Communiqué de Ferus, 8 septembre 2008
L’ours Balou a été blessé par un chasseur, nous espérons bien sûr qu’il s’en remettra. Qu’on ne s’y trompe pas, ce triste événement est tout sauf un malheureux concours de circonstances.
Après la mort de Cannelle, puis celle de Franska, Ferus avait averti solennellement les pouvoirs publics : puisque les forêts pyrénéennes ne disposent pas de parcs nationaux ou de réserves dignes de ce nom, il convient au minimum d’encadrer les activités les plus perturbantes pour les ours, dont la chasse en battue, et de sanctionner ceux qui les tuent ou même les dérangent volontairement.
Ferus renouvelle toutes ses demandes, que l’affaire Balou rend encore plus pressantes. Il faut d’abord voter une loi qui réprime les tentatives de destruction d’espèce protégée, et qui de plus sanctionne sévèrement les perturbations intentionnelles. Nous allons porter plainte dans cette affaire mais, et c’est un comble, le tireur ne semble pas risquer gros si l’ours n’est que blessé.
Il faut ensuite cesser d’absoudre ceux qui tuent des ours et qui s’en sortent devant des tribunaux peu au fait des réalités de la nature et du monde de la chasse. Nous avions dit au gouvernement que renoncer à faire appel de l’acquittement du tueur de Cannelle, c’était délivrer un permis de chasse à l’ours. Cela n’a pas traîné, et peu importent les détails que nous ne connaissons pas tous à ce jour. Que les chasseurs aient organisé une battue alors que la présence de l’ours était connue serait une circonstance aggravante mais les chasseurs ne sont pas censés être avertis de la présence de chaque représentant de toutes les espèces protégées de France. Leurs dirigeants disent partout que les chasseurs doivent identifier avant de tirer, et dans le doute s’abstenir. L’expression « tir d’instinct » est scandaleuse, elle fait froid dans le dos si l’on songe aux risques d’accident avec des promeneurs. La seule attitude correcte pour un chasseur surpris, c’est de ne pas tirer.
Il faut enfin rétablir des espaces de tranquillité là où les femelles ont l’habitude d’élever leurs jeunes et de passer l’hiver, en interdisant dans ces espaces la chasse en battue avec des chiens courants en automne, avant l’entrée dans les tanières.
Si par malheur Balou ne devait pas survivre, Ferus réclamerait, conformément au programme qu’il a adopté avec ses partenaires associatifs et remis à Nathalie Kosciuzko-Morizet, son remplacement par deux animaux reproducteurs. Et de toute manière Ferus confirme sa demande d’un programme de soutien régulier des populations d’ours pendant des années, jusqu’à ce qu’elles aient atteint le seuil critique qui leur permettra de surmonter ces aléas malheureux.
Photo : Balou lors de son relâcher en 2006