Communiqué de presse des associations FERUS et Pays de l’Ours-Adet, le 15 juin 2020
Moins d’une semaine après le braconnage d’un ours en Ariège, l’État ne semble pas avoir retenu les leçons d’une politique calamiteuse. Malgré nos mises en garde tragiquement confirmées, le renouvellement de l’arrêté autorisant l’effarouchement des ours dans les Pyrénées sonne comme un encouragement aux extrémistes et radicaux dont les nombreux actes illégaux ne sont quasiment jamais traduits devant les tribunaux.
Cette mesure légitime la présence d’armes à feu dans les cabanes pastorales où elles n’ont normalement rien à faire. Les braconniers n’auront plus qu’à prétexter « la légitime défense », comme l’a suggéré le Président de la Chambre d’Agriculture de l’Ariège …
La moindre des précautions aurait été de suspendre ce projet d’arrêté, vus les évènements récents.
D’autant qu’il est désapprouvé par 97% des personnes ayant répondu à la consultation publique, ainsi que par les experts du CNPN (Conseil National de Protection de la Nature).
Rappelons que l’effarouchement des ours est :
- Inutile : la précédente « expérimentation » de 2019 n’a permis aucune baisse de la prédation. Est-ce pour cela que ces pseudo-expérimentations ne font l’objet d’aucun protocole d’analyse pour mesurer leur efficacité ?
- Superflu : la présence humaine suffit à éloigner l’ours. Pour preuve les 300 nuits de garde en 5 ans des techniciens de la Pastorale Pyrénéenne, sans prédation, et bien moins dommageantes.
- Abusif : il est autorisé à partir de seuils de prédation ridiculement bas, bien loin des « dommages importants » requis pour une telle dérogation ; les prétendues prédations n’étant le plus souvent même pas avérées.
- Néfaste et dérangeant pour la faune nocturne et les autres pratiquants de la montagne, de part le vacarme généré.
- Dangereux pour l’ours (risques de blessure grave par les tirs non létaux et de séparation ourses/oursons) et pour l’homme (l’ours blessé peut se montrer agressif par réflexe de défense).
- Et illégal, aucune des conditions requises pour justifier une telle dérogation au statut de protection de l’espèce n’étant remplie.
Ces mesures d’effarouchement des ours traduisent malheureusement une gestion du dossier plus proche de gesticulations politiques que d’une indispensable rationalité.
Elles trouveront leurs conclusions devant les tribunaux ou par la répétiton d’un nouveau drame.