Louve abattue : lettre ouverte à la la Secrétaire d’Etat à l’Ecologie

Louve abattue : lettre ouverte à la la Secrétaire d’Etat à l’Ecologie

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FERUS
BP 114
13 718 Allauch cedex

Le 13 mai 2009

Lettre ouverte à Madame la Secrétaire d’Etat à l’Ecologie,

Madame la Ministre,

A votre demande, un lieutenant de louveterie vient de tuer « légalement » une louve de la seule meute reproductrice de Haute-Savoie. L’ordre de tir avait été donné en partie pour calmer ceux qui avaient manifesté leur soutien à un braconnier, auteur cet hiver d’un autre tir mortel, illégal celui là, sur un loup de la même meute. En partie aussi, peut être, pour donner un gage aux électeurs chasseurs et éleveurs du plateau des Glières que le président de la République vient d’honorer de sa visite.

Il se trouve que cette louve était la louve alpha, seule reproductrice par conséquent, et que ce tir aura éliminé d’un coup une demi douzaine d’animaux d’une espèce théoriquement protégée.

Nous ne rouvrons pas ici le dossier complexe de la gestion des populations de loup, vos collaborateurs entendent suffisamment les positions de Ferus en groupe national.

Nous voudrions recevoir de votre part ou de celle de votre haute administration des réponses aux questions que ce triste épisode nous oblige à poser :

  1. le loup est une espèce protégée, et l’on donne l’ordre d’en tuer pendant la période de mise bas. Est-ce normal pour une espèce encore jugée « en danger en France » par l’UICN ? Dans le règne animal français, ne semble-t-il pas définitivement préférable d’être gibier abondant plutôt que prédateur rare et protégé ? On ne tire pas sur les premiers au printemps et on punit ceux qui les braconnent, alors qu’on fait l’inverse pour les seconds à en croire cette louve et les ours Cannelle et Balou.
  2. le plan loup officiel prétend « accompagner l’expansion de l’espèce » et ne saurait la cantonner dans une ère restreinte de répartition sous peine de violer la directive de 1992 « Habitats Faune Flore ». En prenant le risque de faire abattre la louve reproductrice de l’unique meute d’un département, dans la foulée du loup braconné auparavant, avez-vous le sentiment d’œuvrer pour l’expansion de cette espèce protégée emblématique ?
  3. une partie des chasseurs locaux sont hélas dans une logique d’un autre âge, suivant en cela leurs dirigeants nationaux. Ils n’ont que le mot « régulation » à la bouche, en clair éliminer les loups qui mangent du gibier réservé aux carabines des hommes. Le tir d’un second loup après le braconnage d’un premier fondé sur cette logique n’est-il pas un signal adressé à tous les braconniers potentiels, qui seront persuadés d’agir  » dans le sens de l’histoire » ?
  4. Ferus a démontré que plus de cent loups , probablement beaucoup plus, avaient été braconnés en France depuis une dizaine d’années. A part quelques paroles convenues, qu’a fait et que compte faire l’administration pour assurer réellement la police de la nature et dissuader les éventuels contrevenants ?

L’abattage de cette louve a beaucoup ému et inquiété nos adhérents et sympathisants. Ce mauvais geste ne constitue pas à lui seul une politique mais nous attendons au minimum des explications. Or les milieux officiels n’ont absolument pas communiqué après le tir, à part quelques mots de votre directeur de cabinet expliquant que les loups mangeaient des moutons, ce que chacun savait déjà. Vous avez fait annoncer une nouvelle politique de communication sur le loup, n’était-ce pas précisément l’occasion de la tester ?

Nous espérons que les réponses que vous nous ferez adresser et que nous publierons sur notre site constitueront un bon début.

Nous vous prions de recevoir, Madame la Ministre, nos respectueuses salutations.

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