Malheureusement les choses n’ont fait qu’empirer pour les loups aux États-Unis ces derniers mois depuis la perte de la protection fédérale.
WISCONSIN
Une action en justice intentée auprès du Département des Ressources Naturelles (DNR) par le groupe de chasseurs Hunter Nation a eu pour conséquence l’autorisation d’une chasse la dernière semaine de février. Un quota maximum de 119 loups avait été fixé mais la chasse a dû être stoppée au bout de 60 heures car 218 loups avaient déjà été abattus. Le gouverneur de l’Etat et le DNR ont promis de veiller à ce qu’une telle boucherie ne se reproduise pas à l’automne et une consultation du public est en cours. Cependant, si la protection fédérale n’est pas restaurée, il est probable qu’une nouvelle chasse aura lieu.
MONTANA
L’arrivée au pouvoir d’un nouveau gouvernement local à forte majorité anti-faune sauvage, a conduit au passage d’un grand nombre de lois anti-loups. Le nouveau gouverneur du Montana, Greg Gianforte, un millionnaire républicain qui s’est illustré en 2020 en attaquant un journaliste, a vite annoncé la couleur en piégeant et tuant illégalement un loup du parc de Yellowstone (1155M) en février dernier. Son acte était considéré illégal car il n’avait pas assisté au stage obligatoire que doit suivre tout piégeur. Malgré l’illégalité, il n’a bien sûr reçu qu’un petit blâme. Gianforte a signé la loi prolongeant d’un mois la saison du piégeage, la loi autorisant les collets, et surtout une loi qui prévoit l’extermination de la majorité de la population de loups de l’Etat pour la réduire à un minimum de 150 loups (seuil sous lequel les loups retrouveraient la protection fédérale).
IDAHO
Une loi visant à l’extermination de 90% de la population de loups de l’Idaho a été ratifiée par la législature et le gouverneur Brad Little. Cette loi autorise le massacre de loups de tous âges et tous sexes, à n’importe quel moment du jour ou de la nuit, toute l’année et par tous les moyens (y compris tir aérien et poursuite en motoneige). Est également autorisé l’emploi de “tueurs à gages” qui seront payés plus de $1.000 dollars par loup exécuté. Les organisations environnementales appellent le President Biden à supprimer les 18 millions de dollars d’aides à la gestion de la faune sauvage perçus annuellement par l’Etat d’Idaho.
NOTE: Au vu des actions du Montana et de l’Idaho, sans parler du massacre ayant eu lieu au Wisconsin, les organisations environnementales américaines demandent à l’administration Biden de redonner immédiatement la protection fédérale au loup. Ceci s’ajoutant aux actions en justice qui sont en cours contre l’agence US Fish & Wildlife…
CALIFORNIE
Un loup disperseur fait la une de nombreux journaux américains depuis plusieurs semaines. En effet, OR-93, un jeune loup de 2 ans a parcouru plus de 1,600 km depuis son Oregon natal et est maintenant arrivé jusque dans le centre de la Californie, une région n’ayant pas vu de loup depuis presque 200 ans ! Jusqu’à présent OR-93 est parvenu à traverser plusieurs autoroutes ainsi que des régions agricoles très peuplées. Il a récemment été repéré dans le comté de San Luis Obispo (à environ 300 km au nord de Los Angeles). Tout le monde espère qu’il survivra et repartira vers le nord de l’Etat, là où deux meutes sont établies et où il pourrait plus facilement trouver une compagne.
LOUP GRIS MEXICAIN – SUD OUEST AMERICAIN
Une bonne nouvelle dans l’effort de sauvegarde des loups gris mexicains, l’une des sous-espèces de loups la plus menacée au monde. La population a augmenté de 14% en 2020, avec un nombre de loups estimé à 186 individus, répartis entre le Nouveau Mexique, l’Arizona et le Mexique. Les organisations environnementales se félicitent de ce progrès mais notent cependant que l’USF&W rechigne toujours à relâcher des meutes adultes, une mesure sans laquelle les associations craignent que la diversité génétique de l’espèce ne s’affaiblisse davantage. En effet depuis plusieurs années, seule la méthode dite “cross fostering” est utilisée pour la sauvegarde de l’espèce. Elle consiste à placer des louveteaux de moins de 10 jours nés en captivité dans la tanière d’une louve sauvage venant de mettre bas. Celle-ci les adopte comme ses propres petits et les élève. Cette méthode est généralement couronnée de succès mais pas suffisante pour augmenter la diversité génétique. Les scientifiques estiment qu’il faudrait environ 750 loups pour considérer l’espèce hors de danger d’extinction, un chiffre dont nous sommes encore bien loin.
WASHINGTON ET OREGON
Les populations de loups de ces deux Etats sont en légère hausse.
En Oregon, la population est estimée à 173 individus soit une augmentation de 9.5% par rapport à 2019. Le piégeage et la chasse des loups y sont toujours interdits malgré la perte de la protection fédérale.
Dans l’Etat de Washington la population est estimée à 178 individus soit une augmentation de 24% par rapport à 2019.
Texte de Catherine Frizat pour FERUS