Nous avons eu connaissance d’un courrier scandaleux envoyé le 16 février 2024 par l’Association Intercommunale de Chasse de Fournet-Luisans-Fuans (25) demandant à la Fédération des Chasseurs du Doubs de prévoir une régulation du lynx et un déclassement de son statut d’espèce strictement protégée, sous prétexte d’une raréfaction des chevreuils et des chamois sur leur territoire.
Rappelons à ce groupe de chasseurs quelques éléments factuels :
- L’espèce Lynx reste classée « en danger » en France (statut UICN), avec une très faible population estimée à environ 150 individus sur l’ensemble du territoire, et bénéficie d’un statut d’espèce strictement protégée au niveau européen.
- Comme tout grand prédateur, le lynx joue un rôle très bénéfique de dispersion, de limitation, et d’assainissement (élimination en priorité des individus faibles, malades ou déficients) de ses espèces proies, en particulier les chevreuils et chamois.
- Dans les zones de présence du lynx, la méfiance et la prudence des ongulés sauvages s’accroît, rendant sans doute plus difficiles les activités cynégétiques humaines.
- Avec un territoire variant de 200 à 400 km², la densité de lynx reste toujours très faible sur les zones où il est présent. Avec, au mieux, un chevreuil ou un chamois prédaté par semaine il ne fait jamais disparaître ses proies et n’est responsable que d’une part minime des chevreuils et chamois tués tous les ans.
- Ces espèces proies ont souffert ces dernières années des périodes de sécheresse qui ont pu affecter localement la reproduction et leurs populations, et les plans de chasse devraient tenir compte de ces difficultés en diminuant les objectifs d’abattage, fixés pourtant dans les plans de chasse à plus de 7800 chevreuils et plus 880 chamois sur le département du Doubs pour la saison 2023-2024. Pourquoi fixer des objectifs si élevés tout en déplorant le déclin de leurs populations ?
- Et il est important de rappeler pour terminer que les chevreuils et chamois, comme toutes les espèces «gibier », sont des espèces sauvages qui ne sont en aucun cas la propriété des chasseurs !
La fédération du Doubs, a déjà fait connaître son désaccord sur cette demande en rappelant le statut de protection de l’espèce et l’effort de communication positive fait auprès des chasseurs via leur programme Ecolynx.
Nous espérons toutefois qu’ils rappelleront très fermement cette position lors de leur prochaine assemblée générale et amplifieront leurs efforts pour éradiquer ces points de vue extrémistes que nous espérons très minoritaires au sein des chasseurs du Doubs.
Tout cela demeure toutefois symptomatique des oppositions à la présence du lynx qui persistent au sein du monde de la chasse et contre lesquelles il faut continuer à lutter en permanence.
Contact FERUS : Olivier Guder, Vice-Président Coordinateur Lynx de FERUS : olivierguder@yahoo.fr