Est Républicain : La famille ours s’agrandit

Est Républicain : La famille ours s’agrandit

Actus en France Actus ours Toute l'actualité

Revue de presse, « La famille ours s’agrandit », par Patrice COSTA dans l’Est Républicain du 2/08/2011.

« ON S’EN DOUTAIT un peu et cette nouvelle ne peut que nous réjouir… ». Coordinatrice ours pour l’association de protection des grands prédateurs, Sabine Matraire se félicite de la naissance de deux oursons dans le massif du Couserans, en Haute-Ariège. « On va attendre le résultat des analyses génétiques grâce aux récoltes de poils et de crottes sur le terrain pour déterminer leur sexe et connaître la mère, mais nous avons déjà notre petite idée sur son identité. L’an passé, Hvala n’a pas eu de petit. Il est fort possible que ce soit elle ». Hvala est une ourse d’origine slovène qui avait été relâchée avec quatre autres congénères, dont le mâle Balou, dans les Pyrénées centrales entre avril et août 2006. Confiés à la montagne dans le cadre du programme de renforcement de la population d’ours autochtones au bord de l’extinction, les néoplantigrades se sont parfaitement acclimatés à leur terre d’adoption comme en témoigne la bonne trentaine d’oursons nés dans l’Ariège depuis la première vague de réintroduction effectuée en 1996-1997. Malgré le taux de mortalité élevé qui affecte les jeunes ours durant les deux premières années de leur vie, cette stratégie porte donc ses fruits, du moins dans la partie centrale de la chaîne pyrénéenne, car ailleurs et notamment en Béarn, la situation est beaucoup moins optimiste.

Veto politique

Là-bas, entre les vallées d’Aspe et d’Ossau, il ne reste plus que deux ou trois mâles, dont Cannelitto, le fils de Canelle, dernière ourse de pure souche tuée par un chasseur en 2004. Pour les ONG, tout le problème est là : « Dans les Pyrénées occidentales, l’effectif est trop faible pour retrouver une population viable comme celle de l’Ariège », poursuit Sabine Matraire, « un mâle peut se déplacer dans toutes les Pyrénées, mais pas une femelle, beaucoup plus casanière. Sans une intervention humaine, l’ours est promis à l’extinction dans cette partie de la montagne ». Le lâcher d’une ourse était prévu le printemps dernier, mais devant la levée de fourches des éleveurs, en particulier ceux de l’Association pour le développement durable de l’identité des Pyrénées (ADDIP), l’État a prudemment reculé. « Nicolas Sarkozy a donné raison aux lobbies anti-ours pour un calcul purement électoraliste », affirme la coordinatrice de Ferus, « alors qu’un an plus tôt, il n’y avait pas eu de crispation des élus et des instances agricoles pour ce lâcher », souligne Sandrine Andrieux de l’association Cap-ours. Le 12 juillet dernier, la Commission européenne a d’ailleurs rappelé la France à l’ordre, tout en concédant que c’est à chaque État de décider des mesures à prendre pour mieux conserver sa biodiversité. Sans se douter qu’ils sont au cœur d’une telle polémique, les deux oursons nés cet été dans l’Ariège portent l’espoir fragile de l’avenir de leur espèce en France. Une bien lourde charge…

Patrice COSTA

Publié avec l’aimable autorisation de l’auteur (article publié sur le site de l’Est Républicain).

Lire aussi : « 2 oursons de l’année, peut-être 3, repérés en Ariège » (juillet 2011)

Les commentaires sont fermés.