Des scientifiques de l’association espagnole ASCEL (Association pour la conservation et l’étude du loup ibérique) viennent d’éditer un livre : les loups de la péninsule ibérique, propositions pour le diagnostic et le suivi de la population. Le livre est en espagnol mais les résumés des chapitres sont en anglais. Il contient de nombreuses photos de loups ibériques en milieu naturel.
Présentation :
Les chapitres sont issus du séminaire « Propositions pour l’étude de la dynamique des populations de loups ibériques », qui s’est tenu à Fuentes de Nava (Palencia, Espagne) les 1er et 2 novembre 2002 et organisé par ASCEL. Ce rendez-vous était attendu autant par les nombreux chercheurs et naturalistes qui travaillent, ou ont travaillé, sur les populations de loups en Espagne et au Portugal que par le public intéressé par l’espèce. Les chapitres correspondent aux présentations discutées lors du séminaire. Certaines des publications ont été examinées par la suite. Les publications ont donc été auparavant évaluées par un panel de relecteurs externes et la bibliographie a été mise à jour. Ainsi, l’ensemble publié correspond à des articles révisés qui peuvent être très utiles pour l’étude du loup ibérique à court terme.
La raison justifiant l’organisation de ce séminaire, à savoir un manque de méthodes standardisées pour monitorer les populations de loup ibérique, est toujours d’actualité. Ce problème a déjà été souligné par le Plan d’action pour la conservation du loup en Europe (Boitani 2000). Ce document appelle à la coordination des collectes des données nécessaires pour gérer le loup à l’échelle européenne. Le manque de méthodes de suivi du loup objectives, claires et uniformes ainsi que la grande variation de l’effort de monitoring d’une région à l’autre rendent difficiles l’estimation de paramètres basiques comme le nombre de meutes et le nombre de loups au sein de la meute. Cela complique les analyses des tendances des diverses populations.
L’objectif de ce livre n’est pas de présenter les estimations des paramètres démographiques ni d’évaluer le statut des populations de loup ibérique mais de discuter des approches qui pourraient être d’avantage utilisées pour effectuer ces estimations. Comme point de départ, les différents chapitres sont basés sur l’information disponible sur la péninsule ibérique, complétée par d’autres sources de littérature scientifique. Hormis l’objectif de fournir des propositions méthodologiques, aussi concrètes que possibles, pour collecter des données selon des protocoles standards, le but est aussi de discuter des avantages potentiels et des limitations des différentes approches. Il y a actuellement 3 plans d’action régionaux en Espagne (Asturies, Castille-Leon et Galice, avec des politiques très différentes) ; l’espèce est protégée au Portugal. Ensemble, ces zones englobent environ 95 % de la population de loups ibériques ce qui appelle à une standardisation des méthodes de suivi de l’espèce. C’est évident car les outils de gestions et les politiques suivies sont assez différents selon les régions. En Castille-Leon et Galice, le loup est une espèce gibier ; au Portugal, c’est une espèce classée « en danger » ; dans les Asturies, ce n’est pas une espèce gibier mais des animaux sont abattus selon un nombre annuel variable lié aux dommages aux troupeaux.
Récemment, le Large Carnivore Initiative for Europe (LCIE 2007) a insisté sur le besoin d’établir des plans de gestion pour l’ensemble de la population de loups, reconnaissant que la coordination entre les différents gouvernements impliqués était très limitée. Il est important de souligner que la population nord-ouest de loups ibériques, distribuée dans le nord du Portugal et le nord-ouest de l’Espagne, est affectée par la fragmentation des mesures de gestion et est considérée comme « presque en danger ». La petite population isolée de Sierra Morena (Sud de l’Espagne) est « en danger critique » (LCIE 2007). Le manque de coordination est probablement une conséquence, au moins en partie, du manque de protocoles communs pour suivre et analyser les dynamiques des populations de loups. Chaque recensement régional devrait être standardisé et coordonné avec les autres car les questions telles que la chasse devraient essentiellement dépendre de la taille et des tendances de la population globale. Par ailleurs, la standardisation des méthodes de suivi pourraient être utiles lorsque des études d’impact environnementales associées à l’augmentation des infrastructures en construction, incluant le loup parmi les espèces affectées, sont conduites.
Les chapitres de cette édition traitent de l’analyse de la distribution et des indices d’abondance, des méthodes pour évaluer la tendance et la viabilité de la population, de la démographie (e.g. paramètres reproductifs, taille des meutes et mortalité), de la prédation sur les troupeaux et de la collecte des échantillons biologiques. La majeure partie du livre se réfère à la population du nord-ouest de l’Espagne (soit plus de 95 % des loups ibériques) parce que les données disponibles concernant les petites populations de Sierra Morena et des Pyrénées sont vraiment limitées.
Enfin, les intentions des éditeurs – avec qui tous les auteurs devraient être d’accord- sont de fournir des pistes pour standardiser les méthodes de suivi du loup en Espagne et au Portugal aussi bien que de proposer un forum pour des discussions constructives concernant le meilleur moyen d’achever un important mais glissant objectif d’évaluation du statut des populations de loups et leur conservation à long terme.
Sommaire :
– Analyse de la distribution des loups de la péninsule ibérique par A.Uzal et L. Llaneza
– Echantillonnage des indices de présence pour estimer l’abondance relative des loups de la péninsule ibérique par A. Ordiz et L. Llaneza
– Comment estimer les paramètres de reproduction des populations de loups ibériques : taille des portées et succès de la reproduction par L.M. Barrientos et A. Fernández-Gil
– Comment estimer la taille des meutes selon les saisons chez les populations de loups ibériques par A. Fernández-Gil, L.M. Barrientos et A. Nuno
– Utilisation des données concernant la mortalité pour étudier le loup ibérique par F. Alvares, P. Alonso, P. Sierra et A. Fernández-Gil
– Utilisation des données de la prédation sur les troupeaux pour la gestion et la conservation des loups de la péninsule ibérique par J. Talegon et X. Gayol
– Collecte des échantillons biologiques pour l’étude des populations de loups ibériques par J.J. Rodriguez, T. Yanes et J.L. Vicente
– Viabilité des populations de loups ibériques. Leçons de génétique pour la conservation par C. Vila
– Propositions pour suivre les populations de loups ibériques par J. Naves
Prix du livre : 15 euros + frais d’envoi