Le rapport ours pour l’année 2022 vient d’être publié par l’OFB.
76 ours ont été détectés en 2022 dans les Pyrénées, pour 70 en 2021. Certains ours non détectés en 2020 et 2021 l’ont été en 2022, permettant de réajuster les effectifs à 69 pour 2020 et 74 pour 2021.
8 portées totalisant 13 oursons ont été repérées en 2022, un ordre de grandeur comparable aux 2 années précédentes.
La croissance de la population se poursuit donc, avec un taux de natalité qui reste satisfaisant.
Les dommages attribués à l’ours (590 têtes de bétail) sont stables, malgré la population d’ours en croissance et la forte réduction des effarouchements en 2022, juridiquement suspendus. Ce qui pose une fois de plus la question de l’utilité de ces derniers.
Néanmoins, comme dit l’adage, le diable est dans les détails. Ces bonnes nouvelles ne doivent cependant pas masquer certains aspects préoccupants :
- La croissance de la population s’établit entre 7 et 9% pour ces 2 dernières années, alors que la moyenne des 6 années précédentes s’élevait à 14%. Fléchissement probablement dû, pour partie, aux 4 individus tués illégalement en 2020 et 2021, et non remplacés, contrairement aux engagements de l’Etat dans le plan ours.
- Le noyau de population des Pyrénées occidentales reste très fragile, malgré le succès de la reproduction de l’ourse Sorita. Il comporte 7 individus seulement, avec un sex-ratio très déséquilibré en faveur des mâles (5 mâles et 2 femelles détectés). Ce déséquilibre augmente le risque d’infanticide pour les années qui viennent.
- La consanguinité augmente inexorablement et finira par poser des problèmes, faute d’actions de l’Etat pour améliorer l’état de conservation de cette espèce, un des 3 mammifères les plus menacés en France.
- La femelle Fosca et son oursonne sont considérées disparues, faute de détection depuis la fin d’été 2020. Elles étaient parmi les rares femelles établies sur le front de colonisation oriental du Haut-Vicdessos. Il s’agit de la première disparition simultanée d’une femelle suitée et de sa portée.
- Concernant la portée de l’ourse Caramelles, tuée par un chasseur dans une réserve naturelle en novembre 2021, l’ourson mâle a survécu, puisque détecté plusieurs fois au cours de l’année 2022. En revanche l’oursonne n’a été détectée qu’en janvier 2022 : la question de sa survie reste donc en suspens.
En résumé, ce sont les ours qui « font le boulot » et ce qu’ils peuvent pour assurer un retour de l’espèce dans un état de conservation favorable, qui n’est pas garanti. Contrairement à l’Etat qui a abandonné toute action de conservation depuis 2019, malgré ses engagements du plan ours, et multiplie a contrario les dérogations à la protection de l’espèce.
Communiqué de FERUS, 4 avril 2023