Une nouvelle fois, le ministère de l’écologie (sic) et l’Etat ignorent éhontément les recommandations des scientifiques et malgré le vote défavorable du CNPN, il n’a qu’une idée en tête : faire plaisir au lobby de l’élevage et ce malgré les intimidations, violences et saccages d’une minorité qui en demande toujours plus. C’est à nouveau leur donner gain de cause. La ministre ignore également l’avis des citoyens français, balayant d’un revers de main les nombreux manifestants du 16 janvier, les 106 000 signataires de la pétition et les commentaires très majoritairement défavorables aux tirs lors de la consultation du 1er arrêté.
Le projet d’arrêté de tir de 6 loups supplémentaires est donc en ligne sur le site du ministère. La consultation du public est ouverte du 11 février au 4 mars 2016. Vous avez donc un peu moins d’un mois pour donner votre avis.
Pour ce faire, allez en bas de la page et cliquez sur «déposez votre commentaire» : Projet d’arrêté fixant un nombre supplémentaire de spécimens de loups (Canis lupus) dont la destruction pourra être autorisée pour la période 2015-2016
Même si nous savons par expérience que les avis sont rarement pris en compte, il est important que le nombre de commentaires exprimant leur opposition aux tirs de loup soit important. Cela donne du poids à nos revendications.
Si vous manquez d’inspiration, voici quelques arguments :
– Le nombre de loups en France a baissé entre 2014 et 2015, ces tirs mettent encore plus en péril la population de cette espèce protégée.
– Les tirs ne sont pas une solution sur le long terme, seuls les moyens de protection permettent une cohabitation durable.
– Ces tirs sont un mauvais signal envoyé aux éleveurs, qui les désincite à mettre en oeuvre une protection efficace de leurs troupeaux en leur proposant cette « solution » radicale et qui ne fait baisser la pression de prédation qu’à très court terme.
– En prenant en compte tous les cas de mortalité connus, au moins 41 loups ont déjà été tués en France pour la période 2015-2016, le plafond de 36 est déjà largement dépassé depuis début décembre (voir –> ICI).
– La préfecture de l’Isère vient récemment d’admettre que les attaques les plus mortelles avaient été observées sur les troupeaux pas, ou peu protégés (voir –> ICI). Il ne doit plus être admis que certains éleveurs exposent ainsi leur troupeau à la prédation ! C’est sur ce point que l’Etat devrait acter en priorité et non sur toujours plus de tirs de loups qui participent à exempter les éleveurs de leur responsabilité de protection de leur bétail.
– Ces tirs sont de la poudre aux yeux envoyée aux éleveurs. Le nombre supplémentaires de tirs en 2015 n’a pas permis de faire baisser la prédation sur le bétail. Entre 2014 et 2015, le nombre d’attaques sur les troupeaux imputées au « loup non exclu » a même augmenté de 4%, et le nombre de brebis indemnisées a augmenté de 2%.
Notre contribution à cette consultation :
NON AUX TIRS ET A LA CHASSE AU LOUP, par Association Ferus , le 15 février 2016 à 15h00
L’association Ferus dénonce cette mesure scandaleuse et inefficace. C’est la honte de l’Etat français, sous la pression des lobbies du monde de l’élevage et de la chasse, de vouloir régler le problème par le fusil sur une espèce strictement protégée.
La seule vraie solution est de protéger correctement les troupeaux pour éviter la prédation. Bien des éleveurs refusent de prendre des mesures correctes de protection qui évitent la prédation. Ceux qui, à l’inverse, se protègent correctement, n’ont pratiquement plus de problèmes.
Pas de contrôles sur les mesures qui sont sensées être mises en place et tout est sur du déclaratif, non contrôlé et vérifié.
Il est démontré que les prélèvements sont inefficaces et contre productifs, entraînant des déstructurations de meutes et augmentent la prédation au lieu de la diminuer. Une récente étude US qui porte sur un recul de 25 ans le démontre :
Les tirs de prélèvement de loup augmentent les attaques sur les troupeaux :
Ce sont les résultats d’une étude parue récemment : tuer des loups pour les empêcher d’attaquer le bétail est contre-productif ; les tirs et le piégeage conduisent à plus d’ovins et de bovins tués l’année suivante, et pas moins. L’étude du biologiste Rob Wielgus et de l’analyste Kaylie Peebles est la plus grande dans ce domaine, analysant et compilant 25 années de prélèvements sur les loups dans le Montana, le Wyoming et l’Idaho, où l’espèce a été réintroduite au milieu des années 1990, notamment dans le secteur de Yellowstone. Jusqu’à présent, l’efficacité des tirs de loup pour protéger les troupeaux était une hypothèse non testée. Or, selon les chercheurs, pour chaque loup tué, les chances de prédations sur les troupeaux augmentent significativement : 4 % pour les ovins et 5 à 6 % pour les bovins. A partir de 20 loups tués, les pertes sur les troupeaux doublent. La tendance se poursuit jusqu’à ce que 25 % des loups d’un secteur soient tués ; à partir de ce seuil, les prédations diminuent. Mais un taux de prélèvement de loup de plus de 25 % est trop important pour que l’espèce se maintienne à long terme. L’année dernière déjà dans PLOS ONE, ces chercheurs et d’autres collègues avaient trouvé des résultats similaires pour les pumas : les tirs de prélèvement sont contre-productifs et perturbent tant les populations de pumas que les jeunes attaquent davantage les ongulés domestiques. Selon Wielgus, les tirs de loups sont susceptibles de perturber la cohésion sociale des meutes. Alors qu’un couple dominant intacte retardera l’accouplement de sa progéniture, des perturbations au sein de la meute peuvent laisser les jeunes loups sexuellement matures libres de se reproduire, ce qui conduira à une augmentation des couples reproducteurs. Comme l’indique Wielgus, les prédations dues aux loups constituent un faible pourcentage des pertes, surtout comparé aux autres causes comme les maladies, les accidents ou les autres prédateurs. Dans une étude à venir sur le contrôle non-létal des loups, une équipe de Wielgus a suivi par télémétrie 300 ovins et bovins l’été dernier dans l’est de l’état de Washington. Aucun animal n’a été tué par les loups.
Les chiffres de la prédation en France démontrent la pertinence de cette étude, puisque avec une augmentation importante de loups tués et une diminution du nombre de loups dans notre pays, la prédation a continué à augmenter. Ce sont les données officielles de l’ONCFS.
Nous dénonçons à nouveau cette politique de mort qui, si cela continue, va s’approcher dangereusement des 25 % de prélèvements, chiffre à partir duquel l’espèce ne pourra pas se maintenir à long terme. L’Etat français est ainsi prêt à sacrifier une espèce strictement protégée pour des éleveurs qui refusent les moyens de protection et pour les chasseurs, principaux acteurs des prélèvements.
Extrait de ce projet d’arrêté :
(…) le présent projet d’arrêté propose donc de relever le seuil de prélèvement au cours de la période 2015/2016 pour la mise en œuvre des seuls tirs de défense.
Cet arrêté n’entrera en vigueur que si le plafond initial de 36 loups détruits est atteint.
Six loups (mâles ou femelles, jeunes ou adultes) supplémentaires pourront ainsi être prélevés, sur autorisation des préfets.
Si le seuil initial de 36 loups venait à être atteint, ce plafond supplémentaire contribuera à la prévention des prédations, en autorisant uniquement les tirs de défense réalisés avec des fusils de chasse à canon lisse (ces tirs ont une faible chance de détruire un loup mais leurs effets d’effarouchement sont reconnus).
Il est également prévu que deux des six loups puissent être prélevés par tirs de défense renforcée, mobilisant plusieurs tireurs dotés d’armes à canon rayé, à compter du 1er mai 2016. Ces tirs, plus susceptibles de détruire l’animal visé, permettront d’intervenir au cours de la période (du 1er mai au 30 juin) où la pression de la prédation est la plus intense (notamment lorsque les troupeaux sont dans les alpages) : les attaques de loups peuvent y être récurrentes et très importantes, et les seuls tirs de défense avec des fusils à canon lisse ne sont pas suffisants pour protéger les troupeaux.
Lire aussi :
– Synthèse des consultations publiques : un plébiscite pour le loup (août 2014)
– Loup : Ségolène Royal reconnait ignorer l’avis des français ! (juillet 2014)
1 commentaire sur “Consultation publique (6 loups supplémentaires à tuer) : exprimez-vous !”
[…] des arguments données par les associations de CAP Loup : voir les réponses de l’ASPAS, Ferus, la […]