FERUS a pour buts, en France, notamment dans les massifs frontaliers et en relation avec les pays européens voisins, de de favoriser le maintien et le renforcement des populations d’ours.
Sur la Liste rouge des espèces menacées en France de l’IUCN (2017), l’ours brun, Ursus arctos, est classé « en danger critique d’extinction», soit l’une des 3 seules espèces de mammifères en France dans cette catégorie.
L’histoire de l’ours en France
L’ours brun est un animal autochtone de la faune française. Il est présent en Europe depuis au moins 250 000 ans, peut-être nettement plus. Depuis, il n’a jamais disparu de notre pays. A l’époque romaine, l’ours brun était encore présent partout en France, en plaine comme en montagne. En quelques siècles, la chasse et le déboisement ont décimé les populations de plaine. Dès le Moyen-Âge, l’ours ne se rencontre plus que dans les massifs montagneux de l’est, du sud et du centre de la France.
Le déclin de l’ours s’est poursuivi ensuite à cause de la chasse, du braconnage, de l’empoisonnement, de la dégradation et de la destruction de son habitat, au point de conduire l’espèce au bord de l’extinction.
Depuis le milieu du XXe, l’ours n’est plus présent que dans les Pyrénées.
L’ours dans les Pyrénées
Les causes du déclin de l’ours pyrénéen sont identiques à celles de sa disparition dans les autres massifs français. Dans les années 1950, on estime qu’il y avait encore 70 ours, répartis sur l’ensemble du massif. En 1960, la population ursine se fragmente en deux noyaux, l’un à l’ouest (Pyrénées occidentales) et l’autre au centre (Pyrénées centrales). Au tout début des années 1990, le dernier ours des Pyrénées centrales disparaît. En 1995, l’effectif de la population pyrénéenne n’a jamais été aussi faible, avec 5 individus dont une seule femelle, entre les vallées d’Aspe et d’Ossau. Face à ce constat dramatique, il a été décidé de procéder au renforcement de la population d’ours bruns des Pyrénées, notamment grâce à l’association Artus (devenue depuis FERUS) et à la commune de Melles (Haute-Garonne).
Après des études minutieuses, la Slovénie a été choisie comme pays source pour plusieurs raisons. Tout d’abord, les ours slovènes sont génétiquement très proches des ours pyrénéens, tout comme leur milieu de vie. Ensuite, la situation sanitaire des animaux est connue et bonne. Enfin, la Slovénie est habituée aux opérations de capture d’ours.
En 1996/1997, trois ours ont été capturés dans la réserve de Medved (sud de la Slovénie) et relâchés sur la commune de Melles (Haute- Garonne). Mellba sera tuée par un chasseur alors qu’elle était accompagnée de ses deux oursons.
Suite à l’émotion suscitée par la mort tragique de l’ourse Cannelle, dernière femelle de souche pyrénéenne abattue par un chasseur en vallée d’Aspe le 1er novembre 2004, cinq nouveaux ours slovènes sont relâchés en 2006 dans les Pyrénées centrales.
En juin 2016, le mâle Goiat est relâché dans les Pyrénées espagnoles dans le cadre d’un programme initié par la Généralité de Catalogne.
En 2018, deux femelles sont lâchées dans le Béarn, 14 ans après la mort de Cannelle. C’est la première fois que des ours sont lâchés dans ce secteur historique de la présence de l’ours (voir ICI).
Visio-conférence de presse : 25e anniversaire des premiers lâchers d’ours dans les Pyrénées
Situation actuelle
En 2021, 70 ours ont été détectés dans les Pyrénées. 15 oursons (8 portées) ont été comptabilisés. La population est en légère hausse mais reste fragile.
Aire de répartition en 2021
De nouveaux lâchers indispensables
==>> Deux ourses lâchées dans le Béarn en octobre 2018
==>> Album photo des deux ourses lâchées
Le MNHN recommande de relâcher six ours a minima rapidement.
En 2013, le rapport du Muséum National d’Histoire Naturelle (MNHN), commandé par le ministère de l’Ecologie, rend ses conclusions :
- L’ours brun n’a écologiquement aucun impact négatif sur l’écosystème pyrénéen, faune comme flore. Il y a donc toute sa place.
- L’état de conservation de l’espèce est jugé « Défavorable inadéquat » au regard des critères fixés par la Directive Habitats.
Rappelant que « la Directive Habitats impose aux États membres de maintenir les populations d’ours bruns dans un état de conservation favorable », et s’agissant des scenarii de conservation, le Muséum :
- considère que « la non-intervention maximise les risques encourus pour le maintien de l’espèce dans les Pyrénées puisqu’elle cumule à la fois les risques démographique et génétique pour les deux noyaux de la population ».
- préconise :
– pour le noyau occidental : « idéalement » un renforcement de 3 mâles et 10 femelles ou, « au minimum », un renforcement de 4 femelles. Ces renforcements devant être effectués très rapidement et de manière la plus synchrone possible ;
– pour le noyau central : « idéalement », un renforcement de 1 mâle et 3 femelles, « au minimum » un renforcement de 2 femelles pleines. Ces renforcements sont recommandés dans un horizon de 4 ans.
- prévient que « tout retard nécessitera une probabilité d’intervention ultérieure beaucoup plus importante ».
==>> Comment assurer la tranquillité indispensable aux ours des Pyrénées ?
Les menaces
- Faiblesse des effectifs
- Braconnage
- Accidents entre chasseurs en battue et ours
- Consanguinité
- Trafic routier
- Perturbation
- Fragmentation et cloisonnement des massifs montagneux
La conservation de l’ours en France
==>> Le plan d’actions Ours Brun 2018-2028
Les Pyrénées sont toujours un milieu très favorable à l’ours brun (rapport 2013 Muséum Nationale d’Histoire Naturelle).
L’adaptation des ours relâchés, les naissances constatées in situ ou la colonisation de nouveaux territoires nous le rappellent sans cesse. En terme d’habitats favorables, le massif pyrénéen n’a rien à envier aux monts Cantabriques en Espagne ou aux Abruzzes en Italie.
Malgré ces éléments positifs, la population actuelle est encore trop fragile et réduite pour espérer pouvoir se maintenir à long terme.
Dès lors, le maintien de l’ours brun dans les Pyrénées et l’établissement d’une population viable ne dépendent que de nous. Il est plus que jamais nécessaire de poursuivre le renforcement de la population dans les Pyrénées centrales mais surtout dans les Pyrénées occidentales.
Battons-nous pour que l’ours brun vive encore longtemps dans ce massif où il cohabite avec l’homme depuis des millénaires.
Voir aussi ==>> Chasse et protection de l’ours en Europe