« Les loups jouent un rôle essentiel dans la création et la préservation d’écosystèmes en bonne santé » dit Enrique Perez. « Ils contribuent à réguler les ongulés sauvages et empêchent ainsi le surpâturage et la diffusion de maladies, » ajoute-t-il en insistant que tout ceci est souligné dans l’analyse.
« L’Union Européenne est actuellement en passe d’adopter une loi sur la restauration de la nature visant à restaurer ses écosystèmes déclinants, » dit Perez qui comprend mal comment la Commission puisse proposer au même moment d’abaisser le statut de protection du loup qui, selon lui, pourrait être un architecte majeur de ce processus.
Perez rappelle aussi qu’il y a tout juste un an, la Commission avait réussi à convaincre les Etats- Membres de s’opposer à une tentative de la Suisse d’abaisser le statut de protection du loup dans la Convention de Berne.
L’EAWC attribue ce revirement aux pressions persistantes issues de la droite européenne, majoritaire au Parlement Européen, et du puissant lobby de la chasse qui se sont accordés sur l’objectif d’affaiblir la protection du loup. L’Alliance reproche à la Commission Européenne, non seulement d’ignorer les données scientifiques qu’elle a elle-même commandées, mais aussi l’énorme soutien des Européens qui souhaitent maintenir la protection du loup, comme le démontre un récent sondage financé par la Commission européenne ainsi que les réponses données à l’enquête lancée par celle-ci.
* dont FERUS est membre fondateur https://wolf-alliance.org/