FERUS hostile au rétablissement des aides de l’Etat à l’IPHB
Alors que le bilan à mi-parcours du plan de renforcement 2006-2009 de la population d’ours des Pyrénées n’a pas encore été écrit et qu’aucune concertation n’a commencé, la presse locale a fait état de la satisfaction du président de l’Institution Patrimoniale du Haut-Béarn (IPHB), qui espère conclure un nouvel accord financier avec le ministère chargé de l’Ecologie.
A plusieurs reprises, FERUS a dénoncé la duplicité de l’IPHB. Pendant plus de 10 ans, cette institution, inventée et présidée par le député Jean LASSALLE, a profité du manque de rigueur et de la pusillanimité de l’Etat. L’IPHB devait démontrer la supériorité d’un organisme dominé par les élus locaux, sans capacité réglementaire, dans une contrée où l’Etat et ses prérogatives régaliennes n’ont jamais eu bonne presse.
L’IPHB a reçu pour son fonctionnement un apport financier très important du ministère de l’Environnement, prélevé sur le budget de la protection de la nature. Beaucoup ont critiqué ce choix qui obérait des crédits déjà scandaleusement faibles, mais ont attendu de pouvoir juger les résultats. Si le fameux « contrat d’honneur et de confiance », si mal nommé, restait flou sur le devenir de la population d’ours, les conventions passées régulièrement entre les services de l’Etat et l’IPHB impliquaient des actions vigoureuses en sa faveur.
Transférer de facto la responsabilité de la protection du patrimoine naturel aux seuls acteurs locaux et, en fait, aux élus de deux cantons aurait pu être un pari audacieux mais réussi, ouvrant de nouvelles perspectives dans un domaine où notre pays est loin d’être exemplaire. Hélas, l’IPHB s’est immédiatement révélée comme une véritable imposture, parlant haut et fort de patrimoine et d’authenticité dans les médias nationaux, mais consacrant toute son énergie et tous ses importants moyens financiers à combattre pêle-mêle Natura 2000, les ours et les vautours tout en épuisant en vaines palabres pendant une décennie la patience et la bonne volonté des associations naturalistes locales.
Ceux qui avaient demandé qu’ on juge aux résultats ont déchanté : au cours de cette période, le nombre d’ours en Béarn n’a cessé de chuter dramatiquement et, aujourd’hui, les Pyrénées-Atlantiques ne comptent AUCUNE femelle et au plus quatre ours mâles dont un issu de la réintroduction 1996-1997. La démonstration de la supériorité des méthodes inspirées par les chantres de la « gestion patrimoniale » n’a pas été faite, c’est le moins qu’on puisse dire, d’autant plus que dans le même temps les ours passaient de zéro à près de vingt dans les Pyrénées Centrales.
La stratégie du président de l’IPHB fondée sur l’instrumentalisation de l’ours et sur l’exacerbation permanente des rapports de forces, notamment avec les services de l’Etat, explique la caricature de débat qui prévaut dans le Béarn depuis des années. Plus personne ne croit sérieusement qu’il en sortira autre chose que des mots.
Tout récemment, l’IPHB a administré une nouvelle preuve de son manque de fiabilité. De manière classique en présence d’une extinction évidente, le syndicat n’a eu de cesse de faire croire qu’il y avait sans doute plus d’ours que ceux que comptait le Réseau Ours Brun (pourtant l’organisme de référence du suivi de la population d’ours). L’IPHB propageait régulièrement des bruits relatifs à d’hypothétiques femelles, pour gommer la désastreuse impression laissée par la mort de Cannelle.
A l’occasion du Conseil de Gestion Patrimoniale du Comité Syndical, le 29 octobre 2007, un tableau « Informations ours transmises à l’IPHB par des observateurs locaux – Année 2007 » a été publié. On pouvait y lire que fin juin – début juillet 2007, un ours et un ourson avaient été photographiés sur Gourette / Eaux-Bonnes. Mais le Réseau Ours Brun, souhaitant pousser l’investigation avant d’annoncer une aussi bonne nouvelle, se rendit compte que l’ourse et l’ourson observés et photographiés n’étaient autres qu’une marmotte et un marmotton ! Confirmation que pour l’IPHB, tout est prétexte (même une photo de marmottes !) pour faire croire à l’existence de femelles survivantes dans le noyau béarnais, afin d’empêcher un renforcement de la population d’ours en Pyrénées-Atlantiques.,
Dans une lettre à Nathalie Kosciusko-Morizet, FERUS a dénoncé le projet de rétablissement des crédits de l’Etat au profit de l’IPHB, projet qui est sans doute très peu inspiré par le devenir de l’ours et beaucoup par la perspective d’un débauchage politique au MODEM. Il lui a demandé, en tout cas, d’être extrêmement vigilante et de ne pas signer de chèque en blanc à ce syndicat.
Réintroduire l’IPHB dans le jeu, redonner à son président un rôle dans la conservation de la nature, lui qui a ruiné l’image du parc national des Pyrénées occidentales qu’il a longtemps présidé tout en bataillant farouchement pour ouvrir une grande liaison routière au col du Somport, serait un signal très négatif adressé aux ONG. On aimerait pouvoir dire « à moins que l’IPHB s’engage fermement et de manière irrévocable à réintroduire deux ourses en Béarn d’ici 2009« , mais des engagements semblables ont si souvent été trahis dans le passé….
L’ours a un avenir dans les Pyrénées-Atlantiques, il est simplement nécessaire de privilégier enfin les échanges d’arguments rationnels puis l’action aux discours populistes. Il en va de la crédibilité de la France aux yeux de la communauté naturaliste internationale et de la crédibilité du gouvernement en matière de biodiversité dans la suite logique du Grenelle. Pas d’ourses en Béarn, pas d’argent.