Mise à jour 12 juin 2023: Le tribunal correctionnel de Foix a rendu ce 6 juin 2023 son jugement dans l’affaire de la vidéo dite de la « chasse à l’ours ». Vidéo qui, en septembre 2017, montrait une trentaine de personnes cagoulées et pour certaines armées, proclamer la réouverture de la chasse à l’ours. Quatre personnes comparaissaient dans ce dossier le 18 avril dernier. Résultat : deux relaxes et deux condamnations. Les détails sur La Gazette Ariégeoise.
Commentaires de FERUS :
- Condamnation de Rémi Denjean : Cette personne est une habituée des gardes à vue à la gendarmerie de Pamiers et a déjà été condamnée pour des atteintes à l’environnement. Rien d’étonnant donc, et sa condamnation apparaît comme la moindre des choses.
- Relaxe de Philippe Lacube et Jonathan Rives, malgré le faisceau d’éléments pointant vers ces personnes. Le bénéfice du doute a été invoqué par les juges. Soit. Ironiquement, on constate que le bénéfice du doute joue exactement en sens inverse pour les prédations d’ours, ce dernier étant systématiquement présumé coupable en cas de doute. Philippe Lacube, jouant comme d’habitude un rôle de pompier, s’en sort bien une fois de plus, bien qu’orbitant, comme son collègue Rémi Denjean, autour de nombreux coups tordus. Il faut qu’il apparaisse d’évidence devant les caméras et proférant des menaces par haut-parleur, comme à la Bastide de Sérou, pour que le masque du pompier tombe officiellement pour révéler le pyromane, et être condamné.
- Quant à Christian Soulère, condamné à juste titre, il apparaît plutôt comme le lampiste de service dans cette autre affaire sur l’estive du Port de Saleix.
Relativement aux trop nombreuses exactions anti-ours de ces trop nombreuses années, et la trentaine de personnes ayant participé à cette vidéo des encagoulés, le bilan apparaît d’évidence plutôt maigre. Si on compare avec l’empoisonnement de Cachou et la vitesse avec laquelle la justice catalane a pu identifier et interpeller les coupables présumés, on peut s’interroger sur les moyens mis en œuvre en France pour aboutir, au bout de 6 longues années, à un jugement de si peu de prévenus, 50% d’entre-eux bénéficiant de preuves insuffisantes aux yeux des juges. L’efficacité de la France en la matière apparaît particulièrement pitoyable, à moins qu’un manque de volonté politique pour mettre les moyens adéquats aboutisse à ce résultat mitigé.
Pas sûr que tout ceci soit suffisamment dissuasif dans un pays où la protection de la faune sauvage reste trop largement une affaire d’affichage.
Mise à jour septembre 2017: la préfète de l’Ariège, Marie Lajus, vient tout juste de réagir par communiqué. Elle condamne une « dérive pathétique dans la violence et l’illégalité » et s’insurge : « Cette simagrée d’organisation terroriste, s’il ne s’agit pas d’un canular, porte préjudice à tous ceux qui défendent le développement des territoires ruraux et de montagne ». La préfète « invite les responsables professionnels, institutionnels et politiques à marquer leur désaccord avec ceux qui franchissent la ligne de l’illégalité et condamner cette nouvelle irruption de violence et d’usage des armes ». Ses services ont transmis la vidéo au procureur de la République de Foix pour engager des poursuites judiciaires.
Communiqué de FERUS, 15 septembre 2017
Ours : rien de glorieux, que des braconniers !
Un commando armé et encagoulé s’est mis en scène à la manière de véritables terroristes tentant d’imposer ses vues par la force des armes. Il ne représente en rien « les Ariégeois », contrairement à ce qu’il prétend, et encore moins « les Pyrénéens », pas plus qu’il ne représente « les randonneurs » ou « les élus » comme le prétend la voix anonyme qui lit un texte aussi violent que truffé d’inexactitudes et d’outrances dans un pays par ailleurs malmené ces derniers mois par d’autres violences.
Nous ne pouvons espérer qu’un chose : qu’il s’agisse d’un mauvais canular.
Si cela n’est pas le cas :
– Nous rappelons que la destruction d’une espèce protégée est un délit puni par l’article L 415-3 du code de l’Environnement, sanctionné d’une peine de 2 ans de prison et/ou de 150 000 euros d’amende. En cas de destruction « en bande organisée », la sanction peut aller jusqu’à 7 ans d’emprisonnement et 750 000 € d’amende ;
– Nous déplorons la facilité avec laquelle une certaine presse relaie, sans indignation aucune, une information anonyme aussi violente et relevant de la politique de la terreur. Ceci a de quoi inquiéter et pour le moins questionner ;
– Nous demandons aux services de l’État de réagir fortement et fermement, une enquête doit être menée et suivie d’effets ;
– Nous demandons que la brigade mobile anti-braconnage de l’ONCFS soit mobilisée afin d’assurer la sécurité des ours.
Notre présence permanente dans les Pyrénées, notamment dans le cadre de programmes associatifs de terrain au cœur des zones à ours, de même que tous les sondages réalisés depuis plus de 20 ans, montrent que ce qui transparaît dans cette vidéo ne reflète en rien l’opinion des populations montagnardes.
Le seul objectif de cette mascarade vidéo semble bien évidemment de mettre une pression maximale sur le ministre Hulot, le gouvernement et le président Macron pour que le coup de pouce nécessaire au sauvetage de l’ours en France n’ait jamais lieu.
Le pouvoir actuel sera-t-il assez solide, lucide et responsable pour résister à ces provocations anti-démocratiques, anti-républicaines, en un mot, graves mais aussi clairement illégales et porteuses de dérapages bien plus inquiétants ? Un coup d’arrêt est indispensable si la France est encore un État de droit.
Sinon, la prochaine étape sera probablement la découverte du cadavre d’un ours devant les portes d’une préfecture.
En conclusion, nous notons que le bizutage de Nicolas Hulot se poursuit. Le feu est mis dans les Pyrénées juste par la nomination d’une personne connue pour ses positions en faveur de la biodiversité… Avec ou sans lâchers d’ours supplémentaires, ces actes de violence ont lieu.
Que Nicolas Hulot lâche des ours puisque, avec ou sans, le feu est mis !