Les ministres ont pris leurs responsabilités. Ils veulent faire tirer six loups en 2005 soit 50% de plus que le nombre prévu pour 2004 alors que la population de loups, elle, n’a probablement pas augmenté de plus de 10% de l’aveu même des spécialistes de l’ONCFS. Et si ces loups sont tous tués, cela aboutira à tripler en douze mois le nombre de loups officiellement abattus, auxquels il faudra ajouter les loups braconnés.
Le texte paraphrase les dispositions de la directive « Habitats Faune Flore », mais ce mauvais paratonnerre juridique n’empêche pas l’arrêté de ne respecter ni la lettre, ni l’esprit des engagements internationaux de la France : tuer autant de loups, supprimer peut être l’unique animal du Var ou de l’Ain, détruire la louve alpha d’une des trop rares meutes reproductrices n’est ni le moyen de garantir le maintien en bon état de conservation de l’espèce, ni surtout celui de l’aider à recoloniser les espaces naturels qui lui sont favorables.
Certes le protocole abandonne la technique absurde du piégeage et soumet en apparence les autorisations de tirs à des conditions de protection préalables des troupeaux. Mais ce dernier point est flou, une grande marge d’appréciation est laissée aux préfets et nos représentants dans les groupes de travail départementaux devront exiger que les tirs, s’ils ne peuvent être empêchés, ne soient tentés que là où les protections auront très sérieusement été mises en œuvre.
Nous condamnons enfin l’absence de trêve hivernale, qui laisse penser que la recherche de la régulation à tout prix n’est pas absente des préoccupations des officiels.
Nous regrettons que l’effarouchement ne soit mentionné que pour calmer les associations, et ne soit pas une condition préalable à toute intervention. Sans conseil de spécialistes, sans informations sur les techniques, les principaux intéressés ne vont pas s’y consacrer et réclameront immédiatement des destructions.
Nous avons saisi la Commission européenne de ce protocole en espérant qu’elle contraindra le gouvernement français à revoir sa copie. Mais ces procédures sont longues et nous ne pourrons compter que sur notre vigilance et sur celle de tous les amis de la nature pour éviter les dérapages en tout genre cet été dans les alpages.