Ce texte a été approuvé le 19 mars 2005 à Garin (31) lors de l’Assemblée générale de FERUS.
Le loup, espèce protégée prioritaire, est revenu en France mais sa situation y est encore très fragile. FERUS confirme sa lecture de la directive CEE de 1992 : tant que la population de loup ne sera pas considérée comme en bon état de conservation c’est à dire tant qu’il n’y aura pas en France de dix à quinze meutes connectées (entre 100 et 150 loups), AUCUN prélèvement ne sera admissible.
Il est donc hors de question d’approuver ou même de fermer les yeux sur un seul prélèvement en 2005. Si de nouvelles destructions de loups sont décidées, elles seront déférées aux juges français et européens.
Ce qui suit est une première contribution de l’association aux débats sur un futur plus lointain : quand la lecture stricte de la directive n’interdira plus les interventions sur l’espèce de manière absolue, lesquelles seront acceptables et légales, quels seront les buts recherchés et les modalités de ces interventions ?
Le loup sera longtemps encore en situation fragile. La colonisation des milieux naturels qui lui sont favorables (objectif que FERUS a fait sien et qui correspond à la lettre et à l’esprit de la directive) prendra beaucoup de temps. C’est donc une politique de conservation au sens moderne et dynamique de ce mot qu’il conviendra de mettre en oeuvre à son égard, et non une politique de régulation comme déjà le réclament ceux qui ne voient en lui qu’un concurrent et un nuisible, dans le droit fil d’une approche archaïque.
Pendant cette période le loup ne pourra faire l’objet que d’interventions ponctuelles, ciblées et justifiées comme le veulent les textes, et non d’une gestion globale fondée sur les effectifs théoriques qui plairaient à l’administration ou à telle ou telle catégorie de citoyens.
FERUS n’ignore évidemment pas que le loup est une espèce dynamique qui peut créer des difficultés notamment lorsque les proies naturelles ne sont pas assez abondantes. Certains individus séjourneront probablement en des lieux où la prévention de leurs attaques se révélera quasiment impossible à des coûts raisonnables. Dans ces conditions leur élimination sera probablement envisagée. Il conviendra cependant de veiller à ne pas bloquer la communication entre les zones d’occupation permanente stabilisées et les zones d’accueil susceptibles d’être colonisées dans de bonnes conditions. L’importance des corridors est soulignée par tous les scientifiques.
Si des autorisations de destruction sont délivrées par les pouvoirs publics, du moment qu’elles le seront dans un cadre légal FERUS ne demandera pas des formalités contradictoires avec les objectifs poursuivis. Il s’opposera en revanche à tout laxisme qui consisterait à afficher un respect formel des textes en fermant les yeux sur un braconnage qui se pratiquerait de plus en plus ouvertement.
Il s’opposera également à toute tentative de faire du loup un animal de chasse sportive. Non seulement ses populations ne le permettront pas dans les années à venir, mais cette évolution qui n’aurait pas les faveurs de l’opinion ne concourrait en rien à résoudre les problèmes ponctuels posés par quelques individus.
Le moment venu FERUS se prononcera sur les modalités précises que proposera l’administration. Elles devront permettre des interventions conformes aux prescriptions, ce qui n’a pas été le cas des opérations lourdes et coûteuses entreprises en 2004. Il les soumettra à ses adhérents lors d’une assemblée générale future, en 2006 ou plus tard puisque les conditions de ces interventions ne sont pas réunies en 2005.