FERUS estime que le projet annoncé par Serge Lepeltier de reprendre les réintroductions d’ours dans les Pyrénées va dans le bon sens. Après des années d’immobilisme, les pouvoirs publics se décident enfin à agir pour sauver une de nos espèces phares. Alors qu’on n’a jamais autant parlé de biodiversité sans faire grand chose pour stopper son érosion, voilà enfin du concret.
FERUS approuve le programme de réintroductions d’une dizaine d’ours, mais ce n’est pas un objectif en soi : si leur taux de reproduction est aussi bon que celui des trois ours slovènes déjà lâchés, ce nombre suffira peut être. Si des difficultés surviennent (braconnage, maladie, accident, stérilité), il faudra poursuivre l’opération jusqu’à obtention d’une population viable. Nous n’avons pas une obligation de moyens mais de résultats. L’objectif doit clairement demeurer tout au long des années à venir la restauration d’une population d’ours en bon état de conservation sur l’ensemble des Pyrénées françaises et espagnoles. Avec plus de cent ours dans les monts Cantabriques, les Espagnols estiment que leur population est encore fragile. C’est dire que le programme français devra être ambitieux. 30 ours en 2008, ce serait merveilleux mais ce ne sera qu’une étape. Les experts de l’UICN estiment qu’une cinquantaine d’animaux représentent le minimum pour qu’une population d’ours survive durablement
FERUS demande que la concertation qui précèdera les réintroductions ne soit pas un simulacre qui frustrerait les partisans comme les adversaires de l’ours. Les amis de l’ours n’ont pas à craindre les échanges d’arguments. Si les éleveurs se font garantir que tous les moyens qui permettent de limiter au maximum les attaques (aides bergers, chiens, clôtures) leur seront payés, et que les surcoûts dus à la présence de l’ours seront intégralement pris en charge, rien ne justifiera l’abandon du projet. Certains ont misé contre l’ours depuis longtemps et continueront de le faire mais ils n’ont pas d’argument sérieux à faire valoir. Leur vision d’une montagne morte, vidée de la nature qui dérange l’économie, n’est pas partagée par la majorité des montagnards.
Il s’agit d’une seule population, donc d’un seul programme à nos yeux, et d’un programme qui doit être cautionné par le monde scientifique. FERUS ne veut pas d’un patchwork où les ours seraient distribués ça et là pour devenir des jouets qu’on casserait le cas échéant quand ils auraient cessé de plaire. Dès aujourd’hui ces ours sont placés sous notre responsabilité collective, veillons au succès de ce projet.