On se souvient qu’en France, une brigade loup de dix emplois jeunes a été recrutée par le ministère de l’Environnement depuis 2015 pour notamment mieux tuer des loups, conformément à une politique d’abattage contreproductive dont les quotas ont été arbitrairement fixés par avance pour principalement satisfaire des intérêts électoraux.
En Italie, où l’acceptation du sauvage est beaucoup plus profondément ancrée dans la culture et dans les cœurs, c’est à un phénomène exactement inverse qu’on assiste : dans le cadre du projet européen « Life Wolfalps » (pour la conservation du loup et la coexistence entre le prédateur et les activités économiques traditionnelles), un escadron de 10 détectives (5 hommes aguerris et 5 chiens spécialement entraînés) a été constitué il y a environ deux ans dans le but de traquer les braconniers du loup. La force de leur équipe est basée sur l’amitié ancestrale entre l’homme et le chien (2 bergers malinois, 2 labradors et un grison). L’équipe intervient dans la partie nord-ouest des Alpes italiennes mais une autre brigade existe déjà en Vénétie pour couvrir les Alpes orientales. En cas de déclenchement d’une suspicion de braconnage, l’équipe est aussitôt prête à partir sur la « scène du crime » dans divers coins du Piémont. La patrouille arpente ainsi le territoire à la recherche d’appâts empoisonnés ou de restes d’animaux morts, elle recueille des indices et prend des photographies. Les forestiers et gardiens de parcs nationaux qui la composent formulent ensuite des hypothèses qui sont transmises à la justice. A ce jour, une dizaine d’enquêtes pour empoisonnement a déjà été ouverte.
La traque des auteurs reste cependant complexe car le poison est devenu l’outil privilégié pour certains qui veulent lâchement se débarrasser des loups, voire des ours. Sournois mais efficace, laissant peu de traces, le poison constitue évidemment un grave danger pour la vie des écosystèmes et de l’ensemble des autres animaux sauvages et des végétaux qui les compose. Les toxiques utilisés peuvent être aussi bien du simple raticide en vente libre que des poisons beaucoup plus puissants vendus sur le marché noir. Une carcasse empoisonnée a même été retrouvée à proximité d’une source, ce qui constitue un incroyable danger pour la population.
Article de Stéphane Nataf pour FERUS
Source : Cinque uomini e cinque cani: la squadra di detective che dà la caccia ai killer di lupi (la Stampa)