La Fondation Ours Brun (Fundación Oso Pardo) a terminé une étude génétique sur la sous-population orientale d’ours des monts Cantabriques en Espagne. Au total, 152 échantillons de poils provenant de 26 ours différents (de la zone orientale mais aussi du nouveau corridor entre les deux sous-populations) ont été analysés durant les deux dernières années par les chercheurs du Musée national des Sciences Naturelles de Madrid. Il est à noter que cette analyse ne se veut pas un recensement exhaustif du noyau oriental.
Il est à rappeler que la population d’ours cantabriques était divisée en deux isolats depuis plus d’un siècle. Les premières études génétiques menées dans les années 90 avaient conclu que les deux sous-populations avaient des caractéristiques génétiques différentes et qu’il en était résulté une perte importante de la variabilité génétique, plus particulièrement au sein de la sous-population orientale aux effectifs beaucoup plus réduits (environ 30 à 35 ours aujourd’hui) que celle du noyau occidental (environ 200 ours). Cette faible variabilité génétique (la plus faible des populations ursines européennes dans les années 90) est un risque majeur, aussi bien en ce qui concerne la taille des portées, les éventuelles malformations que la vulnérabilité aux maladies.
Or, la récente étude a révélé une nette amélioration de la variabilité génétique de la population orientale. On savait déjà qu’un mâle venu du noyau occidental avait migré en 2008 dans le noyau oriental et s’y était reproduit. En fait, l’apport du noyau occidental en expansion démographique et géographique est plus important qu’attendu : si sur les 26 génotypes, 5 ours n’ont que des caractéristiques du noyau oriental, 7 ont des caractéristiques du noyau occidental et 14 ont des caractéristiques mixtes à des degrés divers. La variabilité génétique de la sous-population orientale est par conséquent la plus élevée jamais enregistrée à ce jour pour ce noyau et dépasse désormais celle des Pyrénées ou celle des Abruzzes. Selon ces résultats encourageants, le corridor entre les deux sous-populations constitue bien une clef essentielle pour le rétablissement de la population du noyau oriental, l’objectif étant à terme de relier les deux isolats en un seul peuplement. Les efforts continuent en ce sens, notamment par la replantation du couvert végétal (notamment en arbres fruitiers) et par des projets de passages de faune sur d’importants axes routiers et ferroviaires.
Article de Stéphane Nataf pour FERUS
Sources : « la subpoblación oriental de osos mejora su salud genética » (Fondation ours brun)
Populations occidentale (200 ours) et orientale (30-35 ours) :