Décidément la gestion du loup en Suisse ne cesse de surprendre … Alors que pour la première fois un couple de loup a été identifié génétiquement en Suisse (Valais), un mâle, probablement celui du couple, vient d’être abattu par les autorités dans le même secteur (photo ci-contre).
Retour en arrière.
En juin et juillet, des moutons ont été attaqués sur les alpages voisins de Scex et Varneralp (Valais). Grâce aux analyses génétiques, le laboratoire de biologie de la Conservation de l’Université de Lausanne a pu montrer la responsabilité de 2 loups différents, agissant de concert. Les 2 animaux ont été observés plusieurs fois ensemble. L’un est un mâle connu depuis plusieurs années et qui vient des Alpes du Nord-Ouest (cantons de Berne et Fribourg), l’autre est une femelle repérée l’année dernière dans le Val des Dix (Valais). Depuis le retour du loup en Suisse dans les années 1990, c’est la première fois qu’un couple est identifié ; toutefois, aucune reproduction n’a jamais été constatée.
Entre le 20 et le 30 juillet, 2 génisses sont tuées et une troisième blessée sur l’alpage du Scex par un loup, selon les analyses génétiques. C’est la première fois en Suisse que des génisses sont tuées par un loup. La Confédération Suisse et le canton du Valais décrétant qu’aucune mesure de protection n’existe et ne peut être mise en place pour les génisses, une autorisation de tir de loup est délivrée le 6 août dans la région Montana – Varneralp pour une durée de 60 jours. L’autorisation n’a pas fait un pli : le 11 août à l’aube, un loup mâle est abattu par un garde-chasse sur l’alpage de Scex, à proximité d’un troupeau de génisses. La louve n’est pas pour autant tirée d’affaire puisque le canton du Valais indique dans un communiqué : « En cas de nouvelles attaques sur des génisses dans le périmètre concerné, les autorités compétentes analyseront et apprécieront la situation selon la législation en vigueur et en application du Plan Loup Suisse. »
Le WWF Suisse a déploré cette énième autorisation de tir de loup en Valais. «On ne résout aucun problème avec le fusil», a déclaré Kurt Eichenberger, spécialiste des grands prédateurs au WWF Suisse. Cela fait des années que le Valais poursuit une politique d’abattage du loup qui ne mène nulle part. Le Valais ferait mieux de se soucier d’une protection des troupeaux suffisante. Elle a déjà fait ses preuves dans d’autres cantons comme Vaud et Berne». Et d’ajouter : «Le recours aux armes ne règle rien, car lorsque le prochain loup arrivera, l’histoire se répétera». Le WWF Suisse demande urgemment l’organisation d’une table ronde autour de laquelle éleveurs ovins, chasseurs, autorités et organisations environnementales participeront et chercheront des solutions constructives.
Pour le Groupe Loup Suisse, ce tir de ce loup met fin à toute possibilité d’expérimentation de protection du gros bétail et annihile toute chance de création d’une meute.
Une décision de tir que regrette également l’éthologue Jean-Marc Landry. «La présence de louveteaux n’a jamais été aussi probable en Suisse. C’est une donnée nouvelle pour le pays et le canton du Valais. Il faut bien évaluer les conséquences d’un tir car on n’abat plus un individu, mais on détruit une structure familiale. On ne peut délibérément pas tuer la femelle et si on tire le mâle, la femelle risque d’aller au plus facile – les brebis par exemple – pour nourrir ses petits.»
Jean-Marc Landry a aussi regretté que des tirs d’effarouchement ne soient pas organisés comme en France : «Cela réapprendrait la peur aux prédateurs. En les abattant, on ne leur inculque rien et le problème demeure. Un suivi scientifique est impératif. Il faut ouvrir une nouvelle voie.»
Pour Raphaël Arlettaz, professeur de biologie à l’Université de Berne : «La France et l’Italie ont plusieurs longueurs d’avance dans ce dossier. En Valais, on réagit au coup par coup, au gré des attaques. On n’est pas vraiment maître de la situation. Il faudrait faire un travail de suivi serré des populations, comprendre l’écologie du loup alpin; c’est la seule manière de pouvoir efficacement parer ses attaques.»
Rappelons que la Suisse ne compte pas plus de 20 loups sur son territoire. Vu la gestion du loup dans le pays, il faudra attendre de nombreuses années pour espérer y voir une population viable …
Sources :
– Décision de tir en Valais: le fusil ne résout aucun problème (communiqué du WWF, 3 août 2010)
– Les loups font la paire (Le Nouvelliste, 11 août 2010)
– Tir d’un loup sur l’Alpage du Scex + photos (communiqué canton du Valais, 11 août 2010)
– Un loup a été abattu ce matin à Crans-Montana (24 heures, 11 août 2010)
4 commentaires sur “Suisse (Valais) : un couple de loups pour la 1ère fois identifié, un mâle abattu”
C’est certes déplorables. On agit suivant la logique en place. L’idée de la table ronde est évidemment interessantes, mais il faut encore une vrai volonté de la part des « autorités » concernées…
Mais nous sommes là pour faire avancer et évoluer les choses, ce site en es un bon exemple!
un article à ce sujet ici d’ailleurs : Les loups tuent 50 fois moins de moutons que les maladies et accidents . http://www.tdg.ch/loups-tuent-50-fois-moutons-maladies-accidents-2010-08-03. ça concerne la Suisse mais évidemment en France aussi, le nombre d’animaux tués par les loups est beaucoup moins conséquent que ceux tués par les accidents ou les maladies (par ailleurs ça n’empêche pas qu’il faut aider et soutenir les éleveurs en zone à loups en mettant en œuvre les moyens de protection des troupeaux et en indemnisant les animaux tués)
certain’hommes sont a ce point idiot qu’ils ne voient pas que la foudre fait par exemple 70 fois plus de mort,et idem pour les maladies.rien ne change sous le soleil de la rentabilité borné.la suisse est avec la france ou les lobby agricole,et de la chasse sont les plus encrés en europe.Ceci explique bien des choses.
Que dire on tue de nouveaux des pauvres animaux sans raisons, c’est les chasseurs qui sont content au moins.
On enlève des chances au loup de reproduire et de reprendre ses terres pour protéger du bétail.
Voilà c’est honteux de tuer des loups quand on connait les statistiques sur les animaux tués en enclos par des bêtes sauvages le loup est loin d’être premier, mais bon les contes et les légendes lui ont façonnés une réputation de bête sanguinaire et c’est encré dans les esprits d’un grand nombre de personnes ignorantes.
Alors question: L’Homme peut il faire évoluer ses mentalités?