Des recherches précédentes avaient déjà montré que l’ours polaire (Ursus maritimus) avait hérité d’une partie du patrimoine génétique de l’ours brun. Des travaux scientifiques avaient été réalisés sur l’ADN mitochondrial, c’est à dire la partie maternelle du génome, bagage génétique exclusivement transmis par la mère. Il en était ressorti que l’ancêtre femelle de tous les ours polaires avait vécu il y a environ 14.000 ans sur des îles de l’Alaska.
Une équipe de biologistes, dirigée par Beth Shapiro de la Pennsylvania State University (Etats-Unis), a récemment étudié 242 échantillons d’ADN mitochondrial d’ours bruns et polaires vivant ou fossilisés au cours des 120.000 dernières années dans diverses régions géographiques.
Et après analyse des échantillons, l’équipe a découvert que le génome maternel des ours blancs s’était vraisemblablement « figé », pour acquérir sa forme actuelle, pendant ou juste avant le pic de la dernière période glaciaire, il y a 20.000 à 50.000 ans, sur la côte atlantique du nord de l’Irlande.
Pendant les 500.000 dernières années, les deux espèces d’ours vivaient dans des milieux différents, mais frontaliers. Les limites de leurs territoires se sont certainement déplacées et/ou superposées à plusieurs reprises, en particulier lors des épisodes de réchauffement et de refroidissement. Les deux espèces étaient donc en contact et se seraient allègrement mélangées. Néanmoins, cette population d’ours bruns qui se serait mélangée avec celle des ours polaires s’est éteinte il y a environ 9.000 ans, il ne s’agit donc pas des mêmes ours bruns que ceux vivants aujourd’hui.
«Malgré ces différences, nous savons que les deux espèces ont été croisées de manière opportuniste et à de nombreuses occasions au cours des 100 000 dernières années», explique Beth Shapiro. “Aujourd’hui, on assiste à un changement similaire dans le climat Arctique, avec la fonte des glaces et le recul de la banquise (…) Et une fois de plus, ce changement offre aux ours polaires et bruns l’occasion de partager leur habitat et donc de se croiser”.
Lors de la présentation de leurs résultats dans la revue Current Biology, l’équipe a souligné que maintenant que les chercheurs disposaient d’informations supplémentaires sur la généalogie des ours polaires, les efforts pour leur conservation pourront être mieux ciblés.
Source : « La grand-mère des ours polaires était une ourse brune irlandaise« , AFP (8/07/11)
Lire aussi :
– « Réchauffement climatique : l’ours blanc désavantagé face à l’ours brun » (décembre 2010)
-« Nouveau cas d’hybridation ours polaire/ours brun dans la nature » (mai 2010)