En 2019, les pouvoirs publics autorisent l’abattage de 43 nouveaux loups (voir note technique de la DREAL Auvergne-Rhone-Alpes). Un chiffre qui sera ré-évalué quand la nouvelle estimation de loups sera connue (mars 2019).
Au 28 janvier 2019, deux loups sont décomptés du plafond de 43. Voir ICI.
En 2018, 51 loups (47 loups abattus et 4 cas de braconnage) ont été décomptés du plafond et FERUS a porté plainte auprès de la Commission Européenne.
Nous contestons :
– Le nombre de 43 loups à abattre qui est trop important pour permettre la viabilité du loup en France à long terme (voir ci-dessous).
– En mars 2019, le nombre de loups à « prélever » sera réévalué d’après le comptage hivernal pour correspondre à 10 % de la population de loups. Nul doute que le nombre de 43 loups sera revu à la hausse si le nombre de loups augmente. L’inverse sera-t-il aussi vrai ? On demande à voir…
A propos du plan loup 2018-2023 :
FERUS a salué les avancées positives pour la cohabitation, des mesures que nous demandions depuis des années, notamment :
– La mise en place d’un observatoire de l’efficacité des mesures de protection des troupeaux
– La mise en place d’un réseau « chiens de protection »
– La recherche et le développement de nouvelles mesures de protection
– La mise en place d’une brigade de bergers mobiles
– L’amélioration de la connaissance sur la biologie du loup
– La conditionnalité des moyens de protection des troupeaux pour percevoir des indemnisations (cette mesure ne doit souffrir toutefois d’aucune exemption et les contrôles doivent être systématiques ; elle doit être appliquée strictement).
FERUS rappelle que seuls les moyens de protection des troupeaux protègent les troupeaux à long terme (rapport Terroïko).
Mais nous restons toutefois opposés au plan loup 2018-2023 :
– Le plan reste toujours très axé sur les tirs de loups dont on sait qu’ils sont inutiles pour la protection des troupeaux et ne servent qu’à faire plaisir aux lobbies agricoles. D’après l’expertise scientifique collective de mars 2017 (Muséum National d’Histoire Naturelle / ONCFS), l’efficacité des tirs n’est pas prouvée et les experts s’interrogent sur leurs effets contre-productifs (éclatement des meutes, hausse de la prédation sur les troupeaux). Inutile de rappeler que cette expertise a été commandée par les pouvoirs publics eux-mêmes. D’autres études ont montré l’inefficacité des tirs de loups. Pourquoi continuer dans cette voie qui ne fonctionne pas ?
– Les tirs de loups sont devenus la solution de facilité alors qu’ils devaient être l’ultime recours, quand tous les autres moyens n’ont pas fonctionné (cf. Directive Habits Faune Flore). Les tirs d’effarouchement deviennent malheureusement secondaires ; ils doivent pourtant absolument être remis en application.
– La brigade tueuse de loups est pérennisée.
– Les chasseurs particuliers sont toujours sollicités.
– La libéralisation du tir de défense à canon rayée, qui atteint davantage sa cible que le canon lisse : l’État français veut de l’efficacité pour tuer les loups !
– Accès plus rapidement aux tirs sur les fronts de colonisation de l’espèce. Cette mesure est la porte ouverte à la destruction des loups sans la mise en place des moyens de protection. Les pouvoirs publics s’enfoncent de plus en plus dans la régulation et le zonage du loup…
– Le plan prévoit d’abattre 10 % de la population de loups chaque année. Mais l’expertise collective met en garde contre les trop nombreux tirs de loups actuels. Pour les chercheurs, les prélèvements légaux « ne devraient pas […], dépasser 10 % de l’effectif estimé pour que la population présente un bilan numérique au moins stable. » Pourtant, pour respecter ses engagements européens, la France ne doit pas réguler sa population de loups mais lui permettre de s’étendre tant que les milieux naturels favorables sont encore disponibles. Et ceux-ci sont encore nombreux, notamment dans les forêts de plaine, très giboyeuses. Dans les massifs montagneux, toujours aucune reproduction constatée dans le massif Central ou les Pyrénées 20 ans après le retour de l’espèce dans ces zones. Dans les Vosges, aucune naissance repérée au sein la SEULE meute reproductrice en 2017.
– Si le plafond de 10 % est atteint avant la fin de l’année, 2 % de la population de loups pourra éventuellement être encore tuée. Les pouvoirs publics ne sont même pas capables de respecter leurs dispositions de départ qui sont pourtant déjà très lourdes pour l’avenir du loup en France.
– Le loup est toujours une espèce menacée d’après la dernière Liste rouge UICN France (2017)
– Le plan loup a pour but d’atteindre « un seuil de viabilité de la population fixé à 500 spécimens », chiffre donné par l’expertise collective. Mais comme l’indique l’expertise : « 500 a longtemps été considéré nécessaire pour préserver le potentiel évolutif et réduire suffisamment les problèmes de dépression de consanguinité. Les généticiens considèrent aujourd’hui qu’il s’agit d’une sous-estimation, et recommandent des tailles efficaces de l’ordre de 1000-5000 ». Ou encore « pour permettre à la population de s’adapter aux changements futurs et ainsi assurer sa viabilité sur le long terme, un effectif de 2500 à 5000 individus adultes constitue le minimum nécessaire. »
Le chiffre de viabilité de 500 individus donné par le plan loup est obsolète. On se demande par ailleurs ce qu’il adviendra des loups « en surplus » une fois le chiffre de 500 dépassé, peut être dès 2019 : ces loups n’auront plus leur place d’après l’ État français ? Les milieux naturels favorables disponibles sont pourtant encore nombreux en France (cf plus haut).