Les dégâts occasionnés par les ours, les vautours et autres espèces protégées se sont réduits pratiquement au minimum ces dernières années en Catalogne (Espagne) du fait essentiellement des mesures de protection et, dans une moindre mesure, du fait d’une meilleure attribution (des origines) des prétendues attaques. Si, en 2009, les pouvoirs publics catalans avaient payé 97 000 euros d’indemnisation pour 123 dommages, en 2015 (année la plus récente pour laquelle les chiffres sont disponibles), la somme s’est réduite à 2700 euros pour seulement 18 dommages.
Ricard Casanovas, chef du service de la faune et la flore, a souligné que ces résultats ont été obtenus alors que les populations d’ours et de vautours ont notablement augmenté. Ces deux espèces monopolisent la quasi totalité des dégâts indemnisés par la Généralité de Catalogne entre 2009 et 2015. On estime qu’il y a actuellement 40 ours sur les deux versants des Pyrénées centrales et plus d’un millier de couples de vautours.
La Généralité indemnise les dégâts dus aux espèces protégées. Les ours et les vautours mais aussi les rapaces comme l’aigle, l’épervier, les corvidés jusqu’au loup, le grand prédateur dont les indices de présence se sont dilués ces dernières années. Bien que ne figurant pas dans les statistiques antérieures, les pertes causées dans les rizières par les flamants et autres oiseaux sont aussi indemnisées.
Le gibier, source de conflit
Par contre, cette tendance à la baisse n’a pas été constatée pour les dégâts (dont les accidents de la route) dus aux espèces gibier comme le sanglier, le chevreuil, le renard ou le lapin ni par les chiens errants. Les populations de ces espèces se sont envolées ces dernières années pour devenir un problème majeur pour l’agriculture mais aussi pour les troupeaux domestiques (risques de transmission de maladies).
La diminution progressive des demandes d’indemnisation relatives à l’ours correspond, d’après Casanovas, à la mise en œuvre de moyens de protection financées par la Généralité (regroupement des troupeaux, chiens de protection, cabanes pastorales, clôtures pour protéger les troupeaux durant la nuit et clôtures électriques pour protéger les ruches). Ce sont bien les attaques qui sont plus rares et non pas les indemnisations qui auraient baissé, insiste le chef du service de la faune. »Tous les dégâts d’ours sont payés. Grâce aux expertises, on peut parfaitement distinguer si l’ours est responsable » ajoute t-il.
Des expertises plus précises pour les vautours
Le cas du vautour fauve est différent. Casanovas précise que le nombre de dégâts ayant fait l’objet d’une indemnisation a diminué sensiblement avec l’introduction d’expertises plus précises capables de discerner si les vautours étaient réellement responsables de la mort d’agneaux ou de veaux nouveaux-nés. Les cas antérieurs considérés comme dus au vautour ont été supprimés, le vautour n’ayant pas la capacité d’attaquer. Les seuls cas positifs se produisent après une mise bas, quand des groupes de nombreux vautours peuvent se ruer sur le placenta et causer ainsi des blessures aux jeunes animaux. Les vautours ont une fonction très utile en montagne en éliminant les cadavres, explique-t-il.
Quant au loup, le dernier cas avéré avec certitude remonte à 2011 dans une exploitation ovine de Castellterçol (Vallès Oriental). Depuis lors, et bien que quelques loups aient été détectés depuis (Ripollès, Cerdagne, Alt Urgell et Solsonès), il n’y a pas eu de constat de dégâts sur les troupeaux domestiques, certainement grâce aux moyens de protection des troupeaux.
D’une manière générale, résume Casanovas, les moyens de protection des troupeaux s’avèrent être plus économiques et occasionnent moins de conflits sociaux que la simple indemnisation, même bien payée, comme c’est le cas en France. En 2016, la Généralité s’est engagée à indemniser les dégâts dus aux ours et aux vautours en 5 jours maximum. De plus, elle a mis en place une mesure de sécurité spécifique pour les problèmes avec les ours.
L’ours Goiat, au centre de la critique des éleveurs
Goiat, l’ours d’origine slovène relâché en 2016 en Pallars Sobira (Catalogne) pour lutter contre la consanguinité des ours pyrénéens, s’est retrouvé au centre des critiques des éleveurs du Val d’Aran qui l’ont considéré comme un animal dangereux, en exigeant sa capture et son retour en Slovénie. L’ours, un mâle de 200 kg, a causé ce printemps dernier la mort de deux juments, un poulain et 15 ovins. Il a également détruit deux ruches. Il sortait d’hibernation et avait besoin de protéines mais depuis, les problèmes ont cessé, dit Casanovas. Le responsable considère que Goiat n’est plus guère un ours à problème, il est devenu comme les autres, notamment en France. « Les dégâts sont dans la norme mais nous devons les maintenir les plus faibles possible et veiller à ce que les indemnisations soient effectives » dit Casanovas. Goiat porte un émetteur qui permet de le localiser.
Source : El Periodico
Traduction / adaptation : Eugène Reinberger pour FERUS