Plusieurs dizaines de brebis sont tombées d’une barre rocheuse dans le massif d’Orlu en Ariège, ce que chacun déplore. Sans attendre, ceux qui veulent éradiquer les ours l’ont mis en cause en affirmant que l’un d’eux était responsable, et les médias locaux ont emboîté le pas (avec des circonlocutions du genre « fortes présomptions pour qu’un ours soit indirectement à l’origine du dérochement »…). En réalité nous n’avons à ce jour (mardi 10 juillet 16 heures) aucun indice attestant l’implication d’un ours, malgré une enquête menée aussitôt sur place par des experts.
Cette histoire va peut être faire une victime collatérale, Franska, l’ourse qui vit loin de là en Bigorre et que les éleveurs locaux -qui ne protègent pas leurs troupeaux- veulent abattre. Ils l’ont annoncé dans les journaux, la télévision a largement relayé leur colère, on est bien loin du « Grenelle de l’Environnement ».
Nous ne demandons pas qu’on dissimule des faits, mais nous réclamons de la part des médias plus d’objectivité dans le traitement de ce type d’information : diffuser sur le mode sensationnel le point de vue de ses ennemis équivaut à déclarer ouverte la chasse à l’ours.
Pour l’affaire de l’Ariège, il faut d’abord dire que dans le doute, qui profite à l’éleveur, les bêtes mortes seront intégralement remboursées par l’Etat sur les crédits « ours ». Sans ours dans la montagne, les dérochements (qui sont fréquents, dus à des causes multiples, orages, chiens, avions) ne donnent lieu à aucune indemnisation.
Ensuite, il faut attendre le rapport officiel des enquêteurs sur les circonstances de l’accident. Il ne faut évidemment pas tenir pour véridiques les éléments apportés par les seuls ennemis de l’ours. Si un ours a pu semer la panique dans un troupeau malgré la présence de quatre patous et d’un berger, c’est une première et cela remettra en question certaines affirmations relatives aux moyens de protection : raison de plus pour attendre calmement les résultats de l’enquête avec la ferme intention de ne se fonder que sur des faits établis pour proposer ensuite, le cas échéant, des pistes de travail.
Enfin Ferus rappelle une fois de plus que la biodiversité en montagne (ou en plaine) n’a nullement besoin de moutons pour prospérer, la nature s’est débrouillée des millions d’années sans le bétail qui fait beaucoup de dégâts même si le pâturage supplée des animaux sauvages que l’homme a détruits.