Dans un courrier adressé à Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l’Ecologie, et à Michel BARNIER, ministre de l’agriculture et de la pêche, les associations de la coordination CAP-OURS demandent à l’Etat des mesures à caractère urgent afin de protéger les ours de tout risque de destruction volontaire. Elles demandent également plusieurs mesures concernant notamment la conservation des habitats, la cohabitation et le renforcement d’ourses en Béarn.
CAP-Ours
Coordination Associative Pyrénéenne pour l’Ours.
Pyrénées ; pays des hommes, pays des ours.
www.cap-ours.fr
Saint-Gaudens, le 13 mars 2008
OBJET : Plan de Restauration et de conservation de l’ours brun dans les Pyrénées françaises
Le Plan de Restauration et de conservation de l’ours brun dans les Pyrénées françaises (2006 2009) est à mi parcours.
Ces trois dernières années ont vu la disparition de trois femelles : Cannelle (2004), Palouma (2006) et Franska (2007 forte présomption de battues organisées). Malgré de nouvelles naissances en 2007, la fourchette de l’évaluation des effectifs d’ours du massif pyrénéen en 2007 (N = 15 minimum et N=19 maximum) est inférieure à celle évaluée en 2006 (N = 15 minimum et N=21 maximum), sources ONCSF. Ce résultat, qui n’est pas satisfaisant et va à l’encontre des objectifs de la reconstitution d’une population viable d’ours dans les Pyrénées, place le gouvernement français face à ses responsabilités.
Par ailleurs, sur le plan de la cohabitation avec les activités humaines, on a assisté ces dernières années à des évènements extrêmement graves qui se soldent par exemple par la condamnation d’opposants à l’ours pour des faits d’agression envers des personnes, envers des lieux de vie comme le saccage du village d’Arbas (31), intimidations et harcèlement moral courants envers des personnes, ainsi que des appels à destruction d’ours.
De plus, des éléments concrets laissent craindre à partir de ce printemps une tentative de destruction de Hvala et de ses oursonnes (Pollen et Bambou). Nous pensons également que les autres ours de la chaîne des Pyrénées sont en danger de mort dès leur sortie de tanière.
Poursuivant son procès à charge fait contre l’ours, après la mort de l’ourse Franska l’été dernier, victime de battues d’effarouchement et criblée de plombs, sans oublier celle de Palouma en 2006, l’Association pour la Sauvegarde du Patrimoine d’Ariège-Pyrénées (ASPAP) a pris pour cible Hvala (cf.communiqué ASPAP du 22 août 2007, Ariège – Le sous-préfet face à la pression du terrain).
Fin janvier 2008, l’Association pour le Développement Durable de l’Identité des Pyrénées (ADDIP) et les associations pyrénéennes opposées à la présence de l’ours menacent de régler directement le problème des ours d’origine slovène (cf. communiqué ADDIP du 29 janvier 2008, Pyrénées – Mensonges de l’ours : la coordination pyrénéenne descend du minibus).
Sur le terrain, de l’avis de tous les acteurs et observateurs (naturalistes, bergers, éleveurs, agents de l’Etat, etc…), les moyens dont se dote l’Etat pour assurer le suivi de la population des plantigrades et les mesures d’accompagnement sont jugés insuffisants.
De ce fait, les associations de la coordination CAP-OURS demandent à l’Etat des mesures à caractère urgent afin de protéger les ours de tout risque de destruction volontaire
- en mobilisant dès la sortie de tanière des moyens humains supplémentaires afin de prévenir tout risque de destruction d’ours, en particulier sur la zone de présence de Hvala et de ses deux oursons, ainsi que de l’ourse Sarousse,
- en mettant en oeuvre les moyens nécessaires permettant un soutien technique et humain dès la sortie des troupeaux en moyenne montagne (bergers itinérants embauchés avant la montée des troupeaux en estive) sur les zones de sensibilité maximale (présence d’oursons),
- en rappelant aux opposants à l’ours le respect de l’état de droit, dès ce mois de mars,
- en préparant les préfets à communiquer calmement dans le cas d’attaques de troupeaux au printemps, période que mettent à profit les ennemis de l’ours pour exagérer le nombre des brebis qui seront prélevées,
- en mettant en œuvre un fonctionnement adéquat du Réseau Ours Brun, en particulier en réactivant un poste d’animateur en Pyrénées centrales, secteur où il y a le plus d’oursons depuis ces dernières années.
De plus, les associations de la coordination CAP-OURS demandent à l’Etat :
Volet conservation des habitats :
- le maintien et la réactivation des Comités Techniques Ours en Haute-Garonne, en Pyrénées-Atlantiques, et en Ariège ainsi que la création de telles instances consultatives en Hautes-Pyrénées, afin d’évaluer de façon collégiale les coupes et aménagements sylvo-pastoraux en zone à ours,
- le maintien des règles spéciales d’aménagements forestiers en zone à ours en application de la directive interministérielle de 1994,
- le rappel du Code Rural lors de la vente de véhicules motorisés tout terrain (Quad, motoneiges, motos tout terrains, véhicules 4×4),
- de prendre en compte les habitats Ours dans les DOCOB des sites Natura 2000 (peu ou pas évoqués à l’heure actuelle)
Volet cohabitation :
- de mettre en place, à l’échelon local notamment, des procédures de rencontre entre non agriculteurs, protecteurs de l’environnement et agriculteurs sur le thème de la biodiversité et de l’agriculture de montagne. (Voir préconisations dans le rapport Life suite au premier renforcement de 1996)
- de préparer des états généraux de la montagne pyrénéenne, pour réintégrer la problématique du renforcement de la population ursine dans un cadre plus général,
- de développer les efforts de formation et de sensibilisation à la présence de l’ours dans les secteurs du tourisme, de la chasse, de l’agriculture,… (aides aux associations),
- de valoriser l’image de l’Ours et l’émotion positive de la rencontre, et dédramatiser celle que l’on tente de faire prévaloir en Pyrénées (image négative, destructrice… développée par les opposants),
- de ne pas céder à la demande insistante de l’Institut Patrimonial du Haut Béarn, qui après avoir englouti près de 10 millions d’euros en quelques années, en faisant croire à la préparation de la réintroduction d’ours, redemande cette année la confiance de l’Etat,
- De ne plus communiquer la localisation des ours pour réduire la possibilité de leur localisation par des personnes mal intentionnées.
Volet relations transfrontalières et renforcement en ours :
- un rapprochement des pouvoirs publics français avec les autonomies espagnoles et l’Andorre,
- favoriser les échanges entre autonomies et conseils régionaux frontaliers en vue d’un renforcement sur le versant sud de la chaîne des Pyrénées,
- un renforcement d’ourses en Béarn,
- d’éviter une médiatisation abusive et encombrante lors des nouveaux lâchers,
Volet protocole ours à problèmes :
- de faire mieux connaître les mesures d’effarouchements, y préparer les personnes chargées de les mettre en œuvre,
Volet Pastoralisme :
- de soutenir les efforts des bergers et éleveurs favorables à la cohabitation Ours-Pastoralisme
- la tenue d’une réunion regroupant l’Equipe Technique Ours, le Groupement Pastoral du Barestet, et les divers partenaires associatifs pour envisager les mesures de gardiennage et de regroupement nocturne sur l’estive fréquentée par Hvala.
Pour que ce patrimoine emblématique et culturel perdure comme le souhaite la majorité des pyrénéens et pyrénéistes, et de la majorité des Français, pour transmettre aussi ce prestigieux trésor aux générations futures, à nos visiteurs, aux amoureux de notre montagne, la coordination CAP-Ours en appelle au courage de l’Etat pour faire appliquer les engagements internationaux de la France en matière de préservation de la biodiversité.
L’État étant le garant de la sécurité des ours, nous espérons vivement, Madame la secrétaire d’État, que vous pourrez prendre les mesures utiles pour éviter les perturbations intentionnelles des ours voire leur destruction.
Les Associations de CAP-Ours restent à votre disposition afin d’échanger et d’approfondir chaque point exposé dans ce présent courrier.
Les associations membres de CAP – Ours
Action Nature, Association Pyrénéenne des Accompagnateurs en Montagne du département Pyrénées-Orientales (APAM 66), APATURA, Associations Départementales Pyrénéennes des Accompagnateurs en Montagne des départements Ariège et Haute Garonne (ADPAM Ariège et ADPAM Haute Garonne), Les Amis du Pic du Gar, Les Amis de la Terre Midi-Pyrénées, Les Amis de l’Ours en Pyrénées Centrales (AMOPYC), Association des Naturalistes Ariègeois (ANA), Association Nature Comminges (ANC), Association de Promotion des Initiatives des Habitants de Mijanès (APIHM), Collectif Ax 24 mars, Comité Ecologique Ariégeois (CEA), Conseil International Associatif pour la Protection des Pyrénées (CIAPP), Connaissance de l’ours, FERUS (Groupe Loup France/ARTUS), Fonds d’Intervention Eco-Pastoral – Groupe Ours Pyrénées (FIEP), France Nature Environnement (FNE), L’œil aux aguets, Mille Traces, Nature Midi-Pyrénées (NMP), Nature Midi-Pyrénées comité local Hautes-Pyrénées, Pays de l’Ours-ADET (Association pour le Développement Durable des Pyrénées centrales), Société d’Etude de Protection et d’Aménagement de la Nature dans le Sud Ouest-Béarn (SEPANSO), Société Française d’Etude et de Protection des Mammifères (SFEPM), Sours, Société Protectrice des Animaux (SPA), Union Midi-Pyrénées Nature et Environnement (Uminate), Union Midi-Pyrénées Nature et Environnement – Hautes Pyrénées (Uminate 65), WWF France.
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