4 novembre 1992 : deux loups sont observés par un agent du parc national du Mercantour lors d’un comptage de mouflons. C’est le retour officiel du loup en France.
Trente ans après, le constat est amer. Si la France compte environ 1000 loups aujourd’hui, ils sont essentiellement regroupés dans les Alpes. Ailleurs, l’espèce peine à s’installer alors que les habitats favorables (couvert forestier suffisant, proies sauvages abondantes) sont encore nombreux. Seules trois meutes sont recensées hors des Alpes et il aura fallu près de 30 ans pour les y voir.
La raison : une politique de tirs intensive orchestrée par les pouvoirs publics. Chaque année, alors que l’espèce est strictement protégée par les lois européennes, près de 20 % de la population de loups peut être abattue, un taux plus élevé qu’une espèce gibier (chamois par exemple).
A ce jour, 140 loups ont ainsi été tués en 2022 sur un plafond de 174 loups. Cela signifie qu’en France, à l’heure où les citoyens prennent conscience de la crise de la biodiversité, un loup peut être abattu tous les deux jours…
Des tirs dont aucune étude n’a prouvé l’efficacité sur la protection des troupeaux. Seuls les moyens de protection des troupeaux fonctionnent et ont fait leurs preuves :bergers et aide-bergers, filets électriques, chiens de protection.
Quand la France cessera-t-elle de procéder à des tirs uniquement politiques destinés à faire plaisir à une partie du monde agricole ?
Quand la France mettra-t-elle enfin en place une politique de protection des troupeaux plus généralisée, en anticipant l’arrivée des loups sur les fronts de colonisation au lieu de réagir toujours dans l’urgence en tuant des loups ?
Que nous réserve le futur Plan Loup 2023-2028 ? Nos inquiétudes sont grandissantes et plus que légitimes. Pour preuve, les douze mesures pour la protection des troupeaux du Plan Loup actuel ne sont tout bonnement pas appliquées ! Des mesures que nous avions proposées pour améliorer la coexistence. Mais force est de constater que seuls les lobbies de la chasse et de l’agriculture ont l’oreille de l’État français. Tirs et régulation sont devenus les maîtres mots…
Le loup fait son retour partout en Europe de l’ouest : plus de 1000 loups en Allemagne, 1500-2000 en Espagne, 3300 en Italie mais aussi en Belgique, aux Pays-Bas, Luxembourg etc. La France est donc loin d’être un cas isolé mais elle est le plus mauvais élève de l’Union Européenne quant à la protection du loup.
La gestion du loup en France est de plus en plus alarmante. Et si notre pays changeait enfin de paradigme en mettant les moyens pour cohabiter avec le loup ? Nous travaillerons toujours en ce sens. Rendez-vous dans dix ans ?
Communiqué de presse de l’association FERUS, 4 novembre 2022