2 ours abattus, nouveaux lâchers, groupe national ours : interview avec Chantal Jouanno

2 ours abattus, nouveaux lâchers, groupe national ours : interview avec Chantal Jouanno

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Chantal Jouanno aux côtés de Jean-Louis Borloo

La Dépêche du Midi, 20 septembre 2009

Exclusif. Ours : la Ministre s’en mêle

Secrétaire d’Etat à l’Ecologie depuis janvier 2009, Chantal Jouanno a repris le dossier de la préservation des ours dans les Pyrénées.

LA DEPECHE DU DIMANCHE : Comment avez-vous réagi à la mort de deux ours annoncée le 5 septembre dernier par un éleveur ariégeois ?

Chantal JOUANNO : J’ai demandé au préfet de région Midi-Pyrénées, le préfet de massif, d’ouvrir deux enquêtes. Une enquête administrative, menée par la gendarmerie, puis une enquête technique, diligentée par l’ONCFS. Je viens de recevoir le résultat de ces deux enquêtes. L’enquête administrative n’a rien donné. Mais l’enquête menée par les techniciens de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage fait état d’une suspicion. J’ai demandé à l’Office de poursuivre cette enquête. A l’heure actuelle, on ne peut pas dire si un ours a été tué, ou non : il n’y a qu’une suspicion.

DDD : La chasse à l’ours aurait repris dans les Pyrénées : c’est en tout cas ce qu’affirme une association ariégeoise

C. J. : Si tel est le cas, c’est inadmissible ! Ce serait un échec pour tout le travail de préservation mené depuis des années. L’ours est une espèce protégée, menacée. Dès que j’ai eu connaissance de ces déclarations, j’ai demandé au préfet de l’Ariège de transmettre au procureur. A lui de déterminer quelle suite il va donner.

DDD : Que ferez-vous si la preuve est apportée que des ours ont été tués ?

C. J. : Nous porterons plainte. C’est un délit. Notre rôle est de faire respecter la loi. Beaucoup de choses ont été faites dans les Pyrénées : des aides au pastoralisme, des remboursements en cas de prédation. On a progressé sur tellement de sujets que ce serait dommage de retourner en arrière ! Mais je ne veux pas d’une politique parisienne qu’on imposerait aux habitants des Pyrénées.

DDD : Les éleveurs pratiquent la politique de la chaise vide aux réunions du Gnop, le Groupe national ours dans les Pyrénées. Comment ferez-vous pour réconcilier les positions inconciliables des pro et des anti-ours ?

C. J. : Aucune position n’est inconciliable. Je suis sûre qu’on peut reprendre le dialogue. Je ferai tout pour.

DDD : Rencontrerez-vous les éleveurs ?

C. J. : Il faut rencontrer tout le monde. Les éleveurs ont leurs problèmes. Il faut discuter.

DDD : Qu’en est-il du rapport de ce Groupe ours ?

C. J. : J’ai reçu ses conclusions début septembre. Le Gnop préconise la mise en œuvre d’une charte chasse, la reprise du dialogue avec les éleveurs, une étude sur l’ours et le tourisme. Pour la partie centrale des Pyrénées, il faut rapidement réaliser une expertise pour savoir si la question de la pérennité du noyau des ours se pose de manière scientifique. Dans les Pyrénées-Atlantiques, il ne reste plus que des plantigrades mâles ; il faudrait théoriquement amener des femelles.

DDD : Etes-vous favorable à de nouvelles réintroductions d’ours dans les Pyrénées ?

C. J. : Dans tous les cas, je ne souhaite pas prendre des décisions seule. Pour les Pyrénées-Atlantiques, où la question de la survie du noyau d’ours se pose, je souhaite mener une large concertation avec l’ensemble des acteurs locaux. Je ne pense pas que l’on puisse résoudre les questions écologiques dans l’affrontement. Et puis réintroduire des ours pour qu’ils se fassent tuer, non ! L’écologie doit se conduire dans le respect.

Recueilli par Sabine Bernède

Note de FERUS : FERUS rappelle que plus de 122 réunions de concertation sur l’ours ont été menées par l’Etat sur toute la chaîne pyrénéenne en 10 ans : 70 en 1995-1996 et plus de 50 en 2005 pour les 5 lâchers de 2006. FERUS rappelle également que les Pyrénéens, y compris dans les vallées, se sont prononcés à plusieurs reprisses pour le maintien de l’ours et pour de nouveaux lâchers si la population est insuffisante.

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