Coexistence info n°1, septembre 2005

Coexistence info n°1, septembre 2005

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Sommaire

  • Qu’est ce que LIFE ?
  • Présentation du projet LIFE COEX / P.2
  • En Italie / P.3-4
  • En Espagne / P.5
  • Au Portugal / P.6
  • En France / P.7-8
  • En Croatie / P.9
  • Les actions planifiées et les résultats attendus / P.10
  • Les premières actions engagées / P.11
  • Les rencontres nationales, quelques actions à venir, informations pratiques / P.12

Téléchargez le premier numéro de Coexistence Infos, le bulletin de LIFE COEX

Luigi Boitani

Editorial
Le conflit entre les grands carnivores et les êtres humains a des origines lointaines et n’a jamais été résolu sans des campagnes d’extermination qui ont conduit la plupart de ces animaux à l’extinction dans une grande partie de leurs habitats d’origine.
Néanmoins, dans l’histoire de l’Homme, il y a de nombreux exemples de coexistence avec différents degrés de succès. On n’assiste jamais à des relations pacifiques entre les deux parties, mais on peut facilement parler d’une “ paix armée ”. Le secret de ces formes de coexistence réside dans la capacité à la fois des carnivores et des humains à s’adapter à certaines mesures de “ restriction ”.
Les populations de grands prédateurs sont capables de maintenir leur dynamique de croissance grâce à leurs caractéristiques biologiques intrinsèques. L’abattage contrôlé d’un petit pourcentage de la population et les autres abattages occasionnels causés par les humains n’ont jamais causé l’extinction des populations de grands carnivores en bonne santé. Mais “ en bonne santé ” veut dire avoir une structure démographique équilibrée, être présent à une densité naturelle, avoir accès à des proies sauvages, également à une densité naturelle, etc. Ces situations sont presque inconnues des populations résiduelles de grands carnivores dans la majeure partie de l’Europe.
Du côté de l’homme, la capacité à s’adapter à des mesures de “ restriction ” signifie montrer plus de tolérance envers des pertes d’animaux domestiques, lorsque celles-ci présentent un caractère occasionnel. Cette tolérance, présente dans de nombreuses régions d’Europe du sud, devient de plus en plus rare chez des populations humaines qui deviennent de plus en plus habituées à agir comme les seules propriétaires des ressources naturelles et de l’environnement.
Le projet COEX s’est développé dans le but de relancer le défi de revenir à une situation de “ conflit supportable ” pour les deux parties. C’est un défi difficile, mais certainement pas impossible. La sagesse acquise à travers les âges par les communautés agricoles et pastorales dans de nombreuses régions du sud de l’Europe est à partager pour trouver une nouvelle voie, avec l’aide des nouvelles techniques, pour maintenir les grands carnivores et les humains dans les mêmes environnements, sans qu’il y ait besoin de ségrégations artificielles ayant pour but de séparer rigoureusement les deux parties. L’esprit de fond du projet n’est pas de maintenir les hommes et les grands carnivores séparés dans des mondes qui s’excluent, mais vise au contraire la recherche de formes de coexistence, de tolérance et d’acceptation. C’est la recherche d’une façon responsable d’être tous sur notre Terre.

Luigi Boitani, Président de l’Institut d’Ecologie Appliquée, Directeur du Département de Biologie Humaine et Animale de l’Université de Rome “La Sapienza”.

Coexistence Infos 1

Luigi Boitani

Editorial
Le conflit entre les grands carnivores et les êtres humains a des origines lointaines et n’a jamais été résolu sans des campagnes d’extermination qui ont conduit la plupart de ces animaux à l’extinction dans une grande partie de leurs habitats d’origine.
Néanmoins, dans l’histoire de l’Homme, il y a de nombreux exemples de coexistence avec différents degrés de succès. On n’assiste jamais à des relations pacifiques entre les deux parties, mais on peut facilement parler d’une “ paix armée ”. Le secret de ces formes de coexistence réside dans la capacité à la fois des carnivores et des humains à s’adapter à certaines mesures de “ restriction ”.
Les populations de grands prédateurs sont capables de maintenir leur dynamique de croissance grâce à leurs caractéristiques biologiques intrinsèques. L’abattage contrôlé d’un petit pourcentage de la population et les autres abattages occasionnels causés par les humains n’ont jamais causé l’extinction des populations de grands carnivores en bonne santé. Mais “ en bonne santé ” veut dire avoir une structure démographique équilibrée, être présent à une densité naturelle, avoir accès à des proies sauvages, également à une densité naturelle, etc. Ces situations sont presque inconnues des populations résiduelles de grands carnivores dans la majeure partie de l’Europe.
Du côté de l’homme, la capacité à s’adapter à des mesures de “ restriction ” signifie montrer plus de tolérance envers des pertes d’animaux domestiques, lorsque celles-ci présentent un caractère occasionnel. Cette tolérance, présente dans de nombreuses régions d’Europe du sud, devient de plus en plus rare chez des populations humaines qui deviennent de plus en plus habituées à agir comme les seules propriétaires des ressources naturelles et de l’environnement.
Le projet COEX s’est développé dans le but de relancer le défi de revenir à une situation de “ conflit supportable ” pour les deux parties. C’est un défi difficile, mais certainement pas impossible. La sagesse acquise à travers les âges par les communautés agricoles et pastorales dans de nombreuses régions du sud de l’Europe est à partager pour trouver une nouvelle voie, avec l’aide des nouvelles techniques, pour maintenir les grands carnivores et les humains dans les mêmes environnements, sans qu’il y ait besoin de ségrégations artificielles ayant pour but de séparer rigoureusement les deux parties. L’esprit de fond du projet n’est pas de maintenir les hommes et les grands carnivores séparés dans des mondes qui s’excluent, mais vise au contraire la recherche de formes de coexistence, de tolérance et d’acceptation. C’est la recherche d’une façon responsable d’être tous sur notre Terre.

Luigi Boitani, Président de l’Institut d’Ecologie Appliquée, Directeur du Département de Biologie Humaine et Animale de l’Université de Rome “La Sapienza”.