Ce matin, dans une ambiance chaleureuse, les 10 grandes associations françaises de protection de la nature ont été reçues par la nouvelle ministre de l’Ecologie, Nelly Olin : WWF, SPA, FNE, SNPN, ROC, Greenpeace, Fondation Nicolas Hulot, Mountain Wilderness, LPO … et FERUS ! De nombreux sujets ont été abordés de Natura 2000 à la stratégie nationale de biodiversité qui est en panne en passant par l’éducation à l’environnement, la loi sur l’eau ou les OGM.
Le dossier ours/loup a tenu évidemment une place de choix ; la ministre était très à l’écoute. Côté ours, le programme de réintroduction ne souffrira pas du départ de Serge Lepeltier et nous resterons vigilants pour le loup.
Nous avons adressé le 8 juin un courrier à Nelly Olin dont les points ont été approfondie ce matin.
Le 8 juin 2005
Madame la Ministre,
FERUS est l’association nationale dont l’unique objet est la protection des grands carnivores français, l’ours, le loup et le lynx. Elle est issue de la fusion d’ARTUS, association qui avait notamment participé au programme expérimental de réintroduction d’ours slovènes, et du Groupe Loup France qui s’était organisé dès le retour des loups dans notre pays.
FERUS a aujourd’hui plus de 3000 adhérents à jour de leurs cotisations, auxquels il soumet démocratiquement ses principales orientations. Il est implanté dans la plupart des régions, il entretient des liens traditionnellement fructueux avec le monde de l’élevage notamment grâce à son programme phare d’écovolontaires « Pastoraloup », plusieurs associations majeures siègent à son conseil d’administration (WWF, SPA, SNPN, SFEPM).
FERUS inscrit son action dans une stratégie globale de conservation et de restauration des milieux naturels et des espèces sauvages pour laquelle nous n’attendons rien de particulier du nouveau gouvernement. Ce dernier n’aura pas les moyens en hommes et en argent d’une politique ambitieuse de sauvegarde de la biodiversité pourtant régulièrement évoquée par le Président de la République. Nous remarquons que l’essentiel des critiques et des contentieux auxquels les autorités françaises s’exposent en la matière depuis des décennies, tant du côté des élus locaux et de la société civile que de l’Europe, ont pour cause première ce manque de moyens.
Il n’aura pas non plus la volonté politique d’imposer l’intérêt général de la planète et par conséquent de l’ensemble des hommes aux grands groupes de pression. Ces derniers, des producteurs d’énergie aux agriculteurs, ont montré à travers la loi sur l’eau qu’ils ne feraient pas de concessions, le gouvernement ne leur en demandera d’ailleurs pas.
La précédente majorité n’ayant globalement pas fait mieux, nous privilégierons en vous félicitant pour votre nomination une approche très pragmatique.
Dans le domaine de la nature, deux espèces vous permettent de larges marges de manœuvre, et elles sont toutes deux emblématiques, elles seules amènent la biodiversité dans les rubriques grand public des médias, ce sont le loup et l’ours.
Le loup va augmenter progressivement ses effectifs -qui sont encore bien faibles- si on lui en laisse la possibilité. Le ministère de l’Agriculture consacre enfin à cette question les moyens financiers nécessaires, ils complètent heureusement les vôtres. Nous vous demandons de veiller à trois points : ne pas faire tuer des loups pour offrir des victimes expiatoires aux éleveurs dont, nous le répétons, FERUS comprend parfaitement le désarroi, mais il existe d’autres solutions que les destructions. Ne pas laisser monter en puissance sans réagir un front commun chasseurs – agriculteurs qui referait du loup un « nuisible ». Vous en tenir à l’esprit du plan d’action pour le loup qu’a adopté votre ministère et ne pas céder à ceux qui paniquent et lèvent les boucliers toutes les fois ou le loup se manifeste en de nouveaux lieux.
L’ours disparaîtra des Pyrénées si l’on ne renforce pas rapidement la poignée d’animaux qui y subsiste. CAP OURS, collectif d’associations auquel appartient FERUS, vous a écrit en détail à ce sujet. Tout est prêt pour que les premières réintroductions interviennent en septembre prochain. Certes des élus sont hostiles, mais d’autres sont favorables et ont pris leurs responsabilités en demandant que des ours soient lâchés à partir de leur territoire communal. Appuyez vous sur eux et sur une opinion publique très largement pour le sauvetage de cette espèce en France. Vous avez les moyens financiers et techniques d’une opération dont nous avons cru comprendre qu’elle répondait aux vœux du Président de la République.
Dans les deux ans qui viennent, avec une bonne loi sur les parcs nationaux, le sauvetage de l’ours est un projet concret et important que vous pourrez mener à bien dans le domaine de la conservation de la nature.
FERUS espère que le premier anniversaire de la mort de Cannelle en novembre ne sera pas l’occasion de rassembler une grande manifestation des déçus de la protection de la nature mais au contraire de saluer l’entrée dans leurs tanières d’adoption des ours nouvellement réintroduits.
Nous vous prions d’agréer, Madame la Ministre, l’expression de notre plus parfaite considération.
Jean-François Darmstaedter, Président de FERUS