Il y a 20 ans, l’abattage de l’ourse Cannelle : en a-t-on tiré les leçons ?

Il y a 20 ans, l’abattage de l’ourse Cannelle : en a-t-on tiré les leçons ?

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L’ourse Cannelle. © ONCFS, Réseau Ours Brun, JJC

Communiqué de FERUS le 1er novembre 2024

Il y a 20 ans, l’abattage de l’ourse Cannelle : en a-t-on tiré les leçons ?

Il y a 20 ans, le 1er novembre 2004, Cannelle, la dernière ourse autochtone pyrénéenne, était abattue lors d’une battue de chasse en Béarn.

Cet évènement mettait un terme aux espoirs de survie de cette population historique déjà largement compromise par les destructions illégales et la consanguinité, conséquences de pratiques humaines trop longtemps ancrées sur le court terme.

Les mêmes causes ayant les mêmes effets, quelques années auparavant c’est la sous-espèce pyrénéenne du bouquetin ibérique qui tirait définitivement sa révérence.

Grâce aux actions des associations, notamment FERUS et Pays de l’Ours-ADET, et de certains élus locaux, avec l’approbation de l’État, l’ours n’a pas disparu du massif : des individus en provenance de Slovénie, issus de la même lignée génétique, ont permis de reconstituer une petite population.

Cette population bénéficie actuellement d’une croissance démographique régulière. Cependant sa survie pourrait être compromise à terme, à cause d’une consanguinité croissante due au faible nombre d’individus fondateurs, ruinant ainsi 40 ans d’efforts de sauvegarde.

La seule solution pour y pallier réside dans des introductions limitées mais régulières de nouveaux individus provenant de populations viables (Slovénie (Alpes dinariques), Espagne (Cantabriques)). Malheureusement, ces actions sont actuellement bloquées par l’État pour des raisons politiques. Y compris celles destinées à remplacer les ours morts de causes humaines qui font pourtant partie des engagements de l’État dans le Plan Ours 2018-2028.

Parallèlement, cette problématique n’a pas court pour le bouquetin ibérique, dont la population pyrénéenne a été recréée à partir d’introductions d’individus pourtant issus d’une sous-espèce différente.

Comme pour l’ex-population autochtone d’ours, le plantigrade pâtit une fois de plus de l’opposition de certains acteurs locaux, qui considèrent que le bouquetin est compatible, contrairement à l’ours, avec leurs intérêts privés de court terme, et d’une certaine classe politique préoccupée uniquement, là aussi à court terme, par le renouvellement de ses mandats.

Pourtant, les enjeux majeurs de ce 21ème siècle, dont l’effondrement de la biodiversité n’est pas le moindre, appellent à un changement urgent de paradigme, encore rappelé ces jours-ci alors que la COP16 biodiversité se termine.

La viabilité de la population d’ours pyrénéenne fait partie intégrante de la sauvegarde de la biodiversité : nous appelons donc une fois de plus l’État à ne pas se contenter de belles paroles lors des réunions internationales, mais à respecter ses engagements et à prendre ses responsabilités en planifiant le lâcher de nouveaux individus.

© ONCFS, Réseau Ours Brun, JJC