Déclin des caribous au Canada : deux études disculpent les loups

Déclin des caribous au Canada : deux études disculpent les loups

© Dean Biggins (U.S. Fish and Wildlife Service)
Actus internationales Actus loup Toute l'actualité
Caribou des bois. © Dean Biggins (U.S. Fish and Wildlife Service)
Caribou des bois © Dean Biggins (U.S. Fish and Wildlife Service)

Du fait du déclin du nombre de caribous (Rangifer tarandus caribou) en Alberta ces dernières années, les autorités avaient trouvé comme seule solution l’abattage systématique des loups, désignés comme étant les grands responsables de la baisse du nombre de caribous dans cette région. On tuait donc les loups pour protéger les caribous…

Ce n’est pas une mais deux études qui viennent remettre en question cette stratégie.

La première, celle du Global Forest Watch, signale que la population de caribous est en déclin depuis plus d’une décennie, et ce à cause de l’affaiblissement de son territoire, affaiblissement dû à l’intensif développement de l’exploitation des sables bitumineux. En effet, au cours des 50 dernières années, les incendies ont brûlé près de 41 % des zones de caribous. Les lignes de coupe, les routes, les oléoducs, les mines et autres infrastructures industrielles en affectent quant à elles 54 %. Pour l’auteur de cette étude, Peter Lee, le gouvernement albertain n’a jamais pris en considération la survie de ces animaux lors de la présentation de son plan de gestion de la zone, préférant, pour des raisons pécuniaires, éviter de protéger toute nouvelle terre où les dépôts de sables bitumineux sont les plus importants.

Une deuxième étude menée pendant 4 ans par une équipe de chercheurs canadiens et américains, « The influences of wolf predation, habitat loss, and human activity on caribou and moose in the Alberta oil sands », arrive à la même conclusion que  l’activité humaine est majoritairement responsable du déclin des caribous. Publiée dans la revue scientifique « Frontiers in Ecology and the Environment« , cette étude s’est portée sur l’analyse d’excréments de loups, de caribous et d’élans trouvés sur une aire de 1600 km2 de sables bitumineux, au sud de Fort McMurray. Les résultats révèlent le fort impact de l’activité humaine dans la modification des ressources du caribou : leur état nutritionnel est très mauvais car ils sont déstabilisés par le bruit excessif engendré par l’activité industrielle durant l’hiver, période déjà délicate car les caribous doivent gratter le sol pour y trouver leur nourriture, le lichen. Ils sont aussi bien plus stressés, ce qui n’est pas sans répercussion sur leur état psychologique. Les activités humaines réduisent aussi fortement le nombre d’espaces ouverts qui leur servent à voir arriver les prédateurs, les rendant plus vulnérables aux attaques de prédateurs.

Du côté des loups, l’étude révèle qu’ils se nourrissent majoritairement de mulet et du cerf de virginie et non de caribous, ce qui démontre que la stratégie actuelle des autorités, en plus d’être infondée, est aussi totalement injuste.

L’étude se conclut par ce message : « Nos résultats suggèrent que la modification au niveau du paysage humain des modes d’utilisation peut être plus efficace dans la gestion de cet écosystème que l’élimination délibérée des loups. »

alberta-canada
La Province d’Alberta (sud-ouest du Canada) © Jean Gagnon

Sources :

– « L’exploitation des sables bitumineux fait des victimes collatérales », Abitibi Express

– « Les sables bitumineux menacent les caribous du Canada », GoodPlanet (22/06/11)

Les commentaires sont fermés.