Ours Cannelle : le chasseur relaxé

Ours Cannelle : le chasseur relaxé

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Communiqué de presse

21 avril 2008


Cannelle : un jugement qui prépare le passé

La relaxe du chasseur qui a tué Cannelle montre que la nature reste mal connue et mal comprise de la justice. La loi protège les espèces sauvages en danger, mais il suffit qu’un homme muni d’une arme aille à leur rencontre et se prétende menacé pour que la protection disparaisse. FERUS se battra pour que la jurisprudence évolue, comme dans l’affaire de l’Erika où les préjudices subis par les milieux naturels ont été pris en compte après des années de refus par les tribunaux.

Mais ce jugement ne change rien aux enseignements de ce lamentable épisode : la mort de Claude puis de Cannelle aura démontré la faillite totale des responsables politiques locaux, au premier rang desquels Jean Lassalle.

Fidèle de François Bayrou, Jean Lassalle, entré en politique en 1977 comme maire de Lourdios-Ichère, a vu ses pouvoirs s’accroître au fil des années puisqu’il est désormais député des Pyrénées-Atlantiques, conseiller général du canton d’Accous, vice président du Conseil général des Pyrénées-Atlantiques, président de l’Institution patrimoniale du Haut-Béarn, président de l’Association des populations des montagnes du monde (à ce titre il voyage dans le monde entier), président de l’Association des maires des Pyrénées-Atlantiques. Il a même été président du Parc national des Pyrénées occidentales…

Il aura été toutefois incapable d’assurer la survie des derniers ours de la lignée pyrénéenne. Cette montagne de pouvoirs n’aura pas accouché d’une souris !

Qu’on en juge !
En novembre 1993, sous la pression de Jean Lassalle et de Jean Saint-Josse (Chasse Pêche Nature Traditions), Michel Barnier, alors ministre de l’Environnement, abroge les réserves dites « Lalonde » qui constituaient la seule protection de l’habitat de l’ours par l’Etat français (6 500 hectares soustraits temporairement à la chasse en battue, si perturbante pour les ours). En 1994, Jean Lassalle est élu président de l’Institution patrimoniale du Haut-Béarn, un « machin » fortement subventionné par l’Etat, qui a entre autres pour mission de conserver la population d’ours des Pyrénées.

En novembre 1994, des chasseurs de Borce (vallée d’Aspe) tuent l’avant-dernière femelle d’ourse pyrénéenne, « Claude », lors d’une battue aux sangliers, en plein cœur d’une ancienne réserve « Lalonde » ! Jean Lassalle vient soutenir les chasseurs, lors de leur procès.

Dix ans plus tard, le 1er novembre 2004, l’ourse « Cannelle », la dernière de la souche, est tuée lors d’une battue aux sangliers par un chasseur d’Urdos. Toute la vallée d’Aspe sait qu’elle est accompagnée d’un petit et qu’elle évolue depuis deux mois sur le territoire de la commune d’Urdos. Rien n’y fera. Inertie de l’Etat, incapacité de l’Institution patrimoniale du Haut-Béarn à prendre les mesures qui s’imposent : chacun l’a constaté pendant les audiences au mois de mars dernier, tous se défilent. Comme à son habitude, Jean Lassalle est venu soutenir René Marquèze lors de son procès, distribuant ici et là des sourires, des mots apaisants et des poignées de main à tout un chacun.

Tournons-nous vers l’avenir. Ce serait une juste réparation que des élus et des chasseurs valléens, appuyés par l’Etat, lâchent au minimum 2 ourses en Haut-Béarn. Ou les derniers des Mohicans vivent leurs ultimes années de mâles solitaires…

Photo : l’ourse Cannelle