Entre chiens et loups…

« Le premier art de l’homme a été l’éducation du chien et le fruit de cet art, la conquête paisible du monde » écrivait Buffon au XVIIIe siècle. Notre grand naturaliste semble bien s’être trompé. En effet, la domestication du loup n’avait pas pour but d’en faire un animal de compagnie, mais bien d’utiliser ses aptitudes naturelles de prédateur pour en faire un auxiliaire de chasse puis un animal de défense, d’attaque et même une machine de guerre. Dans sa mission de valet des chasseurs, le chien a même donné un sacré coup de main pour l’extermination de son ancêtre sauvage et naturel.

Aujourd’hui en France, la population des chiens serait de 8 millions d’individus, autant que la population des moutons français !

Si j’en crois diverses associations pro-pastorales, la cohabitation entre l’élevage et les grands prédateurs est impossible, ils aimeraient nous persuader que 8 millions de chiens font moins de dégâts en France que 150 loups, 20 ours et 150 lynx ! Comment croire que tous ces chiens capables d’échapper à la surveillance de leurs maîtres pour se rendre coupables de tant d’attaques sur des humains ne sont pas capables de faire encore plus de dégâts sur des populations animales domestiques et sauvages.

Le Chasseur français de septembre 2001 dans un article intitulé « Le fléau des chiens errants » explique que chaque année, c’est plus de 1% du cheptel national, ovins et caprins, qui est décimé par les chiens, soit prés de 100 000 animaux. Les statistiques sont très variables et très floues selon les sources et vont de 0,25% du cheptel national victime des chiens à 5%. La vérité se situe certainement entre ces deux chiffres.

En cas de prédation douteuse, le doute doit profiter à l’éleveur. Autrefois, au Groupe Loup France et maintenant à FERUS, nous avons toujours milité pour cela. En cas d’attaque sur un troupeau, on a des certitudes sur un peu moins de 50 % des cas : loups ou chiens ; et soit on indemnise soit on n’indemnise pas, les 50% restant étant indemnisés au bénéfice du doute…et comptabilisés loup en fin d’exercice ! Certains ont tant de facilité à transformer un doute en certitude, cela leur permettant de transformer les prédateurs en coupables idéaux, que nous approchons, je pense, des limites de ce système.

Par rapport aux intérêts humains, la nature est toujours coupable… Jamais les hommes ou ses meilleurs amis.

Aujourd’hui, dans notre société moderne, nous sommes capables de supporter toutes les contraintes que nous avons inventées mais nous sommes incapables de supporter la moindre contrainte qui vient de la nature.

Face à l’ambiance délétère qui règne sur tous les massifs, face au poison et aux braconnages de plus en plus importants soi-disant justifiés par une croissance énorme de la prédation et l’inefficacité de la prévention, NOUS AVONS BESOIN DE VOUS pour nous aider à rétablir la vérité sur les dégâts des chiens divagants.

A l’aube de cette nouvelle année, je voudrais vous souhaiter à tous, au nom du conseil d’administration de FERUS, une année de militantisme, de joie, bonheur et santé… et souhaiter à Mère Nature que l’ensemble de l’humanité prenne conscience de sa fragilité pour le bien commun de tous les êtres vivants.

Attaques de chiens : nous avons besoin de vous !

D’après le centre de documentation et d’information de l’assurance, les chiens sont coupables de 500 000 morsures sur des humains entraînant soins et dépôts de plainte. Plusieurs décès et 60 000 hospitalisations leur sont imputables. Le professeur Romana, chef du service de chirurgie réparatrice de l’enfant de l’hôpital Trousseau, évalue entre 0,5 et 1 % du total des urgences médicales de France la quantité due à des attaques du meilleur ami de l’homme.

Par contre, autant l’on trouve facilement sur les différents sites internet français des statistiques des assurances des renseignements sur toutes les causes de sinistres possibles, autant il est pratiquement impossible de trouver quelque chose sur les interactions chiens / cheptel domestique (chiens qui sont par ailleurs aussi responsables d’impressionnantes tueries dans les élevages avicoles dans des proportions propres à ridiculiser le loup, le renard et la belette… !).

Le loup étant bien trop souvent le coupable désigné, nous avons besoin de vous pour montrer le fléau des chiens divagants sur les animaux domestiques et la faune sauvage. Faites nous remonter toutes les informations de prédation canine (presse, vétérinaire, assurance, témoignage…) afin que nous puissions informer de façon indiscutable de l’importance, de la permanence et de la réalité de ce phénomène (pour ce faire, plus d’infos ICI).

Témoignage : les vaches et le chien

Le mercredi 12 octobre, j’accompagne en randonnée, avec le conseiller général de Peyruis 04, les membres d’une association locale, la Marelle, dans la forêt communale de Peyruis.

Vers 11 heures, nous sommes sur le chemin du retour entre Auges et Ganagobie sur la piste qui longe un parc à vaches lorsque nous entendons au loin des aboiements furieux.

Et au détour d’un virage, nous découvrons, à quelques centaines de mètres de nous, un couple qui contemple, ravi, Médor, en l’occurrence un splendide berger allemand, en train de se défouler avec les vaches dans leur enclos. A notre vue, ils rappellent rapidement le molosse et partent dans leur 4 X 4.

Que serait-il arrivé si nous n’étions pas passés par là, Si au lieu de vaches adultes, nous avions eu affaire à des veaux, des moutons ou des chèvres.

En cas d’incidents en pleine forêt, dans une zone où le loup peut être présent, qui aurait été accusé… après le départ du 4 X 4, emportant le vrai coupable.

Daniel Madeleine, administrateur de FERUS (la première partie de ce texte est l’éditorial de la gazette des grands prédateurs n° 42).

Voir aussi :

– Attaques de chiens divagants : vos témoignages nous intéressent (octobre 2011)

– Chiens divagants et protection des troupeaux (août 2011)

– Des chiens divagants causent la mort de 42 brebis dans le Calvados (1/02/11)

– Brebis égorgées par des chiens errants ou divagants en France (La Buvette des Alpages)

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