Année de la biodiversité = Année de l’ours

Année de la biodiversité = Année de l’ours

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FERUS publie ce texte à l’occasion de la journée mondiale de la  biodiversité, aujourd’hui 22 mai 2010

Année de la biodiversité = Année de l’ours

La biodiversité n’est pas simplement l’addition des espèces, c’est un tout formé des espèces, de leurs variations génétiques, de leur abondance relative et des écosystèmes dans lesquelles elles s’épanouissent.

Pour conserver la biodiversité, il faut :

– A, conserver la fonctionnalité des écosystèmes. Ce n’est pas facile, malgré la faveur nouvelle de l’opinion, les conflits d’intérêts sont toujours considérables. Étalement de l’urbanisme (nos maisons), activités industrielles (nos emplois), agriculture intensive (notre budget nourriture), infrastructures (notre liberté d’aller et venir), tourisme…nous contribuons tous à détruire la biodiversité.

– Il faut aussi B, conserver les espèces elles-mêmes. Leurs habitats disparaissent (cf le A) mais elles sont aussi victimes de conflits directs avec l’homme. C’est le cas des prédateurs, des ravageurs, des espèces convoitées pour la viande, les trophées, la captivité…

Le réchauffement climatique s’ajoute aux facteurs précédents et les amplifiera mais il n’est pas pour le moment la principale cause d’érosion de la biodiversité.

Nous ne faisons pas d’angélisme, résoudre les conflits dans un sens favorable à la biodiversité fabrique souvent des mécontents, lesquels organisent la résistance, à commencer par celle du bulletin de vote. De belles notions théoriques comme la « trame verte » se traduisent concrètement par des batailles féroces sur le prix et l’utilisation du foncier, public ou privé.

Nous refusons que les officiels fassent « la part du feu » en sacrifiant quelques espèces, ou quelques espaces, dont le sauvetage apparaîtrait trop problématique.

Ainsi de l’ours. Ce n’est pas la seule espèce emblématique de cette bataille pour la biodiversité, mais c’est la plus connue en France. L’ours incarne bien la double problématique A et B puisque la forêt pyrénéenne est menacée et qu’il est lui-même victime de braconnage et d’ostracisme. Sa conservation sera difficile, mais sera passionnante. Si l’on ne rétablit pas l’ours dans un état favorable, ce qu’on dira par ailleurs en faveur de la biodiversité sera légitimement mis en doute : chacun pensera que la biodiversité, c’est ce qui reste quand sont passés les aménagements publics d’un autre âge et les intérêts privés ponctuels.

Nous ne pouvons pas nous contenter d’un discours général sur les services rendus par la nature, sur le prix des pollinisateurs ou sur le rôle des forêts dans la lutte contre les inondations ou les émissions de CO2.

De nombreuses espèces se portent très mal en France, ce n’est pas inéluctable, dans la plupart des cas les remèdes sont connus. C’est le cas pour l’ours, on sait qu’on peut le sauver, cela marche.

L’année de la biodiversité ne méritera ce nom que si, en plus des études, des stratégies et des moyens que l’on annonce et que nous saluons, on entreprend vraiment d’inverser le cours des choses sur des dossiers concrets de protection d’espaces ou d’espèces dont l’ours est un symbole.

Ce texte de FERUS est paru dans la Gazette des Grands Prédateurs n° 35

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