Il en a été question à plusieurs reprises sur le site de Ferus : depuis le début des années 2000 et le retour du loup en Allemagne à partir de la Pologne, les cas de collision avec des véhicules se sont multipliés, causant la mort de près d’une quinzaine d’individus. Au point que le bureau LUPUS, chargé du suivi du loup, considère qu’il s’agit avec le braconnage de la première cause de mortalité non naturelle pour l’espèce en Allemagne. Deux nouveaux accidents survenus ces dernières semaines illustrent une nouvelle fois ce problème.
Le cas le plus récent date du 16 janvier. Le mâle alpha de la meute de Milkel a été tué sur la route B169 entre les villes de Senftenberg et Sedlitz, au sud du land de Brandebourg, soit à une trentaine de kilomètres à l’ouest du territoire de la meute (situé dans le land de Saxe). Cet animal était équipé depuis 2009 d’un collier émetteur posé dans le cadre d’un projet de recherche sur la dispersion du loup en Allemagne. Cinq louveteaux ont été repérés dans cette meute l’été dernier. Les biologistes ne savent pas pourquoi le mâle alpha se trouvait aussi éloigné de son territoire.
Le 10 janvier dernier, c’est dans le land de Hesse, entre Linden et Pohlheim (à 50 km au nord de Francfort), qu’un loup a été heurté par une voiture. Mais il n’a été que blessé à une patte : il a ensuite été observé dans les environs, boitant. L’abattage de l’animal, un temps envisagé par les autorités pour « soulager ses souffrances », a été abandonné sous la pression d’associations de protection de la nature et du fait qu’il est prouvé qu’un loup peut survivre à de telles blessures (le suivi, dans le land de Saxe, de deux individus blessés ayant pu se reproduire et élever des jeunes, l’a récemment montré).
Ces cas, s’ils mettent tous deux en évidence le danger pour la faune sauvage que représente un réseau routier trop dense, présentent cependant des différences notables.
D’abord par leur localisation : le loup de Milkel a été tué dans la Lausitz, région constituant le fief de l’espèce en Allemagne et où ont eu lieu la majorité des cas mortels de collision. Le second cas en revanche est une première pour un land comme celui de Hesse, situé au centre-ouest du pays, même si la présence du loup y est connue depuis plus de deux ans.
Ensuite, alors que le loup tué dans la Lausitz était issu de la population germano-polonaise, ce n’est pas le cas du loup heurté dans le land de Hesse, contrairement à ce qui était supposé. Les poils recueillis sur le véhicule ont permis de faire une analyse ADN… et de voir qu’il s’agit d’un individu issu de la population alpine.
Finalement, cette découverte n’est pas si surprenante lorsque l’on sait qu’en période de dispersion, les jeunes loups peuvent parcourir plusieurs centaines de kilomètres à la recherche d’un nouveau territoire. Le loup « Alan » par exemple, équipé d’un collier émetteur en 2009 dans la Lausitz, a gagné en quelques mois la Biélorussie, à 800 km de là. Or, « seulement » 400 km séparent le land de Hesse des Alpes et de leur population de loups.
Cette nouvelle est donc une preuve encourageante de la capacité pour ce grand prédateur de regagner les territoires où il avait jadis été exterminé. Par ailleurs elle confirme le fait que l’Allemagne représente une zone de contact entre les populations de loups ouest-européennes et les celles d’Europe centrale et orientale. Cela doit conduire les autorités allemandes, rappelle l’association NABU, à améliorer les possibilités d’échanges génétiques entre les populations, en particulier en multipliant les aménagements pour permettre à la faune sauvage de traverser sans risque les grands axes routiers.
Article de Julien Aït El Mekki pour FERUS
Photo : loup tué suite à une collision © LUPUS
Sources :
–« Milkeler Wolfsrüde überfahren », Wolfsregion Lausitz (17/01/2011)
–« Hessischer Wolf stammt aus des Alpen », Nabu (21/01/2011)
Lire aussi :
–« Un petit point sur la population de loups en Allemagne », Ferus (2/12/2010)
-« Allemagne : la route dangereuse pour les loups », Ferus (16/11/2010)
-« Allemagne : des nouvelles des loups équipés », Ferus (5/07/2010)
3 commentaires sur “Deux loups heurtés sur les routes allemandes, l’un d’eux venait… des Alpes !”
Bonjour katikat.
L’association NABU indique, dans son communiqué, que pendant sa convalescence ce loup devrait pouvoir se nourrir des nombreux cadavres d’animaux présents aux abords des routes de la région. De plus on sait qu’en hiver la mortalité de la faune sauvage est élevée à cause du froid, ce dont l’animal pourrait tirer bénéfice.
NABU indique aussi que des recherches intensives pour retrouver l’animal blessé (en l’occurrence au moment où il s’agissait de l’abattre) causerait un dérangement supplémentaire qui pourrait lui être préjudiciable.
D’autant qu’il n’est pas du tout sûr que les tentatives de capture soient rapidement fructueuses.
On pouvait pas le soiger car il était deja mort ! C’est triste mais faut les protéger il sont en voit de disparition. ALLEZ FERUS!!!!
Pourquoi l’animal blessé n’a t-il pas été soigné ?
Laisser souffrir un animal blessé par une voiture est un peu cruel…
A ça il faudra ajouter le problème de capacité de chasse …