Pas loin de trente boulettes de viande empoisonnées ont été retrouvées dans la vallée Cervara et dans le vallon Lampazzo, une zone de réserve intégrale, et le lieu le plus surveillé de cette aire protégée. Elles étaient probablement destinées à tuer les derniers ours du Parc national des Abruzzes.
« Il s’agit d’une attaque organisée, d’une opération de grande envergure qui révèle une volonté de nuire à l’équilibre de l’un des cinq parcs historiques d’Italie : cela pouvait aboutir à mettre fin au travail entrepris pendant des décennies et consistant à favoriser le retour des ours et des loups sur leur territoire », accuse Aldo Di Benedetto, ex-directeur du Parc et dirigeant de l’Association nationale Pro Natura.
Ce sont les chiens dressés par la Brigade Forestière qui ont évité le massacre des cinquante plantigrades qui, depuis des décennies, sont au centre d’une initiative de repeuplement. Une série de battues a permis de nettoyer les vallées dans lesquelles avaient été déposés les appâts. Le commissaire du Parc Guiseppe Rossi a même assuré que l’effot sera accru de manière systématique pour prévenir des menaces ultérieures. « Nous avons porté plainte auprès du Parquet d’Avezzano : c’est une aggravation de la situation faisant suite à la montée en puissance du braconnage, au pâturage illégal et à l’invasion de véhicules motorisés en zone protégée. »
Déjà en 2007, le Parc des Abruzzes avait subi une offensive similaire : trois ours et deux loups avaient été empoisonnés mais malgré l’alerte et la mobilisation du ministère de l’Environnement, aucun responsable n’avait été identifié. Aujourd’hui, l’attaque se renouvelle mais, pour la première fois, dans la zone de réserve intégrale la plus fréquentée par les ours.
« C’est comme si on avait lancé une bombe à l’intérieur du Colisée : une claque au parc et à tous ceux qui se sont battus pour le retour d’animaux symboles comme le loup et l’ours », observe Paolo Ciucci, enseignant au département de biologie et de biotechnologie de l’université de Rome. « C’est depuis 2004 que nous tenons sous contrôle la population d’ours et que nous avons constaté que l’accroissement était timide. Sur une population de cinquante ours, il y a entre dix et quinze femelles ; chacune met bas tous les trois ou quatre ans. C’est un équilibre extrêmement précaire et cela ne suffit pratiquement pas à en augmenter le seuil. Si en plus, on se met à répandre des boulettes empoisonnées… »
En 2005, le climat était bien différent. Quatre ours du parc étaient devenus des stars : Gemma, Marina, Bernardo et Serena avaient été munis d’un collier radioémetteur et suivis pas à pas par satellite pour étudier leurs habitudes et trouver le meilleur moyen de les protéger. Deux ans plus tard, Bernardo a été empoisonné et aujourd’hui on a voulu recommencer à plus grande échelle. Il y en a à qui le parc ne plaît pas.
Merci à Françoise LEROY pour son aide à la traduction!
- Sources :
– Polpette avvelenate nel Parco d’Abruzzo, volevano sterminare gli ultimi orsi , La Repubblica (4/06/2013)
– Polpette avvelenate nel Parco Nazionale d’Abruzzo: ancora gravi rischi per l’orso, Gaianews (30/05/2013)
- Lire aussi :
– Hécatombe dans les Abruzzes : 12 loups tués en 2 mois (mars 2013)
– Italie : 3 loups braconnés, un ours victime d’une infection virale (janvier 2012)
– Abruzzes : 2 loups et 2 renards retrouvés morts dans le parc de la Majella (décembre 2011)
– Italie : un ours équipé d’un collier-émetteur, un loup braconné, un autre empoisonné (octobre 2011)
– Coup dur dans les Abruzzes : 5 ours et 2 loups trouvés morts (octobre 2007)