FERUS a remis ce jour au préfet des Pyrénées-Atlantiques sa contribution à la consultation pour le lâcher d’une ourse dans le Béarn. FERUS remercie vivement tous ses adhérents et sympathisants qui ont adressé au préfet leurs propres arguments alors que nous avons fait le choix de ne pas vous mettre à disposition une lettre-type. Merci à vous.
Pau, le 4 février 2011.
Monsieur le Préfet,
Ferus est très favorable à l’apport d’une ourse dans le Béarn en 2011. Notre association l’est « par nature » puisqu’elle se consacre à la sauvegarde du patrimoine prestigieux que sont les grands prédateurs de France, l’ours, le loup et le lynx.
Mais il ne s’agit pas, dans la consultation que vous avez initiée, de compter les voix des pour et des contre. Conformément à la lettre et à l’esprit des textes, vous recueillez des observations et des arguments. Ferus n’a pas fait diffuser de lettre-type car ce n’était pas le but de l’exercice.
Il semblerait d’ailleurs que cette très large consultation n’ait pas provoqué de mobilisation particulière. Sauf les opposants habituels qui gesticulent pour attirer l’attention des médias, la population a accueilli le projet de réintroduction avec une grande sérénité. Tant mieux, cela prouve que l’ours se banalise dans les esprits et que l’on va peut-être enfin tourner la page des psychodrames orchestrés autour d’un animal en réalité très discret.
Ferus a déjà dit à la ministre que les renforts de population étaient un moyen parmi d’autres, auquel il convenait de recourir à bon escient sans focaliser dessus toute une stratégie de conservation. En quelque sorte, banaliser aussi, quand ils s’avèrent indispensables, les lâchers d’ours. Cette opération, dans le cas du Béarn où ne vivent que deux mâles et aucune femelle, est plus que nécessaire. Elle peut assurer la perpétuation des gènes de la souche pyrénéenne, elle peut surtout garantir la présence de l’ours dans un de ses bastions historiques. Ferus a également dit à la ministre qu’un lâcher ponctuel était tout à fait insuffisant et que l’espèce n’était pas davantage tirée d’affaire dans le reste de la chaîne pyrénéenne, mais nous nous concentrerons en 2011 sur l’espoir que représente la femelle promise au Béarn.
Ferus sera attentif, en tirant les enseignements du passé, aux modalités de renforcement.
Nous demandons avec force que, contrairement à ce qui a été suggéré par l’ONCFS, il n’y ait pas de répondeur vocal indiquant la localisation journalière de l’animal. Le précédent de Franska, harcelée par les opposants grâce aux localisations officielles puis finalement poussée à la mort, ne doit pas être oublié.
L’Etat devra veiller à la tranquillité de cette femelle ainsi qu’à celle des deux mâles béarnais. Dans cette optique, la localisation de l’ourse par l’équipe ours de l’ONCFS pourra éviter qu’elle soit enfermée dans une des battues au sanglier qui ont conduit à la fin de Mellba et de Cannelle comme à la grave blessure de Balou.
Nous vous rappelons que Ferus a rédigé en octobre 2010 des préconisations sur les mesures qui doivent accompagner le lâcher, notamment en matière d’habitats et de chasse, vous voudrez bien en trouver une copie en pièce jointe.
L’Etat comme ses partenaires devra malheureusement aussi prévoir des impondérables, qui peuvent survenir lors de toute translocation d’animal sauvage et avoir des conséquences néfastes pour ce dernier : divagation excessive, mort par accident … Les ours slovènes ont prouvé leur grande capacité à s’adapter aux Pyrénées une fois la période critique des premiers jours passée. Il ne faudra pas dramatiser un insuccès, et remplacer cette femelle comme c’est la règle dans tous les pays qui procèdent à des renforcements de populations sans mise en scène excessive.
S’agissant du contexte général, Ferus sait que les opposants ressortent comme toujours les trois arguments que leur ont soufflé leurs conseillers en communication :
Les dégâts (des exploitations fermeraient du fait de l’ours !) alors que ce dernier n’a tué que 4 brebis en 2010 en Béarn, et moins de 170 sur l’ensemble de la chaîne contre des dizaines de milliers de morts dues à d’autres facteurs, sur un cheptel de plus de 600 000 têtes…
Les risques pour l’homme, alors qu’en Espagne et en Italie, pour ne pas parler de la Slovénie, des centaines d’ours vivent au contact des hommes sans problème. Et que dans les Pyrénées vivent encore des hommes qui ont cohabité avec des dizaines d’ours.
L’atteinte à la biodiversité (sans rire) alors que l’ours est pour les scientifiques l’espèce parapluie par excellence pour la biodiversité en forêt.
Imaginons ce que diraient les Français de leurs gouvernants du moment en matière de politique de la biodiversité et du patrimoine naturel si l’ours disparaissait. Ce serait le premier mammifère que nous perdrions (depuis le retour du loup et du lynx) depuis Charlemagne ! Et pas n’importe lequel, le plus célèbre, celui qui véhicule une image très positive …
Certes l’acceptation sociale locale est rendue plus difficile par les efforts acharnés des opposants relayés par des élus locaux qui ont fait de l’ours l’incarnation de tous les problèmes qu’ils rencontrent. Mais l’ours reste largement aimé et demandé par une majorité de Pyrénéens, et Ferus contribuera à favoriser cette acceptation : notre programme de bénévolat Parole d’ours 2011 mettra l’accent sur le Béarn à l’occasion du lâcher d’une ourse, et plusieurs des soirées d’échanges que nous organisons avec le FAPAS espagnol à partir de la fin du mois de mai auront lieu dans le Béarn. Nous vous joignons également le bilan de cette opération pour 2010.
Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Préfet, l’expression de notre profond dévouement.
Pour le conseil d’administration, le Président – Jean-François Darmstaedter.
Voir le courrier tel qu’il a été remis au préfet :
Voir aussi :
– « Bilan des soirées-échanges FERUS vivre avec l’ours dans les Pyrénées » (18/11/2010)
Lire le dossier de presse de clôture de la saison Parole d’ours 2010 :
Voir aussi :
– « Bilan des soirées-échanges FERUS vivre avec l’ours dans les Pyrénées » (18/11/2010)