Chasse et protection de l’ours. Par Jean Lauzet
Article paru dans la Gazette des grands prédateurs n°59 (mars 2016)
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Durant des siècles, l’ours fut à la fois un gibier prestigieux pour les chasseurs en même temps qu’un nuisible pour les éleveurs et les cultivateurs qui détruisaient aussi l’animal. Lorsque la technologie toujours plus performante accrut les tableaux de chasse et l’efficacité des autres moyens de destruction, tout en permettant une anthropisation des milieux rendant ceux-ci plus inhospitaliers pour l’ours, les populations d’Ursus arctos ont rapidement atteint des seuils inquiétants un peu partout en Europe. La volonté de stopper ce déclin a conduit à prendre des mesures pour limiter ces trois causes de disparition. C’est ainsi que dans tous les pays, la chasse à l’ours fut interdite ou drastiquement limitée sur toute ou partie du territoire, sa destruction par tous autres moyens prohibée et certaines zones incluses dans des parcs nationaux ou des réserves.
Dans un grand nombre de cas, ces dispositions suffirent pour permettre l’augmentation des effectifs de manière satisfaisante. Dans les Carpates, l’exemple slovaque est caractéristique (1). Il restait environ 80 ours lorsque fut décidée en 1932 l’interdiction de le chasser. L’animal qui pouvait encore être tué par les cultivateurs fut définitivement protégé en 1947, un an avant que soit créé dans les Tatras le premier parc national où le pastoralisme fut interdit, réglant de manière autoritaire les problèmes de cohabitation entre ours et éleveurs… Bilan de ces mesures, auxquelles il faut ajouter le nourrissage des ours, le pays comptait environ 400 ours dans les années soixante, date à laquelle la chasse fut définitivement ré-ouverte. Le scénario est analogue en Slovénie, dans les Alpes dinariques, où il ne restait qu’une cinquantaine d’ours lorsque furent interdites, en 1935, sa chasse et sa destruction sur une grande partie de son aire de répartition, avant que le redressement des effectifs (entre 160 et 200 ours), ici aussi favorisé par le nourrissage, n’autorise le retour à une régulation de l’espèce qui est encore chassée de nos jours. Notons que les régions du pays où l’animal fut protégé, dont la fameuse zone de Kocevje, correspondaient à celles où l’élevage d’ovins était inexistant, ce qui permit de limiter les destructions par les éleveurs (2). En Scandinavie, la Suède ne comptait plus qu’environ 130 ours en 1930 lorsque la chasse fut interdite dans certaines zones et notamment les parcs nationaux créés au tout début du siècle. En 1943, la chasse est ré-ouverte suite à l’augmentation des effectifs qui atteignaient déjà les 300 spécimens. Aujourd’hui, l’ours est encore chassé, sans que cela n’empêche la population d’augmenter. Il y aurait plus de 2000 ours en Suède (3).
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